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Sur les «chemins» de Charles de Foucauld
Publié dans El Watan le 21 - 02 - 2005

Une trentaine de campeurs ont planté leurs petites tentes bleues, au cœur de l'hiver, dans le renfoncement de l'un des derniers virages qui mène au sommet de l'Assekrem. C'est là, à 80 km au nord-est de Tamanrasset, sur le deuxième plus haut massif du Hoggar, à 2788 m, que le Père Charles de Foucauld a édifié en 1910 le plus reculé de ses ermitages. C'est ici que les trente pèlerins chrétiens, venus de France, ont posé leurs sacs sur les traces de l'une des plus grandes figures de la spiritualité catholique du XXe siècle. Ils sont en tout près de 400 à avoir choisi l'Algérie, en 2004, comme lieu d'accomplissement de leur piété. Une poignée, en comparaison des 142 000 pèlerins recensés par l'Agence nationale française des directions de pèlerinage pour la même année (hors Terre Sainte, Rome, Lourdes, Turquie et Liban). Mais les trente âmes, résolues à affronter les nuits hivernales glaciales du Hoggar, sont encore trop nombreux pour assister à la messe célébrée chaque matin dans la minuscule chapelle de l'Assekrem. L'enceinte, construite avec de la roche locale dans une courbe du chemin qui mène, sur 200 m, au sommet du massif, ne supporte pas les fortes affluences. Ce qui n'empêche pas les Frères de Jésus d'y accueillir tous les visiteurs avec patience et gentillesse. D'autant que les voyageurs font parfois office de facteurs entre Tamanrasset et l'Assekrem, que séparent trois heures de route, six jours de marche et quatre jours de chameau, selon son état de forme. Charles de Foucauld espérait méditer et atteindre la pauvreté absolue, comme Jésus-Christ, dans ce lieu qu'il a choisi pour son éloignement, sa difficulté d'accès et sa rigueur. La pauvreté mise à part, les motivations qui ont poussé les pèlerins jusque-là ne sont pas différentes. «Ce sont surtout des gens qui connaissent le Père de Foucauld et qui sont attirés par le désert, avec toute la dimension spirituelle que cela représente», explique le frère Marcel Daval, accompagnateur avec l'agence Terre Entière. «Il s'agit d'une réflexion personnelle sur soi, à l'écoute de ce que le Christ et Foucauld ont laissé. C'est un acte d'église, sur un lieu de mémoire, pour un retour vers Dieu», complète Laurent Guillon Verne, directeur de TerrAlto, une agence qui a conduit plus de cent personnes en Algérie en 2004. Un «acte d'église» physique sur les pentes du Hoggar, à la découverte de ses mille visages de sable, de rocaille, de galets et de rochers, pour mériter le paysage lunaire et le silence de cathédrale de l'Assekrem. «Pèlerins ou non, le circuit est toujours le même, sans connotation religieuse», précise Nadia Benchareb, dont l'agence Kara-Kara, à Tamanrasset, accompagne les touristes dans leurs méharées. «Le temps de la randonnée varie. Certains veulent faire toute la distance à pied, d'autres choisissent de combiner marche et chameau, d'autres encore font la montée à pied mais la descente en voiture… Nous avons récemment eu des membres de la famille du Père de Foucauld et comme ce sont des personnes un peu âgées, nous sommes montés tranquillement en quinze jours.» Outre un retour sur soi, «ce pèlerinage est aussi un voyage à la rencontre du peuple algérien. Un voyage à la découverte des chrétiens dans un pays musulman et à la recherche des facteurs de paix entre les deux communautés», assure Laurent Guillon Verne. Pour répondre à leurs questionnements, les pèlerins ne trouveront pas meilleur lieu que «la frégate». Charles de Foucauld a ainsi nommé le premier ermitage qu'il a construit dans le Hoggar, à Tamanrasset, en 1905, en raison de sa forme étroite et allongée.
