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L'architecte des énigmes récurrentes
Publié dans El Watan le 04 - 05 - 2006

Les livres d'Agatha Christie continuent aujourd'hui encore de faire le bonheur des lecteurs avides de son style acéré, de ces intrigues à compartiments multiples qui étaient sa marque de fabrique, cette complexité des trames qu'elle savait tisser et qui étaient toujours sous-tendues par une pesanteur psychologique qui montrait bien que la romancière ne prenait jamais le crime à la légère. Agatha Christie était pleinement, en effet, d'une époque marquée par l'affirmation de la psychanalyse et sa connexion avec les règles d'investigation. D'où la complexité qui caractérise ses personnages souvent issus de la bonne société dont elle provenait aussi et qui basculaient dans le meurtre pour des motivations dont les racines remontent jusqu'à Abel et Caïn. Sa maîtrise exceptionnelle de cet univers en double teinte, où se superposaient les pulsions de vie et de mort, a permis aux romans d'Agatha Christie de se vendre à des dizaines de millions d'exemplaires, au-delà des cent millions d'exemplaires, selon certaines estimations. Agatha Christie, de son vrai nom Agatha Mary Clarissa Miller, est née en 1890. Son enfance et sa jeunesse se sont paisiblement déroulées dans le cocon familial, loin des bruissements ou de l'agitation londonienne. Aghatha Miller fut une provinciale ordinaire que ses parents destinaient à une carrière artistique. Sa mère, Clarissa, espérait faire d'Agatha une cantatrice ou une pianiste. La jeune fille acceptera de se plier à la volonté maternelle sans oser lui avouer qu'elle n'avait pas le tempérament nécessaire à assouvir une telle vocation. A Paris, Agatha est dans l'incapacité de se conformer aux rituels de la formation artistique. C'est une petite anglaise apeurée qui n'en revient pas d'avoir quitté le havre familial. Elle retourne au pas de course chez sa maman. Les années passent, paisibles comme elle les aime. Puis, c'est la Première Guerre mondiale, Agatha vient d'avoir 24 ans. Elle rejoint le front comme infirmière. Et c'est durant ces années que, sans rien calculer, pour meubler ses rares moments de loisirs et pour ne pas céder à l'angoisse, elle se met à écrire. Ce sera sa première œuvre, un roman policier qu'elle intitule Les mystères de l'affaire Styles qui sera publié en 1920. Agatha Miller, qui a choisi de signer Agatha Christie, vient d'avoir trente ans. Elle vient de s'engager sans le savoir, sans l'avoir voulu, sur les sentiers de la gloire. Rude entreprise en effet que de parvenir à la renommée littéraire dans ce genre policier, dominé par deux écrivains d'exception, à savoir Sir Arthur Conan Doyle 1859-1930) et John Buchan (1875-1940) qui étaient parvenus à un niveau d'élaboration quasiment académique. Conan Doyle, c'était bien sûr Sherlock Holmes, détective hors norme, dont l'esprit de déduction rationnelle touche presque au surnaturel. John Buchan s'était imposé comme écrivain majeur avec Les 39 marches roman abyssal, dont l'influence s'étendra jusqu'à nos jours et dont on retrouvera les effets chez des romanciers aussi emblématiques que John Le Carré ou Len Deighton. Alfred Hitchcock qui portera à l'écran Les 39 marches en 1936, période durant laquelle il travaillait encore en Grande-Bretagne. Agatha Christie, elle, n'imaginait pas qu'elle se hisserait au niveau de ce monument de la littérature anglaise qu'était Conan Doyle lorsqu'elle entama sa modeste carrière d'écrivain. Elle a créé le personnage du détective Hercule Poirot, véritable antithèse de Sherlock Holmes, enquêteur cérébral et tourmenté. Hercule Poirot, fin limier belge, est un bonhomme tout en rondeurs et dont la moindre des qualités n'est pas celle d'être débonnaire.
autre figure récurrente de l'œuvre d'Agatha Christie : c'est celle de Miss Marple, détective en jupons, dont la terrible perspicacité vient à bout des énigmes les plus sombres. Agatha Christie, dès le premier livre publié, s'était prise au jeu, par défi autant que par besoin de s'accomplir. L'écriture est pour elle un baume qui allège les plaies de l'existence. Agatha Christie a mal vécu l'échec d'un premier mariage dont elle est sortie diminuée moralement. Son premier mari l'avait abandonnée. Elle se tourne presque totalement vers la littérature qui lui permet de prendre de la distance avec un quotidien sans relief. Les intrigues policières qu'elle bâtit comme des architectures en trompe-l'œil lui donnent aussi l'occasion de dire sa vérité sur un monde qui n'incite pas à l'optimisme. Agatha Christie a mis du temps à se forger cette carapace qui lui donnera un air de statue, lorsqu'elle aura enfin atteint la plénitude de ses moyens. Jeune fille un peu quelconque, effacée même, elle n'a connu que des avanies. La guerre, les déboires conjugaux et sans doute des perspectives bien médiocres s'il n'y avait pas eu ce premier roman. Et puis, alors qu'elle doutait de l'humanité, cette rencontre avec l'homme qui changera sa destinée, Max Mallowan, archéologue qu'elle va épouser et suivre dans ses pérégrinations scientifiques dans les pays du Moyen-Orient. Agatha Christie, changée par le mariage, écrit à un rythme soutenu. Son abondante production comptera, au terme de sa vie, une centaine de titres qui ont suscité le bonheur des lecteurs du monde entier. Il n'est pas possible de citer cette volumineuse œuvre, mais le grand public retiendra d'Agatha Christie des chefs-d'œuvre comme Le crime de l'Orient-Express, Le meurtre de Roger Ackroyd, tous les romans centrés sur le nom d'Hercule Poirot et ce modèle du genre qu'est Dix petits nègres dans lequel la romancière parvient à la quasi perfection dans l'osmose entre la forme et le fond. Il y avait en effet chez Agatha Christie le souci du style, car elle n'ignorait pas que le genre dans lequel elle s'exprimait était d'une exigence absolue.
Elle incarnait très bien cette figure de la mère fondatrice d'une littérature qui proposait vraiment de comprendre les dérives humaines. Cette littérature séduisait, des millions de lecteurs on l'a relevé, car Agatha Christie savait rester dans la convention de l'humour british, distant et cruel comme celui dont fit preuve Alfred Hitchcock à Hollywood. Agatha Christie ne craignait pas d'être une moraliste, car dans l'esprit de son œuvre littéraire, il est hors de question que le crime paye. Devenue cosmopolite du fait de son mariage avec Max Mallowan, Agatha Christie à déployé ses intrigues à l'aune de la géographie. Mort sur le Nil, qui est l'une des adaptations les plus éclatantes de son œuvre littéraire, est exemplaire de la tonalité d'Agatha Christie. Elle sait si bien dépeindre la noirceur des sentiments sous l'élégance factice des apparences.
Hercule Poirot – Agatha Christie en fait- ne s'y trompe jamais. Il traque le crime par devoir moral, devinant de prime abord ce que masquent les assassins. Trente ans après la mort de la romancière, son œuvre continue de connaître un succès phénoménal qui la place en tête des auteurs les plus lus dans le monde.
Sans doute, Agatha Christie n'aurait-elle pas eu la prétention d'atteindre le sommet, elle qui affirmait raconter des histoires très terre à terre. Oui, mais quelles histoires !


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