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Un grand écrivain
Publié dans El Watan le 07 - 03 - 2007

Mais c'est surtout son regard d'écrivain sur le chemin accompli par l'Algérie dans le sens du progrès et de la démocratie : une presse indépendante et l'éclosion de jeunes talents, à l'image de Yasmina Khadra sous la poussée démocratique de la mondialisation et les libertés qui en résultent dont bénéficie admirablement la langue amazighe portée par un courant qui inscrit son long et difficile combat au cœur de la citoyenneté qui nous intéresse. Et il est évident que c'est son journal qui se serait enrichi de tous ces événements impérissables de nouvelles pages.
A un moindre degré, on pourrait, poursuivant cette supposition, se demander légitimement ce que Mammeri, passant devant la salle Errich où une formidable exposition lui a été consacrée ainsi qu'à son parcours d'écrivain, aurait pensé de cet hommage rendu par la wilaya de Bouira. Se serait-il reconnu dans le portrait dressé de lui par les nombreuses citations tirées de sa propre œuvre (une sorte de Mammeri par lui-même) ou de témoins comme Pierre Bourdieu lui-même. En tout cas, c'est ce portrait haut en couleurs que nous tâcherons de reproduire ici avec ces citations relevées à la hâte, avec plus ou moins de pertinence car les noter toutes en exige plus de temps et certainement plus d'espace. D'ailleurs, comme pour pallier le défaut d'exhaustivité qui devait leur paraître latent, les initiateurs de ce vibrant hommage, dédié à la mémoire de cet immense plume que fut et reste Mouloud Mammeri, avaient programmé une conférence sur sa biographie et un concours de poésie où les 5 meilleurs poèmes seront retenus et primés.
Nous ne le répétons jamais assez : l'œuvre de Mouloud Mammeri né en 1917 et éteint en 1989 est dense et pèse d'un grand poids dans le patrimoine culturel de l'humanité, puisque La colline oubliée et L'Opium et le bâton – pour ne parler que de ces deux grands romans – furent traduits en 11 langues. Autour de la pièce maîtresse de l'œuvre constituée par ces deux maîtres romans, on trouve une pléiade de nouvelles et de contes, publiés chez Plon, Europe, Maspéro ou Bordas, comme La table ronde, La meute, Machaho ; on trouve aussi un précis de grammaire publié à Alger en 1967 et d'autres publications comme Escale, La cité du soleil à la même édition. Cédant au chant des sirènes de l'ethnographie, Mammeri consacre à la littérature orale et kabyle sept ouvrages entre l'essai et la poésie sur une période comprise entre 1969 et 1989, année de sa disparition tragique (Mammeri rentrait du Maroc à bord de son véhicule lorsqu'il percutait un arbre. Une fin à rapprocher de celle de Camus).
Tant de fécondité créatrice et tant de productions ne pourraient laisser indifférent un monde désireux d'honorer partout où il se trouve le génie.
En 1986, soit trois ans avant sa mort, l'auteur de L'Opium et le bâton reçoit à l'université de Nanterre (Paris X) le titre de docteur honoris causa en présence de quelques amis, dont J. Yacine et Pierre Bourdieu. A Paris, il fonde la maison des services de l'homme, le fameux centre d'étude et de recherche d'anthropologie de Méditerranée (Ceram) qui publie la revue Awal.
Un portrait haut en couleurs
A côté des nombreuses photos et textes qui illustrent cette expo, ce petit paragraphe attire l'attention : il est de la main de Mammeri même : «Lorsque j'étais enfant, mon père m'emmenait systématiquement au marché parce que le marché est un lieu de rencontres. Le marché de mon père durait une demi-heure ; le reste du temps, il le consacrait à rencontrer les gens et à rester avec eux. Eux en faisaient autant. Il y avait une entreprise de formation dans le tas à la fois consciente et diffuse».
Nous voilà fixés sur le départ dans la vie du jeune Mammeri dont Pierre Bourdieu, dont il fut l'ami, dira plus tard : «En défendant cette sagesse profonde qui s'est logiquement maintenue envers et contre toutes les dominations et en particulier contre la censure du discours religieux, Mouloud Mammeri était loin de sacrifier à une quelconque nostalgie puissante et régressive. Il avait la conviction de travailler à l'avènement en Algérie d'une démocratie pluraliste soutenue à la différence et capable de faire triompher la parole de l'éclairage national contre le silence buté ou la parole nationale des fermetures politiques et religieuses.»
Le même Bourdieu dira à propos de l'écrivain engagé dans sa lutte pour les valeurs universelles : «Mouloud Mammeri s'est trouvé investi en plusieurs occasions critiques de la confiance de tout un peuple qui se connaissait et se reconnaissait en lui. Le poète, disait Mammeri, est celui qui mobilise le peuple et qui l'éclaire.» A quoi souscrit pleinement Mouloud Mammeri : «Mes points de référence ne sont pas politiques. En tant que romancier, ce qui m'intéresse, c'est le destin de l'homme, sa liberté, sa pleine expression».
D'abord cet intérêt se manifeste devant les atrocités commises à l'époque coloniale : «A chaque page de mon journal (…), la tragédie éclorait d'elle-même.» «Cette grande tragédie» est imputable à «la faute d'un seul grand coupable : le colonialisme» ainsi que le souligne avec vigueur Mammeri dans sa lettre à un Français. Ensuite cet intérêt prend la forme d'une révolte, lorsqu'il est fait fit de la dignité humaine : «Le jour où on est venu nous signifier que nous étions une organisation de masse, j'ai quitté l'union.
Comment peut-on conformer comme des moutons dans un parc des hommes, des femmes qui ont un visage, un nom, un cœur ?»
Cette révolte prend une envolée lyrique à propos de la langue amazighe qu'il s'agit de défendre bec et ongles : «Il n'était pas possible d'accepter de gaieté de cœur que la langue qui avait servi aux guerriers de Jughurta cessa de chanter sur les lieux mêmes de leur combat par la faute de quelques préjugés rétrogrades.» Ignorance, préjugés, inculture, voilà une thématique à la mesure d'une grande plume.


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