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Ahmed Tessa, pédagogue, à propos des établissements scolaires privés : «L'éducation doit être prémunie des tentations égoïstes»
Publié dans El Watan le 12 - 09 - 2018

Ahmed Tessa est un pédagogue praticien et un ancien normalien. Il a exercé dans tous les cycles du système scolaire algérien. Auteur de nombreuses contributions dans la presse algérienne, il a été consultant dans les radios nationales. Il a publié dans la collection Que faire, en 2010, Le bouquet numérique de la scolarité et en 2014, Pour une éthique éducative au service des élèves, ainsi que L'impossible éradication : l'enseignement du français en Algérie chez Barzakh édition de 2015.

Depuis l'apparition des écoles privées en Algérie, les parents, y compris ceux ayant des revenus moyens, ne cessent de solliciter les services de ces établissements. Qu'est-ce qui fait courir réellement ces parents ?
Cet afflux n'est pas si massif que ça. Ces dernières années, on remarque un effet de vases communicants, y compris dans les grandes villes : beaucoup d'élèves du secteur privé reviennent vers l'école publique. Deux facteurs à l'origine de ce reflux : soit que les parents se sont rendu compte que la différence n'est pas si évidente entre le public et le privé. Ce qui peut provenir d'un regain de confiance avec les dernières mesures prises par le ministère de l'Education nationale (MEN). Soit faute de moyens. Ils n'arrivent pas à suivre la courbe ascendante, d'année en année, des frais et des mensualités. C'est que souvent les propriétaires des ‘'villas/établissements'' louées à des ‘'promoteurs pédagogiques'' tirent ces augmentations vers le haut en dopant le loyer.
L'école publique peut-elle devenir l'école des classes défavorisées ?
Cela n'est pas impossible, mais pas souhaitable pour notre pays. Dans ce cas, cela aura signifié que le laxisme complice s'est généralisé, impliquant dans un même mouvement et le pouvoir politique et l'opposition, ainsi que les parents et la société civile. Cela signifie aussi que tout ce beau monde aura fermé les yeux sur les dysfonctionnements de l'école publique, ses déficits et surtout ses tabous idéologiques qui la ligotent, empêchant son essor et sa modernisation.
Il nous faut combattre le fatalisme ambiant et encourager le MEN à appliquer les recommandations de la première conférence nationale d'évaluation de la réforme organisée en juillet 2015. Les participants ont établi un constat sans complaisance et avancé des recommandations pertinentes. Celles-ci, si elles venaient à être appliquées dans une stabilité retrouvée, pourraient hisser notre école publique au niveau des normes internationales.
C'est un devoir patriotique envers les générations montantes que de soutenir (pas béatement) ces efforts de redressement exigés par le contenu de ces recommandations. Mais soyons réalistes, les fossoyeurs de l'algérianité, opposés à ces recommandations, ne baisseront pas les bras par enchantement. A moins de recourir à l'unique solution qui assurera stabilité et efficacité à notre système scolaire : octroyer le statut de ministère de souveraineté au MEN, à l'instar de la Défense, de la Justice et de l'Intérieur.
L'activité éducative place l'éthique au centre de ses objectifs, tandis que les écoles privées sont régies par la logique commerciale. Quelle est la limite entre l'éthique éducative et l'activité commerciale ?
Il y a des valeurs et des principes que l'on ne saurait monnayer. L'un d'eux est édicté par l'Unesco. Il stipule que «l'éducation – en tant que bien précieux et sensible- ne saurait être confiée aux lois du marché et de la concurrence».Dans toutes ses recommandations, l'Unesco exhorte les pays membres à éviter de transformer l'éducation en marchandise. Que l'appétit lucratif -il n'est pas dit que les parents ne doivent pas débourser de l'argent- vienne à réguler les relations pédagogiques et c'est l'éducation qui en prend un coup. La santé et l'éducation sont des secteurs à prémunir des tentations égoïstes. De leur stabilité et de leur rendement dépend la cohésion et la bonne tenue d'une société.
Nous sommes loin dans la configuration algérienne. Malheureusement. Et la responsabilité de cette confusion entre l'éthique et la marchandisation est à partager entre les ‘'promoteurs pédagogiques'' et le législateur (l'Etat), qui a rédigé le décret officialisant les établissements scolaires privés (en 2004). Ce décret et le cahier des charges d'application ont mis dans le même sac l'ouverture d'un fast-food et celle d'un établissement scolaire privé. Aux dernières nouvelles, un nouveau texte est en voie de finalisation au niveau du ministère de l'Education nationale.
Une information utile. Dans la mère patrie du libéralisme économique, les Etats-Unis, l'aspect lucratif de ce type d'école est fortement combattu par le fisc. Les autorités américaines refusent aux Charter School -dénomination officielle- les aides et les subventions lorsque leurs promoteurs affichent des visées lucratives. Ce qui les pousse à fermer leurs Charter Schools.
