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Arts en elles
Publié dans El Watan le 08 - 03 - 2007


– Mustapha Benfodil. Ecrivain, journaliste
1- Je pense que parler d'une œuvre qui «incarne» ou «représente» le «mieux» la femme algérienne, c'est d'emblée s'engouffrer dans une fausse piste. D'abord, parce qu'il n'y a pas «la» femme algérienne mais «des» femmes algériennes. J'ai même envie de dire «des femmes» tout court, tant mon aversion est grande pour les collectivismes de tout bord et les formules généralisantes et totalisantes. Oui. Des femmes. Des prénoms de femmes, chacune avec son vécu propre, ses rêves, ses blessures, bref, son univers. Certes, d'un point de vue sociologique, elles partagent beaucoup de choses. De ces choses qui constitueraient «la condition féminine». Mais il me semble qu'une approche collectiviste nuit gravement à l'art et s'il est une «œuvre» qui se pose comme un discours «de genre», comme un «boat people identitaire», ça serait déjà une œuvre douteuse du point de vue esthétique. Aussi, préférais-je dire qu'il n'y a pas d'œuvre emblématique, exemplaire ou «examplifiante», sinon pondéreuse et simplifiante. Que dans tout travail artistique, qu'il soit littéraire, cinématographique, plastique ou autre, nous sommes censés avoir d'abord affaire à des destins individuels. Des destins de femmes et d'hommes qui errent dans les méandres de leur petite personne à la manière de l'héroïne de Mes mauvaises pensées de Nina Bouraoui.
2- Je ne saurais dire, en termes statistiques, si la femme est plus présente ou moins présente dans le monde des lettres et des arts, comparativement à celui de la politique, du sport, du terrorisme ou des affaires. Certes, par intuition, il est aisé de déduire que les femmes artistes sont plus «visibles» parce que leurs créations le sont (Baya, Assia Djebar, Aïcha Haddad, Hafsa Zinaï Koudil, Maïssa Bey, Souad Massi, Djalila Hadjar Bali et sa formidable association Chrysalide…) Mais, après, qu'est-ce que cela peut bien signifier ? Pour moi, il y a une société d'hommes et de femmes contre une autre société d'hommes et de femmes. La première croit résolument à la liberté (des femmes, des artistes, des syndicalistes, des homosexuels), la seconde n'y croit pas. Voilà toute l'histoire.
– Nacéra Saïdi.Libraire
1- J'ai vu dernièrement une exposition de l'artiste Nourredine Ferroukhi qui exposait avec Amar Bouras à la galerie Isma. Ils ont présenté leurs créations sur le thème des Mille et Une Nuits. Je connais très peu le travail de Ferroukhi, mais j'ai fait là une découverte. Sa représentation de la femme algérienne m'a particulièrement intéressée et touchée. Ses toiles sont pleines de couleurs, de vie, avec des poses lascives, une ambiance conviviale, presque festive. Pourtant, l'artiste arrive en même temps à exprimer la solitude de la femme algérienne.
C'est ce que j'ai vu récemment de plus marquant sur la femme algérienne. Une solitude extrême en fait et c'est, je pense, le vécu d'une femme. Cet artiste a réussi à exprimer cela et même ce qu'il y a autour comme la complexité des rapports entre l'homme et la femme ou la complexité de l'existence en général. C'est parmi les œuvres actuelles celle qui me semble le plus répondre à votre question. Quand je remonte plus loin, je pense à La répudiation de Rachid Boudjedra. C'est dans la littérature, toujours par rapport à la question de la femme, l'œuvre qui m'a le plus marquée par sa violence, sa crudité, la description du poids de la tribu. C'est un roman qui m'avait remuée.
2- Que voulez-vous que je dise de la participation de la femme à la vie culturelle ? Elles sont quasi-absentes. J'ai comme le sentiment qu'on a régressé sur ce plan. Et je dis cela en comparant avec la présence massive des femmes en tant que consommatrices d'art et de culture. Je le vois bien ici, à l'Espace Noun, où, pour toutes les manifestations que nous organisons, que ce soit des lectures de textes, des présentations d'ouvrages, des expositions ou des petites conférences, les femmes sont majoritaires. Elles portent en elles une grande envie d'arts et de culture. Elles en redemandent même.
Ce sont de grandes lectrices aussi. Et quand on voit cet engouement des femmes pour l'art et la littérature et qu'on le compare au nombre de femmes qui produisent de l'art et de la culture, on voit bien le déséquilibre qui règne dans ce domaine et la faiblesse de la participation des femmes algériennes, en tant que productrices artistiques ou culturelles.
