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Une charte contre la démocratie
Publié dans El Watan le 02 - 10 - 2005

La libération nationale a donné naissance à l'Etat algérien, mais elle devait aussi s'accompagner de la libération des individus et garantir le bien-être.
C'est au contraire l'exclusion qui s'est installée au plan politique, social et culturel à laquelle s'ajoute l'entreprise de destruction du potentiel économique du pays, la confiscation de la rente pétrolière et l'ouverture à la prédation dans les années 1980 du patrimoine national qui a été le prélude à une corruption systémique.
Cet autoritarisme, imposé depuis l'indépendance sur fond d'une détresse sociale grandissante et qui a broyé la pluralité de la société dans un unanimisme de façade, a, en éloignant définitivement toute perspective de développement, de liberté et de justice, généré des frustrations qui se sont accumulées au fil des ans et qui ont conduit à une rupture entre la société et le pouvoir.
L'obstination, ensuite, du pouvoir à refuser ou à différer la solution ou encore à bloquer toute évolution vers la démocratie par la manipulation de l'islamisme politique et le recours récurrent à des coups de force, a bouleversé les termes des rapports déjà conflictuels régissant la société et le pouvoir pour finalement sortir du cadre pacifique.
Aussi, rien ni même la charte proposée au référendum ne peut disculper le pouvoir de sa responsabilité d'avoir lui-même créé les conditions sociopolitiques à l'origine de l'irruption de cette violence, dont les conséquences ont été désastreuses pour le pays et pour l'intégrité physique de la population.
Aujourd'hui, la population qui a été confrontée durant plus d'une décennie au plus grand drame de l'histoire de l'Algérie indépendante espère avoir franchi un pas considérable dans la transition devant à terme engager le pays dans la modernité politique, la démocratie et permettre d'entreprendre une reconstruction de l'Etat et de son édifice institutionnel afin d'accomplir son intégration nationale. Hélas, loin de saisir les leçons du passé et en pensant que le succès remporté sur le terrorisme islamiste est à même de ramener la paix, le pouvoir propose une charte qui est en vérité un subterfuge destiné à renverser la situation en sa faveur et un énième coup de force contre les aspirations de la société.
En d'autres termes, il veut par cette charte traduire sur le plan politique le succès militaire qui a heureusement écarté le spectre de l'effondrement de l'Etat comme un retour de la légitimité du régime. Déjà sur la forme, le recours au référendum pour faire agréer son projet par la population tout en faisant impasse sur l'exigence d'un dialogue politique nécessaire pour son élaboration confirme cet état de fait.
L'option pour ce seul processus de participation exprime l'obstination du pouvoir à vouloir nier le pluralisme d'opinion et faire abstraction de la classe politique, dont la place se situe entre la société et l'Etat.
La préoccupation de réhabilitation du régime est en vérité au cœur de ce projet même si ses promoteurs ne prétendent vouloir que restaurer la paix. D'ailleurs, la nature inappropriée des moyens mis en avant pour l'objectif de paix, à savoir l'amnistie et la réparation matérielle, et qui est voué à l'échec, révèle que cette finalité est loin d'être l'aspect essentiel de cette charte dont l'intitulé relève d'une duperie. En réalité, le pouvoir ne cherche qu'à tirer profit du nouveau contexte mondial, né après le 11 septembre 2001, qui l'assure du silence complice de la communauté internationale pour sacrifier, en échange d'une paix hypothétique, l'impératif de vérité et de justice qui menace sa survie.
Les attaques inexpliquées contre des démocrates qui ont du mal à se relever du traumatisme d'une transition avortée, la complaisance assumée à l'égard de l'islamisme politique et la prise en charge des préoccupations idéologiques de ce courant qui tige l'évolution des frontières séparant l'espace privé de la sphère publique, l'évacuation du débat sur la politique linguistique et les manœuvres sournoises visant à intérioriser l'idée de révision de la constitution qui transparaissent dans la campagne pour la charte trahissent ces desseins inavoués du régime.
Aussi, les électeurs appelés à se prononcer sur ce projet de charte, pour ceux d'entre eux qui adhèrent à cette approche pour la paix, cautionneront par leurs votes l'analyse concomitante que fait le pouvoir de la genèse de la crise et de son développement annexée au prétexte d'étayer sa démarche et renforceront la détermination du régime à se perpétuer. Une fois promulguée, cette charte qui aura alors valeur constitutionnelle servira de recours légal pour enfreindre gravement à la liberté d'opinion afin de faire taire l'opposition démocratique et juguler ainsi la menace d'une alternative démocratique pacifique.
Pour nous, la réconciliation nationale ne doit pas être une fin en soi, mais le début d'une ère nouvelle qui doit empêcher le retour à une situation douloureuse. C'est un processus politique globale qui doit s'attaquer aux questions sous-jacentes du conflit, plutôt que de se réduire au traitement des seules conséquences de la crise, et encore moins du seul aspect sécuritaire. La complexité et la lenteur de son processus exigent pour son succès de ne pas céder aux tentations autoritaires. Contrairement à la démarche unilatérale du pouvoir, elle suppose un processus participatif qui, avant d'être agréée par la population, doit inclure par le dialogue politique tous les acteurs de la société au-delà des seuls partis de la coalition gouvernementale et au-delà même des rapports de force factices d'une configuration politique figée. La réconciliation nationale doit ainsi découler d'un choix stratégique important qui est celui de réhabiliter le politique et le débat démocratique. Pour cela, elle exige au préalable de lever l'état d'urgence et les restrictions imposées au développement du pluralisme d'opinion, mais aussi de rompre avec le populisme qui entrave l'émancipation de la population et que symbolise la résurgence du parti unique et de la pensée unique à travers la coalition gouvernementale. La réconciliation nationale, qui est une urgence, est par ailleurs un défi extraordinaire, s'il s'agit d'un changement d'attitude du pouvoir ou du régime pour s'accorder avec les aspirations plurielles de la société, et s'il s'agit d'engager le pays dans la modernité politique et la démocratie. Car, les enjeux réels ne se réduisent pas à de simples questions de pouvoir. En somme, pour une véritable réconciliation nationale, une transition démocratique s'impose pour le pays et elle doit être le moment important d'une démarche contractuelle de concertation pour rétablir la confiance, redonner foi en l'avenir et permettre aux forces démocratiques qui sont à l'état de potentialités de s'organiser et à la classe politique de se reconstruire dans un processus de maturation.


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