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«El Khalifa Bank était une caisse noire»
Publié dans El Watan le 22 - 01 - 2007

Pour lui, «les écarts de la caisse principale ne représentent qu'une goutte d'eau dans un océan». Cumulant plus de quarante ans d'expérience en matière de gestion et plus de trente ans en tant que commissaire aux comptes, puis en tant que consultant, M. Badsi a eu à contrôler de nombreuses sociétés publiques, dont Sonatrach, la BEA, le CPA et la BNA. Après la fin de mission de l'administrateur provisoire, la commission bancaire fait appel à lui, car, dit-il, il répondait «au portrait-robot correspondant à la mission». Sa tâche consiste à faire l'inventaire des biens d'El Khalifa Bank et à réaliser les actifs et les passifs. «Il y a eu des événements douloureux qui se sont greffés à ce drame et le plus grand problème était l'indemnisation des déposants.»
Il fallait donc répondre au plus urgent. Les 200 000 déposants potentiels dont chacun est un drame et à chaque fois que j'en parle j'ai la gorge nouée…», dit-il. Badsi mobilise une équipe de 40 personnes pour entamer sa mission avec l'aide de la société de garantie des fonds. «Nous avons remis 110 000 chèques pour 7 milliards de dinars, ce qui implique tout ce qui est mobilisation de moyens et éviter aussi que des tierces soient payées plus qu'il n'en faut. C'était une tempête terrible, passée difficilement avec l'aide de la Banque d'Algérie, la justice et le ministère des Finances qui nous a permis de recréer un climat de confiance…» Le liquidateur explique que pour réaliser l'actif de la banque, il fallait en premier lieu inventorier les biens, les obligations, et «nous avons découvert que le pays était très loin d'être préparé à un tel sinistre». D'autre part, ajoute Badsi, de l'autre côté de la frontière, précisément en France, des gens qui ne dormaient pas cherchaient à accaparer les biens de deux entités du groupe Khalifa Airways et Khalifa de location de voitures (KRC). «Leurs appétits se sont aiguisés. Ils ont poussé les employés à entamer une action en justice. Le tribunal de Nanterre a réclamé 7 millions d'euros de dommages aux dirigeants puis à la liquidation. N'ayant pas pu les avoir, le tribunal a décidé de la liquidation des deux entités. Nous avons été débouté dans notre action contre cette décision en première et deuxième instances. Alors, nous avons décidé de porter l'affaire devant la Cour européenne contre l'Etat français du fait du flagrant délit. Il est impossible de liquider une société de droit algérien», a-t-il dit. Badsi estime que la justice française n'a pas été loyale du fait qu'elle a transgressé la convention algéro-française en matière de liquidation. Ce gros dossier de contentieux, dit-il, «dont le plus important est en France», concerne également d'autres pays : l'Arabie Saoudite, la Suisse, le Liban et la Grande-Bretagne. Il explique que dans la sphère Khalifa, il y a le cœur qui est la banque, chargée de collecter d'importantes masses d'argent des grandes sociétés publiques et des déposants au titre de placements (bons de caisse), livrets d'épargne, chèques de banque, etc., et les recettes de Khalifa Airways qui ne sont pas forcément rapatriées et sont donc restées à l'étranger à ce jour. «Il y a aussi les acquisitions qui vont du petit micro-ordinateur jusqu'aux avions et hélicoptères de Khalifa Airways et sa petite sœur Eurl Antinéa en passant par le mobilier de bureau pour les agences qui ouvraient à une cadence non conforme à la loi», note le liquidateur avant de revenir au sujet de la banque qui, selon lui, était actionnaire à 50% dans d'autres entités comme Khalifa construction, Khalifa confection, Khalifa informatique alors que dans Khalifa Pharma, elle était représentée à 75%. Ce qui fait dire à l'expert que les procédures en la matière et qui évitent l'abus de biens sociaux n'ont pas été respectées.
