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Il était une fois l'UNEA (3e partie et fin)
Publié dans El Watan le 22 - 05 - 2006

L'UNEA relata pour l'ensemble de l'opinion publique les discussions et le contenu de l'appel qui mettait en avant l'unité du peuple palestinien autour de toutes ses organisations de lutte dans un esprit d'union.
Kaïd Ahmed entra en fureur, et les responsables du FLN d'Alger furent sermonnés publiquement, il avoua : «Donnez-moi des militants de l'UNEA et je ferai la révolution.» ce qui ne l'empêcha pas de lancer début février une opération visant à dresser l'administration universitaire et pédagogique contre l'UNEA. Il désigne les étudiants boursiers à la vindicte populaire en les traitant de privilégiés, de parasites. Il est vrai que les étudiants boursiers bénéficiaient d'un pécule mensuel équivalent au smig, soit
300 DA.
La réplique de l'UNEA est d'appeler à une grève générale le 2 février 1968.
Kaïd Ahmed envoie des dockers armés de manches de pioche pour intimider les étudiants, Fatima Medjahed est arrêtée ainsi que Mahdi Mahmoud dit Zorba qu'on donna pour mort. Kaïd Ahmed dira qu'il y avait même des étrangers au sein de l'UNEA. Taleb Ahmed, le ministre de l'Enseignement, fait une déclaration à la télévision démentant ce qui a été dit sur Mahmoud. Recherché par la police et les militants du FLN acquis aux méthodes de Kaïd Ahmed, le Comité de section se retira de l'université, chacun devant veiller à ne pas se faire arrêter. Le retentissement international de la grève des étudiants d'Alger étonna Kaïd et Taleb.
Le 7 février, les CNS investissent l'université d'Alger et chargent plusieurs centaines d'étudiants pour les amener au commissariat central…
La plupart furent libérés. Mme Jacqueline Guerroudj, ancienne condamnée à mort, s'est rendue au commissariat central où elle a exigé la libération de ses enfants. J'ai été arrêté le 12 février 1968 au boulevard Victor Hugo, emmené de force au commissariat central où j'y ai trouvé Mahdi Mahmoud, Fatima Medjahed en grève de la faim depuis le 1er jour, Sid Ahmed Chérif, Mustapha Mekidèche arrêté à son travail. Nous avons tous été battus et certains sévices n'avaient pas d'autres mots pour les désigner que torture. Il y avait des policiers qui suivaient un manuel de torture du IIIe Reich.
Vers la fin du mois de février, une délégation d'étudiants fut autorisée à nous rencontrer dans le bureau du commissaire central. La délégation rendit compte aux étudiants de l'état dans lequel nous nous trouvions. Cette visite a été le résultat de la protestation profonde du peuple contre l'arrestation des étudiants. Le 1er mars 1968, nous sommes transférés à la prison d'EI Harrach. Fatima Medjahed et Danielle Sebbar sont ensemble, Mekideche, Sid Ahmed, Mahmoud Mahdi et moi-même serons «logés» à la salle 14 jusqu'au 18 mai1968. Là aussi nous reçûmes une visite d'étudiants et d'étudiantes qui ressortent libres de l'établissement pénitentiaire. Une grève de la faim organisée par les détenus politiques se termina pour les étudiants le jour où ils apprirent l'attentat qui a visé Houari Boumediène. Le 18 mai nous étions libres, le 19 mai au matin, rue Didouche Mourad, pas âme qui vive. Ce sera la seule fois que l'anniversaire de la création de l'UGEMA ne sera pas célébré.
Dans le monde, Mai 1968 restera celui de la révolte étudiante, notamment en France. Au sein de l'UNEA, le renouvellement des générations allait précipiter les changements. De nombreux membres de la section d'Alger allaient quitter l'université. Il fallait déjà penser au renouvellement des structures…
Un nouveau style allait voir le jour. Taleb Ahmed nous demande de participer à la rentrée solennelle de l'université, nous acceptons malgré un été entamé par les arrestations de Djamel Labidi et Djelloul Nacer ainsi que celle d'étudiants militants du FFS.
Les membres du Comité de section présents à Alger, dont Aït Saïd, Athmani, Derradji et moi-même, rédigent un tract d'appel à l'arrêt des tortures, la libération des étudiants et à la solidarité internationale.
Un été lourd malgré les succès.
La rentrée 1968-1969 est donc sous le signe de la normalisation des relations entre les autorités et les étudiants. La cérémonie de la rentrée se déroule dans une atmosphère empreinte de sérénité et d'espoir. L'événement le plus important de l'année 1969 est l'appel sous les drapeaux de la 1re promotion du service national, Omar Lardjane, membre du CS d'Alger, en fait partie.
