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Jayyous, front ouvert de l'Intifadha
Les affrontements se poursuivent en Cisjordanie
Publié dans El Watan le 25 - 01 - 2009

Ahmed a le coup de poignet vif et précis. Cinq tours lui suffisent pour gifler l'air de sa fronde et donner de l'élan à son projectile, une pierre aux arrêtes saillantes spécialement choisie. A une centaine de mètres de là, un des six soldats israéliens figés sur le toit d'une maison se courbe brutalement avant de disparaître derrière le muret.
La riposte est longue. Une autre silhouette verte et casquée se retourne lourdement, pointe son arme dans plusieurs directions avant de tirer dans les broussailles d'où l'attaque est partie. Sur le flanc opposé de la colline, les enfants éclatent de rire, crient et sifflent en direction d'Ahmed et de ses tireurs qui se sont déjà volatilisés. Pendant que Ghaza se relève des bombardements, les affrontements se poursuivent en Cisjordanie, comme vendredi dernier à Jayyous et dans d'autres villages, où les manifestations contre l'occupation israélienne ont dégénéré. « On entend parler dans les médias de troisième Intifadah, mais qui a dit que la deuxième était terminée ? », ironise un des activistes du village. « A Ramallah, c'est peut-être fini. Mais pas dans les campagnes ». A quinze kilomètres au nord de Qalqilya et à six kilomètres de la ligne verte qui marque la frontière entre Israël et la Cisjordanie, Jayyous résiste encore et toujours à l'occupant. En 2002, les habitants furent les premiers à manifester contre la construction du mur qui les priva de leurs cultures, de leurs pâturages et de leurs puits. Depuis six ans, le village qui vivait à 80% d'agriculture, agonise. « Avant chaque manifestation, nous discutons avec les jeunes pour leur expliquer que la marche a un sens, qu'on n'y vient pas pour tuer le temps mais pour transmettre un message », assure Mohammad, coordinateur jeunesse à l'association Stop the Wall, originaire aussi de Jayyous. « On leur dit aussi que jeter des pierres est une mauvaise idée, car cela encourage les soldats à tirer, à causer des dégâts dans les maisons. Que s'ils restent en vie, cela ennuiera bien plus les Israéliens. Seulement voilà, tous les jours, ils vivent une réalité qui est celle de l'occupation et contre laquelle ils veulent exprimer leur colère. »
Depuis qu'il est levé, Eyas, 9 ans, est agité. Il habite la première maison après « le portail ». Là où le relief ne permet pas de mettre du béton, le mur prend la forme d'une allée clôturée de grillages et de barbelés fermée par deux portails coulissants par où entrent les soldats. La semaine dernière, après la manifestation, les militaires ont tiré dans plusieurs fenêtres des chambres et sont entrés chez lui pour se poster sur le toit où la vue permet de contrôler une bonne partie du village. Vendredi matin, encore en pyjama, il est monté près de l'antenne pour scruter l'arrivée des jeeps israéliennes. Bahjad, son père, sait qu'ils vont revenir. Des voisins sont venus l'aider à fixer des grilles de protection aux fenêtres. « Le Bureau d'administration civile israélien en Cisjordanie (DCO) a appelé le maire de Jayyous », affirme un membre d'une organisation non gouvernementale de Jérusalem venu participer à la marche. L'avertissement a été très clair : si les manifestants essaient de s'approcher du portail, les soldats tireront. Abdallah sourit en coin. « La semaine dernière, ils ont déjà tiré et blessé sept personnes dont Abdallah, qui boite encore », explique un volontaire de Stop the Wall. « Ils ont équipé leurs armes de silencieux et ont tiré des balles enrobées de plastique dur. Cela ne tue pas mais, ça peut sérieusement blesser. Surtout quand ils balancent des cartouches qui contiennent vingt-cinq balles. » Vers 13h, la tension monte en puissance. Sur une vieille Peugeot, deux énormes baffles ont été fixés pour diffuser des chants patriotiques palestiniens. A peine deux cents personnes sont venues au rendez-vous. « Les Israéliens ont tout fait pour tuer la protestation », précise Valentina, une militante. « Je me souviens, il y a environ un mois, tout le monde était sorti : les personnes âgées, les femmes, les enfants. Les soldats ont lancé du gaz lacrymogène pendant au moins cinq heures jusque dans les maisons. Après, ils sont venus dans le village provoquer les enfants qui, bien sûr, leur ont jeté des pierres. Ce qui leur a donné une occasion de plus de lancer du gaz. »
Au bout du chemin, la manifestation se heurte aux jeeps des soldats, stationnées devant la maison de Bahjad. Les militaires déployés et prêts à tirer restent stoïques, malgré la pression. Sur les côtés, des adolescents remontent leur keffieh sur la bouche et le nez et commencent à se jeter des regards entendus, les mains croisées dans le dos, fermées sur leur fronde. Mohammad a compris. Il fait signe aux manifestants de rebrousser chemin. Trop tard. Les projectiles volent, les soldats tirent des bombes lacrymogènes. « C'est un gaz spécial très fort », nous explique Aiden de Stop the Wall, on a l'impression qu'il s'attaque directement à l'estomac et aux yeux de sorte qu'il devient presque impossible de respirer. Mais heureusement le vent est avec nous et va pousser les gaz vers les soldats. » Sur le flanc de la colline et entre les maisons, la guérilla s'organise. Téléphone à la main, les chebab coordonnent leurs mouvements grâce à leurs relais sur l'autre flanc qui leur indiquent la position des soldats trop chargés pour être assez réactifs, trop visibles pour ne pas être atteints, impuissants devant l'invisibilité de l'ennemi.
« Deux à pied, ils arrivent par la gauche, descends, descends, dépêche-toi », crie un des jeunes dans son Nokia. Sans quitter les Israéliens du regard, il nous lance plus calmement : « Si on ne résiste pas, on n'existe pas. Pour chaque pierre jetée, ils tirent et disent qu'ils se défendent. Mais en réalité, c'est nous qui nous défendons. Regardez le soldat, là, sur la droite, il est dans le village alors qu'il n'a pas le droit et il s'assoit, il fait comme chez lui ! » De cette insaisissable présence, l'armée israélienne en aurait aussi beaucoup souffert lors de l'offensive terrestre dans la bande de Ghaza. « C'est une guerre de fantômes », a témoigné le colonel Mikey Sharbit dans Yediot Aharonot. « Nous ne voyons pas les combattants… Ils émergent comme s'ils sortaient de terre. Nous nous déplaçons sur le sol avec l'impression qu'en dessous, une ville souterraine de fantômes se déplace aussi. » Après presque cinq heures de confrontation, les jeunes sont toujours aussi frais. De nouveaux tirs résonnent. « Ce bruit, ça les galvanise », relève Mohammad qui fait le point sur les dégâts. Des blessés côté israélien mais pas du côté palestinien. Des vitres cassées, un système solaire détruit et la maison de Bahjad toujours occupée. Ils vont attendre la nuit pour partir. « Derrière la fumée des gaz, les gratte-ciel de Tel Aviv se dessinent à l'horizon. Il paraît que par temps clair, on peut même voir la mer. »


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