Une sacrée union et réunion. Entre la formation française, qui vient de Normandie, La petite Symphonie, et celle allemande, La Clique des Lunaisiens. Une association de bienfaiteurs «frenchy» et teutons ayant présenté La Flûte enchantée de Wolfgang Amadeus Mozart. Le fameux opéra chanté en allemand (singspiel), composé par Mozart sur un livret d'Emanuel Schikaneder, et dont la première représentation a eu lieu le 30 septembre 1791 dans les faubourgs de Vienne, au théâtre de Schikaneder. Et ce, devant une salle bondée et en présence de l'ambassadrice d'Allemagne à Alger, Mme Ulrike Knotz, le conseiller à la coopération et à l'action culturelle et le directeur général de l'Institut français d'Algérie, Grégor Trumel, ainsi que des artistes tels que Lina Borsali, chanteuse de musique arabo-andalouse, et sa manager, Leïla El Kebir. Et contre toute attente, au lieu d'un opéra classique, ce fut une version de concert revisitée à travers une mouture déjantée et surtout contemporaine et actuelle par le metteur en scène Marzorati Arnaud, accompagné de musiciens chevronnés à la rectitude teutonne et à l'élégance française, et ce, sous la direction orchestrale du maestro Daniel Isoir. Et cet opéra de Mozart, La Flûte enchantée, ne ressemble pas à l'original. Sortant des sentiers battus, les musiciens entrent sur scène dissipés, dans une cacophonie générale… Ils protestent en scandant que «tout va mal…les conditions mauvaises…». Ça déménage à tous les étages… de l'Opéra. Les barytons font irruption dans la salle, parmi le public. Les trois comparses, les première, deuxième et troisième dames, des voix (alto, mezzo et soprano) chantant en chœur dans la langue de Goethe, on bâillonne, on bande les yeux, le chef d'orchestre Daniel Isoir pousse même des… «vivats». Un Opéra désopilant Bref, un opéra «manichéen», opposant le mal et le bien, l'amour à la trahison. Où ça fomente, ça trame, on s'assoie par terre, en tailleur, à la manière «zen» du yoga, ça soliloque… Avec un pivot, le conteur, le récitant, Marzorati Arnaud (le metteur en scène), commentant cet opéra mêlant intrigues, convoitises et autres plans durs de la comète. Des opposants et adjuvants, la fameuse «Reine de la nuit», sa fille, Pamina, son prétendant, Tamino, les tourtereaux, Papagena et Papaneno, les trois dames…Un maelstrom frais, chatoyant, interactif, opératique très vivant. Deux heures de spectacle d'une époustouflante et hilarante performance, car il s'agit bien de cela. «Nous sommes une formation qui vient de Normandie, où évoluent des gens qui viennent de Belgique, d'Espagne et même une musicienne argentine. Nous sommes cosmopolites. La petite Symphonie est une idée du chef d'orchestre et pianiste Daniel Isoir, ayant fédéré des gens autour de lui en petites formations, des symphonies de Mozart, des concertos, de la musique de chambre… C'est la première fois que nous venons en Algérie. Moi, je suis très surpris par l'accueil qu'on nous a réservé ici. J'ai trouvé cela formidable. Les gens sont d'une gentillesse extraordinaire, ici…», nous confiera le violoncelliste Mathurin Matharel, membre de La petite Symphonie. C'est sûr, La Flûte enchantée a décoincé les zygomatiques et conquis le public.