Le service national a été demandé par l'UNEA au moment de la guerre des «Six jour» en 1967. Mohamed Athmani en a expliqué la nécessité devant les téléspectateurs au cours d'un débat. L'UNEA estimait que le service national serait pour la jeunesse algérienne un ciment aussi fort que l'a été le maquis pour les moudjahidine. Boumediène fera toujours l'éloge du service national de deux ans disant qu'«après le sacrifice suprême accepté par le moudjahid, le tribut de la sueur est consenti par la jeunesse et en particulier les étudiants !»
Encore une crise
Le service national intervient à la fin du premier plan triennal et la préparation du premier plan quadriennal. Le premier a redonné confiance aux cadres sortis de l'université qui se voient confier des missions importantes assorties de primes d'installation, de stages en entreprise à l'étranger, etc. La pensée économique connaît l'idée de «l'industrie industrialisante» et dans la pratique de lancement de grands projets «clés en main».
Un autre phénomène commença son œuvre : les plus brillants étudiants et diplômés délaissèrent la filière de l'enseignement supérieur pour des carrières dans la haute administration et l'industrie. Le principe d'algérianisation du corps professoral souffrira toujours de ces choix…
Au niveau du syndicat étudiant, le renouvellement du comité de section eut lieu au pied de la Bibliothèque universitaire. Je pus enfin essayer de suivre normalement un cursus universitaire. Ce qui restera un rêve…
L'histoire de l'UNEA continua sans nous jusqu'à sa dissolution et au-delà.
Cette étape de la lutte a permis aux étudiants dirigés par le comité de section d'Alger, dont le coordinateur était Zine Sebagh, de faire la preuve de l'art de la lutte syndicale et politique dans une situation de crise.
La crise a été déclenchée encore une fois par Kaïd Ahmed, inquiet des orientations et des actions de Boumediène qui se rapprochaient de plus en plus des aspirations populaires.
L'industrialisation, le service national, la situation internationale créaient une nouvelle dynamique, provoquaient des résistances. Kaïd Ahmed était un homme très intelligent, conscient, féodal conscient de ses valeurs ; il considère les étudiants «comme les bergers du peuple». La démarche de Boumediène impliquait l'élargissement du marché intérieur national, qui ne pouvait exister sans l'accroissement de nombre de travailleurs, l'émancipation de la paysannerie pauvre et sans terre de l'emprise de la féodalité.
La formation de cadres en nombre et en qualité suffisants pour mener à bien ses objectifs, armés idéologiquement pour assumer la décision la plus grave de son gouvernement : la nationalisation des hydrocarbures pour contrôler et augmenter les ressources financières de l'Etat algérien.
La provocation, arme privilégiée de Kaïd Ahmed, eut lieu au moment des congés d'hiver 1970 : des militants du FLN enlèvent des responsables du Comité de section d'Alger, les torturent dans les locaux du FLN. Keddar Berakaï crut devoir son salut en se jetant sous un véhicule garé le long du trottoir devant le restaurant où tout se passait. Il «attrapat» une pneumonie qui l'emporta. Son enterrement fut l'occasion pour Boumediène de se démarquer de Kaïd Ahmed. En effet Slimane Hoffman en personne se rendit à Aïn Defla pour représenter la fraction du pouvoir opposée aux méthodes signalées plus haut.
L'UNEA fut officiellement dissoute en janvier 1971, les étudiants arrêtés, et ceux en clandestinité furent arrachés au FLN et soustraits aux recherches policières en les convoquant au service national. Ils feront partie de la première promotion des officiers de la révolution agraire ou des instructeurs au sein de l'ANP pour la durée du service national.
Cette période du mois de décembre à mars 1971 a montré une grande maturité de l'organisation. Nordine Merabtine, Omar Brixi, T'Fieche étalèrent en ces moments toute la variété de leurs talents de lutteurs intelligents et déterminés. Ses responsables surent battre en retraite en bon ordre sans affolement ni fuite en avant, tout en soutenant la nationalisation du «pétrole rouge». Avec le développement de la mobilisation pour la révolution agraire, la naissance de comités de volontariat et l'émergence de nouveaux dirigeants comme Embarek à Alger, Betina à Constantine, Amine à Oran, la jeunesse algérienne réveilla la campagne, et la paysannerie pauvre jouit pendant quelques années d'être au premier plan de l'information…
Je termine ce témoignage qui n'est pas l'œuvre d'un historien ni même celle d'un militant qui aurait eu le temps de consulter les archives du mouvement étudiant dont les traces existent au niveau de la bibliothèque nationale, des archives nationales. Ce témoignage est un hommage à la jeunesse algérienne de 1954 à 1978. Il est aussi une façon de ne pas douter de la jeunesse actuelle, celle qui sera le peuple de demain.
(*) Membre du Comité de section UNEA d'Alger – 1967-1969


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