Le paysage politique et l'orientation attendue des élections législatives israéliennes de mardi dernier ne connaîtront pas le moindre changement. C'était tout juste une bataille pour le pouvoir et les massacres ordonnés à Ghaza étaient même un élément de cette bataille électorale, puisque l'équipe sortante croyait devoir donner la preuve de son intransigeance à l'électorat lui-même conditionné pour rejeter toute espèce d'ouverture envers les Palestiniens. En termes de voix, le parti Kadima de Tzipi Livni est bien en tête, mais cette dernière sera la perdante, puisque Benjamin Netanyahu, le leader du Likoud, est assuré de devenir Premier ministre. Faute d'alliés politiques, Tzipi Livni n'a aucune chance de former un nouveau gouvernement à ce stade, bien que son parti devance d'un mandat le Likoud. Parce qu'elles connaissent Netanyahu, l'émergence de la droite et de l'extrême droite avec 65 sièges sur les 120 que compte la Knesset fait craindre aux Palestiniens, en plus d'un blocage du processus de paix, un nouvel embrasement dans la région. Kadima a obtenu 28 sièges contre 27 pour le Likoud. Netanyahou, ainsi qu'Avigdor Lieberman, le chef du parti d'extrême droite, Israël Beitenou, devenu avec 15 sièges, la troisième force politique en Israël, ont annoncé, dès l'annonce des premières estimations, tard dans la soirée de mardi, leur intention d'en finir une fois pour toutes avec le mouvement Hamas et de l'éradiquer par la force. Lieberman, un immigrant, un ancien videur de boîtes de nuit en Moldavie, connu pour sa haine envers les Arabes et les Palestiniens en particulier, qu'ils vivent dans les territoires occupés ou qu'ils soient des citoyens israéliens, se place en « faiseur de roi ». « Nous voulons un gouvernement nationaliste. Nous voulons un gouvernement de droite. Nous ne le cachons pas », a déclaré Avigdor Lieberman. « Il est évident que les Israéliens ont voté pour paralyser le processus de paix », a déclaré le négociateur en chef palestinien, Saeb Erekat, un proche du président Mahmoud Abbas. « Les résultats des élections israéliennes indiquent qu'il n'y aura pas en Israël un gouvernement capable de faire ce qui est requis pour parvenir à la paix », a-t-il ajouté. Le porte-parole de Mahmoud Abbas, Nabil Abou Roudeina a, lui, affirmé que l'Autorité palestinienne « ne traiterait pas avec un Premier ministre israélien reniant le processus de paix ». « Il n'y aura pas de retour aux négociations avec Israël s'il ce pays ne gèle pas totalement la colonisation en Cisjordanie », a-t-il ajouté. Pour le porte-parole du Hamas, Faouzi Barhoum, les résultats des législatives « confirment que la société israélienne a viré vers les plus extrémistes et les plus provocateurs de terrorisme et de guerre contre le peuple palestinien », avant d'ajouter : « Nous sommes aujourd'hui en face de trois têtes du terrorisme », sous-entendu Livni, Netanyahou et Lieberman. Quant aux simples citoyens, les civils palestiniens, les principales victimes des guerres israéliennes, à l'image de la plus récente contre la bande de Ghaza, lors de laquelle pas moins de 1350 personnes sont mortes et plus de 5000 ont été blessées, ils sont unanimes à croire que leur souffrance se poursuivra quel que soit le gouvernement israélien en place. Issam, un officier au sein de l'un des anciens services de sécurité de l'Autorité palestinienne dans la bande de Ghaza, a réagi pour El Watan : « Les résultats étaient prévisibles. Les Israéliens votent actuellement pour ceux qui massacrent le plus de Palestiniens. C'est une société qui se retranche derrière des murs, qui a une peur maladive, ce sont des maniaques de sécurité. » Quant à Abou Raji, un chauffeur de taxi, il a déclaré : « Ils sont tous pareils. Vous avez vu ce qu'a fait Livni. C'est une terroriste et une criminelle, elle a tué et blessé des milliers d'enfants et de femmes. Je n'attends rien de ces élections sauf peut-être plus de sang palestinien qui risque de couler très prochainement. »