Le phénomène des notes gonflées ne cesse de se propager dans certains milieux éducatifs, notamment dans certaines écoles privées, pour attirer les parents soucieux de la réussite de leurs enfants. Ces derniers ne sont-ils pas complices de cet état de fait ? Comment reconnaît-on le niveau réel de son enfant quand on n'est pas pédagogue ?
Concernant la course à la bonne note, quitte à tricher, elle n'est que la face cachée de cette vision de l'école dite sélective/élitiste “à l'algérienne''. Logique de la concurrence/compétition qui fait rage entre élèves, entre familles, entre établissements, entre wilayas, entre communes… Elle est différente de celle de la France à laquelle nous avons emprunté cette logique depuis 1962. Sur ce plan-là, la responsabilité des parents n'est pas en cause. Eux aussi sont victimes de cette logique au même titre que leurs enfants. La note, le classement, ‘'l'examinité'' ne sont que l'aboutissement inévitable du couple infernal bachotage (par l'enseignant) et par-cœurisme par l'élève. On est loin de l'éducation au sens moderne du terme et qui demeure l'objectif stratégique. Le rêve des parents. C'est un des chantiers proposés par la conférence nationale d'évaluation de la réforme.
Le niveau de l'élève ? Des ouvrages et des travaux de recherche par milliers ont jalonné l'histoire de la pédagogie universelle. Une conclusion unanime à ces travaux : jamais les notes ne sont les critères décisifs pour évaluer le réel niveau, pris dans sa globalité. Bien au contraire, la docimologie (science qui étudie les systèmes de notation/examens) vient tordre le cou à cette idée reçue. Un bon élève ? Peut -être celui qui est équilibré, épanoui, bien dans sa peau, qui dort bien, mange bien, s'amuse quand il le faut, fait du sport, écoute de la musique, travaille et fournit des efforts à son rythme, sans se surmener et choisit son orientation selon ses prédispositions et ses vœux.
Et pour d'autres, c'est un forçat des temps modernes. Un robot qui avale, en les mémorisant, des kilomètres de lignes et des distances pour courir les ‘'achats'' de cours clandestins en vue de la bonne note. L'exemple de la Corée du Sud doit interpeller les parents et les autorités : 800 suicides d'élèves et d'étudiants chaque année (statistiques 2012). Avec le Japon, l'Egypte et bientôt…l'Algérie ? Que Dieu nous en préserve !
Quel est l'impact psycho-pédagogique de l'enseignement du double programme (français et algérien) sur les élèves?
Les parents succombent à cette offre alléchante : faire apprendre à leurs enfants le programme français, et ce, pour des raisons dont n'a pas à juger. Mais savent-ils que leur enfant se farcit un double volume de travail que son cerveau ne pourra jamais supporter sans dommage ? Bizarre qu'ils acceptent ce double programme/corvée ou torture : n'ont-ils pas toujours condamné la lourdeur du programme national ? A la longue, chez les enfants soumis à ce régime spartiate, les batteries de la motivation baisseront en intensité.
Et d'ailleurs, certains parents du privé n'hésitent pas à forcer leurs enfants à “acheter” des cours de soutien en supplément. Un ‘'achat'' que l'on croyait imposé aux seuls élèves du public. Encore un comportement bizarre chez cette catégorie de parents. Il est vrai que ces comportements non justifiés émanent d'un souci compréhensible et noble : la réussite de leur enfant. Mais, à quel prix !
Parlons de l'impact culturel. Les contenus culturels de toutes les disciplines scolaires (langues, histoire, mathématiques, etc.) véhiculent des aspects de la culture française qui, calqués tels quels dans les esprits de nos enfants, risquent de les dérouter. D'éminents sociologues ont ciblé les conséquences néfastes de ce calque culturel. Elles vont de la déculturation par rapport à la culture d'origine jusqu'à l'aliénation.
L'idéal aurait été d'adapter ces ouvrages au contexte algérien. Ne retenir que la démarche méthodologique qui a guidé leurs concepteurs et leur donner la touche algérienne pour ne pas déphaser les élèves. Cela aurait nécessité du temps, de l'énergie et surtout du talent pédagogique. Adapter ce n'est pas traduire, c'est opérer une re-création. Sur le plan purement pédagogique, il y a lieu de faire une distinction entre l'enseignement résidentiel et l'enseignement à distance.
L'enseignement à distance procède d'une méthode simple et complexe à la fois. L'éloignement de l'élève par rapport au médiateur, l'enseignant, entrave la communication pédagogique qui conditionne les apprentissages. Dans le cas de ces écoles dites ‘'privées'', l'enseignant algérien a-t-il été formé au programme français dont est issu le manuel en question ?
A-t-il reçu les éléments d'information sous forme de documents d'accompagnement indispensables pour pouvoir lire et comprendre ledit programme ? Ou s'est-il seulement préoccupé de suivre la progression du manuel envoyé à partir de Paris ?


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