– Des dossiers non finalisés
– Ces entités puisaient d'El Khalifa Bank. Rien que Khalifa Airways détenait une créance de 30 milliards de dinars sur la banque. Ce qui saute aux yeux de l'expert quand il voit le détail de la comptabilité de la banque, ce sont les engagements de ces entités, sans qu'ils ne soient portés dans les conventions. Il a fallu mettre sous séquestre pendant une année pour pouvoir piloter la machine et protéger les créanciers de la banque. Cette situation financière a été suivie par la liquidation de toutes les entités de la sphère Khalifa.» M. Badsi précise que d'autres dossiers sont actuellement en cours et n'ont pu être finalisés, citant les cas des transferts de devises vers l'étranger, l'importation des unités de dessalement d'eau de mer, la villa de Cannes et sa contestation contre l'opportunité de la liquidation de Khalifa Airways en France. «J'ai appris dès mon installation que des gens ‘'intelligents'' voulaient à tout prix accaparer les biens de Khalifa, y compris la villa de Cannes, dont nous avons jugé la vente inopportune, mise actuellement sous séquestre. Nous avons préparé une puissante plaidoirie. De gros intérêts sont en jeu. C'est pour vous dire que le dossier est vraiment complexe», déclare M. Badsi et d'affirmer, en se basant sur des documents officiels, non sur l'informel précise-t-il, qu'«El Khalifa Bank était une coquille vide. La substance est partie». Pour lui, la banque a enregistré un passif de 200 milliards de dinars, alors que la liquidation n'a récupéré que 38 milliards de dinars. «Les créanciers sont vraiment à plaindre, mais je ferai tout pour les aider. Il est important de savoir que nous ne pouvons récupérer qu'un maximum de 10% de ce passif, pas plus. Je n'arrive pas à dépasser les 4 milliards de dinars, que l'administrateur a déposés à la Banque d'Algérie et, à l'époque, rien ne présageait la liquidation.» Sur cette question précise, M. Badsi qualifie de contresens le fait de vouloir argumenter le devenir potentiel de la banque. «Comment voulez-vous envisager un autre destin que la liquidation, lorsque vous avez 98 milliards de dinars en compte d'ordre sur un bilan de 129 milliards ?» Il révèle qu'en matière de foncier, il possède quelques biens qu'il ne compte vendre qu'une fois leur valeur sera en hausse. «Je cède ce qui m'encombre comme les micros, les véhicules, les meubles, etc.» Il note cependant avoir eu à affronter des problèmes en matière de récupération des moyens de télécommunication et de cartes magnétiques. «J'ai récupéré une quantité considérable de notes de procédures, au moins 2000, qui ont trait à tous les aspects de la gestion de la banque, ce qui veut dire que celle-ci fonctionnait et les imprimés étaient bien rédigés. Il y avait de la compétence, de la pertinence et de la franchise, de même qu'il y avait un système informatique performant, l'un des meilleurs je dirais, qui fonctionnait à base de données. Mais tout cela a été en adéquation avec les mœurs perverties. Nous avons beau avoir les meilleurs règlements et les meilleurs moyens, lorsque les mœurs sont perverties par la direction, cela ne marche pas.» M. Badsi tente de relativiser la situation en déclarant qu'il a retrouvé 38 millions d'écritures en parfait état.
Le liquidateur explique que même les fournisseurs étrangers ont profité de Khalifa. Il cite l'exemple des avionneurs, qui exigeaient des millions de dollars en caution bancaire, et c'est la banque El Khalifa qui payait et le montant est inscrit hors bilan.
