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Paul Ricœur, le dernier grand maître
Publié dans El Watan le 29 - 06 - 2005

Sa célébrité est due en premier lieu à ses recherches phénoménologiques et herméneutiques, mais aussi à ses qualités de grand maître de philosophie à l'instar de Jean Wahl et de Jean Hyppolite. Il a enseigné dans plusieurs universités françaises, notamment à la Sorbonne, puis à l'université de Chicago aux USA.
De son vivant, Paul Ricœur a publié plusieurs ouvrages parmi lesquels je peux citer Philosophie de la volonté en deux tomes, Histoire et vérité, De l'interprétation, ainsi que des études consacrées à la Narrativité en trois tomes de Temps et récit. Mais c'est surtout grâce à son ouvrage magistral Le Conflit des interprétations que Paul Ricœur a atteint le summum de sa célébrité.
Néanmoins, il m'est tout particulièrement difficile de présenter cette œuvre gigantesque en un tableau incomplet certes, mais récapitulatif de sa philosophie.
L'itinéraire philosophique de Paul Ricœur est strictement lié à sa personne. Homme généreux, fervent défenseur des droits de la cause humaine, le philosophe de la volonté a traversé un demi-siècle aussi dense, aussi tragique, y participant, y prenant même des coups, mais nullement ébranlé dans son choix d'être un penseur libre, ni d'être un homme tout court au-delà des races et des couleurs.
La pensée de Paul Ricœur est un champ de controverses, car étalée pratiquement sur un demi-siècle. Il est impossible de l'enfermer dans un courant ou une tradition philosophiques aussi importants fussent-ils. C'est ainsi que Paul Ricœur a toujours construit sa réflexion parallèlement et à la fois au travers de la phénoménologie, l'herméneutique, l'éthique, l'analyse épistémologique et la théorie de narrativité, mais sans pour autant négliger l'importance théorique manifeste de l'herméneutique dans sa philosophie, plus du côté de Jaspers et de Gadamer que de Heidegger.
Son herméneutique, depuis l'ontologie grecque, s'articule autour de la question pertinente :
Qu'est-ce comprendre ? Cette question marque chez Ricœur une attention spéciale au texte, englobe à la fois son œuvre d'exégèse biblique et sa démarche de philosophe libre attachée à réfléchir à la présence du sens dans l'écriture et par l'écriture. Ainsi, au fil des jours, un lien organique s'est tissé entre herméneutique et phénoménologie, c'est-à-dire entre le sens et le soi, entre l'intelligibilité et la réflexivité.
La phénoménologie de Husserl a consacré le primat de la conscience de quelque chose sur la conscience de soi, notamment à travers sa découverte fondamentale : l'intentionnalité, ce qui explique cette dense présence lexico-sémantique d'inspiration phénoménologie dans la pensée de Ricœur, une pensée attentive aux différentes manifestations de la vie comme la volonté, la lecture, le texte, le mal, le temps, l'histoire, la vérité, les hommes présents ou disparus, proches ou lointains.
Cependant, il ne serait pas sans intérêt de porter toute l'attention nécessaire sur la portée de l'interprétation dans l'élaboration de la conceptualisation théorique de Paul Ricœur puisqu'il affirme, dès ses premiers écris, que l'interprétation appartient organiquement à la pensée symbolique. Elle a pour tâche de déchiffrer le sens implicite à travers le sens apparent et explicite d'où l'importance de l'expérience vécue dans cette pensée.
L'autre point crucial concerne l'articulation interne entre le symbole et l'interprétation, dont elle dessine les contours du champ herméneutique et explique par là même, ce qui fait la dialectique de la diversité et de l'unité des herméneutiques.
Le symbole pour Ricœur porte en lui, d'une manière prédéterminée, la possibilité de conjuguer plusieurs interprétations. Il est le nœud sémantique et de l'interprétation particulière et de l'interprétation fondamentale. Mais au-delà de cette structure de sens multiple, analysée minutieusement dans Le Conflit des interprétations, Ricœur attribue à la symbolique une valeur philosophique en tant que «lieu d'expression pour une réalité extralinguistique» (1), ce qui signifie que le surcroît de sens n'est pas un vilain défaut du parler humain, au contraire, il renvoie à la plurivocité et l'équivocité de l'être humain, selon Ricœur. Le symbole donne à penser son existence authentiquement, ce qui est déjà significatif dans une première lecture, car il est aussi une tentative d'en thématiser l'universalité par ses contenus spéculatifs implicites comme ceux des mythes.
Le symbole, pour synthétiser, c'est aussi la représentation du passé à travers la mémoire et l'histoire afin d'éviter une éventuelle tombée de l'être dans l'oubli, dans le néant. Enfin, en refusant toute pensée unique en élaborant un cogito attentif à l'homme dans ses errements et ses souffrances, Paul Ricœur est resté tout au long de sa vie à la recherche de l'autre si proche, si lointain pour l'écouter et dialoguer avec lui, mais surtout pour instaurer l'espoir et la joie dans un monde devenu de plus en plus cruel. Donc, après la disparition, parfois dans des conditions tragiques, de ses philosophes les plus prestigieux tels Foucault, Althusser, Derrida, Deleuze, Pierre Bourdieu, voilà que la pensée philosophique française se trouve en deuil pour la énième fois. Mais cette fois-ci le coup est très dur, car Paul Ricœur fut vraiment le dernier grand maître de ladite pensée.
Terminer cet hommage ne saurait se faire sans rendre un autre hommage solennel à l'ami algérien de Paul Ricœur, le grand maître Rabia Mimoun, par devoir de reconnaissance, non moins par mérite. C'est grâce aux précieuses investigations philosophiques de notre maître, que la pensée de Paul Ricœur, simultanément avec celle de Jean Wahl, a pu être introduite dans la sphère des recherches universitaires en Algérie.
D'ailleurs, il y a une nette percée dans cette optique due aux efforts conjugués de ses amis et de ses disciples.
Note de renvoi
(1) P. Ricœur : « le problème du double sens», in
Le Conflit des interprétations :
essai d'herméneutique, Paris, éditions le Seuil, 1969, p. 67.


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