L'enceinte religieuse a été édifiée en argile rouge, sur un terrain vierge, près de l'oued Tamanrasset, où l'évêque n'avait trouvé qu'«une vingtaine de feux». Aujourd'hui, la «frégate» est cachée au cœur de la ville, en plein quartier populaire, entre le coloré marché africain et l'une des plus grandes mosquées de Tamanrasset. Les sœurs de Jésus, qui veillent sur la demeure et accueillent les hôtes depuis une maison voisine, ne cherchent pas à en faire un haut lieu touristique. «Les gens qui viennent sont intéressés par Charles de Foucauld et finissent par trouver», explique une des soeurs, heureuse de questionner les curieux visiteurs sur leur connaissance du religieux français. D'un tour de clé, elle ouvre une porte sur une cour d'une centaine de mètres carrés, délimitée par un mur et vierge de toute construction ou plantation. Seule la «frégate» trône là, l'argile lisse et les angles encore marqués. A l'intérieur comme à l'extérieur, le sable règne en maître. Les trois pièces exiguës, qui se suivent dans ce «long couloir» gagné par le sable, avec leur mobilier primaire, peaux de chèvre, tapis et tabourets en bois, semblent avoir été quittées la veille par l'évêque.Tamanrasset attire et concentre aujourd'hui la quasi-totalité des pèlerins chrétiens, mais c'est à Beni Abbès que l'auteur de Reconnaissance au Maroc s'est d'abord arrêté, en 1901, après son ordination sacerdotale, avec l'espoir de retourner dans le royaume chérifien. Il y a laissé un ermitage aujourd'hui entretenu par deux «familles» de Frères et Sœurs de Jésus.
«Nous y avons envoyé un groupe en février, et il y existe toujours des problèmes de sécurité», explique Laurent Guillon Verne. Reste El Goléa, où Charles de Foucauld a été transporté après sa mort, à Tamanrasset, malgré sa volonté d'être enterré là où il mourra. La beauté de la ville et de sa palmeraie, située à 900 kilomètres au sud d'Alger, attire individuellement les pèlerins. Mais peu d'agences y envoient des groupes. «Essentiellement en raison du manque de structures d'accueil», pense le Père Claude Rault, évêque du Sahara. Le tombeau de l'évêque se trouve dans un petit cimetière d'une trentaine de tombes, près d'une église en pierre ocre, presque rouge, ornée de deux clochers. Situé à une cinquantaine de mètres à l'extérieur de la palmeraie et à une dizaine des premières dunes de l'erg occidental, le site religieux est livré au soleil. Seuls quelques palmiers disséminés autour de l'église, dite Saint-Joseph, la seule du Sahara en tant que monument, avec celle, plus modeste, de Hassi Messaoud, offrent un peu d'ombre aux visiteurs. Son architecture dépareille d'autant plus qu'elle est à l'écart de l'oasis. Le sable vient s'entasser de façon irrégulière sur ses façades, ainsi que sur le muret censé la protéger, et donne à l'ensemble un aspect chancelant plein de charme. «Pour nous agence, c'est un travail colossal que de reproposer l'Algérie à nos groupes», indique le directeur de TerrAlto, pour expliquer la concentration des pèlerins sur Tamanrasset. «On doit toujours rassurer les participants au point de vue sécurité. Certains préféreraient même ne pas s'arrêter à Alger, en direction de Tamanrasset», ajoute le frère Marcel Daval. Le franciscain, «petit frère de Charles de Foucauld», a vécu un an à Touggourt en 1978. Depuis, chaque année, il conduit des groupes de pèlerins en Algérie. «J'ai accompagné le dernier en octobre 1993, avant de reprendre l'année dernière, se souvient-il. Cela repartait bien depuis deux ans, mais les rapts de touristes allemands nous ont ramené à la situation d'avant 1993». Au moment où les agences ont dû trouver de nouvelles destinations – Maroc, Mauritanie -pour ceux que le frère Daval appelle les «chercheurs de sens». Mais «nous n'avons jamais eu de mal à remplir nos groupes, et dès que la situation s'améliorera, les gens reviendront», assure Marcel Daval. D'autant que la béatification du Père de Foucauld annoncée pour le 15 mai prochain risque de donner un coup de projecteur sur la destination. «Il est évident que cela entraînera du monde», estime Laurent Guillon-Verne.
Tout comme l'évêque du Sahara, pour qui «incontestablement, la béatification va attirer l'attention sur le désert algérien. Je crois que ce serait même un plus pour l'Algérie», explique le Père Claude Rault, car la visite des sites et la rencontre des gens, permettraient de porter un autre regard sur l'Algérie. Souvent, celui des médias ne donne pas le meilleur de ce qu'il y a à voir dans ce pays.»


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