– Les cadres et le colosse
– Ce qui, pour lui, est anormal. «Aujourd'hui, les avionneurs viennent me réclamer le remboursement.» Pour ce qui est de EES, M. Badsi trouve que ce n'est qu'une goutte d'eau dans un océan, comparativement à l'ampleur du drame. Il affirme avoir contrôlé 2,4 millions d'opérations, dont 2,3 millions ont été décortiqués, 40 000 sont sur le point de l'être. Il reste 60 000 qui le seront prochainement. «Il est inadmissible et inacceptable que la comptabilité solde la caisse. Des cas pareils, il y en a eu beaucoup. Quel que soit le risque, les mouvements de capitaux doivent être justifiés», lance-t-il, avant de regretter que dans ces opérations les bénéficiaires ne sont toujours pas connus. Interrogé par le procureur général sur la somme de 375 millions de dinars qui revient dans tous les bilans d'El Khalifa Bank, M. Badsi estime qu'il se pourrait qu'il s'agisse des créances d'El Khalifa Bank vis-à-vis de ses actionnaires pour libérer le ¾ du capital social. «Je peux vous affirmer que j'ai retrouvé un dépôt de 85 millions de dinars de ce capital. Il reste néanmoins un montant de 40 millions de dinars sur les 125 millions de dinars que je n'ai pas retrouvé», répond-il. Le magistrat revient à la charge. «Pourquoi le recours au compte d'ordre ?» Le liquidateur : «Parce que ce sont des opérations malhonnêtes. Quand vous mettez un client insolvable dans un compte d'ordre, vous le faites bénéficier d'une dispense de franchise d'intérêt. Ce ne sont pas toutes les opérations qui sont frauduleuses, mais elles sont nombreuses. Je suis rentré dans les zones d'ombre des 40 000 clients de la banque et j'ai découvert que des milliers d'autorisations de crédit n'ont pas fait l'objet de procédure, alors que celle-ci existe et un comité de crédit existe.»
Sur la question relative au respect ou non des entités par la banque, le liquidateur répond : «Jamais, les filiales ont pris des milliards en facilité de crédit et de financement d'investissements sans jamais faire l'objet de procédure et il en est de même pour le sponsoring qui se faisait hors bilan également.» M. Badsi revient à l'exemple des avionneurs qui louent leurs appareils à Khalifa sous forme de leasing (location-vente) sans s'inquiéter de la capacité financière, le marché qu'il a… etc. «L'avionneur ne veut pas prendre de risques, il réclame une garantie d'une banque, c'est El Khalifa Bank qui la verse, considérée comme caution de premier ordre en cas de risque, il prend non seulement l'avion mais également la caution. J'ai reçu les cinq avionneurs qui à eux seuls constituent 70% du passif d'El Khalifa Bank. L'un d'eux m'a réclamé 60 millions de dollars, je lui ai exigé le titre légal. Je sais qu'il profite de la fragilité du pays pour avoir une indemnisation. Le second m'a demandé 50 millions de dollars, en me disant pourquoi vendre les avions. Il s'est déclaré prêt à revoir sa demande à 500 000 dollars après une longue discussion. Je ne peux en dire plus sur ces dernières du fait de leur confidentialité et des enjeux qu'elles représentent.» Pour Badsi, ce qui est jugé très grave est le fait que 92% des comptes d'ordre ne respectent pas la procédure.
Sur la question du montant du déficit régularisé par les 11 EES, le liquidateur qualifie cette opération par : «Ce n'est qu'un Smig, parce que nous allons trouver de plus importants décaissements injustifiés dont les bénéficiaires sont inconnus». Selon lui, ces EES traduisent une solution à un écart de caisse en discordance avec des données comptables. Pour expliquer ce fait, Badsi révèle qu'il a entre les mains une correspondance signée par le PDG du groupe, menaçant un de ses collaborateurs parce qu'il refusait d'exécuter un ordre. «Que voulez-vous que ces cadres fassent devant un colosse», tout en estimant aberrant, à trois reprises, la régularisation des 11 EES par les responsables. Il note avoir eu des rapports et des correspondances de la Banque d'Algérie concernant les anomalies enregistrées et des explications du PDG de la banque sur ces dernières. A en croire Badsi, les comptes d'ordre sont «le drame algérien, le cancer même», en disant que le compte d'ordre sont les caisses noires dans lesquelles quand on met la main on se pique mortellement. Ce qui suffit pour déclarer la banque invivable. Les avocats quant à eux interrogent Badsi sur sa qualité de liquidateur ou de partie civile. Ce qui engage un débat virulent avec la présidente. «Mes attributions sont la liquidation, je réalise les actifs et les passifs, mais je défends également les intérêts des déposants.» Badsi revient sur les conditions de son travail sous les insultes, les jets de pierres, c'était infernal, mais avec du sérieux nous avons pu rétablir la confiance. Il tarit d'éloges les anciens d'El Khalifa qui l'ont aidé à faire son travail et grâce auxquels il n'aurait, dit-il, jamais pu accéder à certaines informations. Ce qui est jugé par les avocats comme un bon point.


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