A côté, il y a une espèce de médiatisation de certaines femmes dans l'écriture ou d'autres disciplines et cette médiatisation est souvent faussée par une appréciation sexiste des œuvres. Je veux dire que pour la littérature par exemple, on parlera d'écriture féminine ou d'écriture au féminin alors qu'en réalité, on doit apprécier une écriture par rapport à sa qualité et seulement par rapport à cela. Qu'importe normalement que ce soit un homme ou une femme qui crée une œuvre, ce qui compte c'est comment cette œuvre est créée et quel est son contenu, sa forme, sa beauté et son sens.
– Sid Ali Mazif. Cinéaste
1- Comme dans mon travail, j'ai déjà esquissé plusieurs portraits de femmes : Leïla et Mériem dans Leïla et les autres, Houria, et dernièrement Nana Taous, je voudrais plutôt dire quelles sont les femmes qui m'ont inspiré dans ma création artistique et qui incarnent à mes yeux la femme algérienne.
Dans le domaine littéraire, Nedjma de Kateb Yacine est le personnage le plus emblématique, le plus représentatif et le plus fulgurant dans la littérature algérienne contemporaine. Elle a cristallisé, à mon avis, la beauté et le mystère de la femme sublimée, inaccessible, et pourtant adulée. Dans le domaine audiovisuel, le personnage de la mère Lla Aïni dans l'Incendie de Mustapha Badie incarne celui de la femme courageuse combative, qui, malgré la précarité de sa situation et les souffrances de la guerre, a su garder toute sa dignité face à l'agressivité de la société coloniale. C'est une femme admirable représentant la mère que tous les Algériens souhaiteraient avoir. Dans le domaine musical, Taous Amrouche, par sa voix sublime et ses chants tirés du patrimoine culturel algérien, est celle qui m'a charmé et envoûté. Elle a chanté la vie et la grande solitude des femmes dans une société impitoyable. Enfin, dans le domaine de la peinture, Baya avec ses femmes-oiseaux et ses femmes-fleurs, ses couleurs flamboyantes, son univers féérique et magique a su me faire rêver et transporter dans un monde merveilleux et irréel certes, mais tellement beau qu'il permet à l'imagination de se libérer des contingences matérielles. La femme, c'est l'étoile inaccessible et pourtant proche, lumineuse la nuit et invisible le jour. C'est Nedjma, la femme éternelle…
2- Comment oublier ces jeunes femmes admirables, figures de la lutte nationale pour l'Indépendance que sont : Mériem Benmihoub, Zhor Zerari, Nassima Hablal, Boubacha, Bouattoura, Bouhired et tant d'autres connues ou anonymes qui ont fait le sacrifice de leur vie. Aujourd'hui, d'autres femmes reprennent le flambeau pour d'autres luttes, d'autres aspirations, Leïla Aslaoui. Louisa Hannoune sont des figures exemplaires de cette nouvelle génération de femmes. Les luttes futures porteront sur les droits économiques, l'accès à l'emploi rémunéré, le droit de disposer librement de sa personne, de son corps. La liste est encore longue des conquêtes à réaliser pour faire de la femme l'égale de l'homme, car chacun de nous a droit au respect. Il nous appartient, de par notre volonté et notre mobilisation, de concrétiser ces aspirations dans une Algérie où les citoyens —hommes et femmes — vivraient libres et égaux.
– Beheidja Rahal. Chanteuse d'andalou
1- Il y a une œuvre qui a particulièrement attiré mon attention de ce point de vue. Il s'agit d'un court métrage de fiction sorti en 2005 et réalisé par Fatma-Zohra Zamoum, La pelote de laine qui décrit l'univers d'une femme enfermée par son mari et qui, malgré cela, trouvera le moyen de communiquer avec l'extérieur. C'est un hommage à la femme algérienne réprimée qui continue à se battre. Ce n'est certes pas la plus belle image mais elle représente, malheureusement, l'image actuelle de milliers de femmes qui sont nos sœurs, nos voisines, nos cousines mais pour qui le statut de la femme n'a encore rien décidé.
2- La participation culturelle et artistique des femmes ne se distingue pas particulièrement par rapport au autres domaines. Aujourd'hui, la femme algérienne est juge, avocate, ministre, rectaice d'université, commissaire, chef d'entreprise… Sauf que pour le moment, nous sommes encore dans une société d'hommes et c'est pour cela que nous ne la retrouvons pas souvent à des postes très importants.
– Akila Mouhoubi. Artiste plasticienne
1- Pour la littérature algérienne, je répondrai sans hésiter Nedjma de Kateb Yacine. Il y a quelque chose de grandiose dans cette ambigüité entre l'amour impossible d'une femme et un pays. Et quand je dis impossible, c'est dans le sens où l'on se retrouve devant une «chose» (le mot n'est pas adéquat, je sais) que l'on n'arrive pas à toucher, à saisir et même à décrire simplement et qu'on est amené donc à idéaliser. Mais ce qu'il y a d'extraordinaire, c'est que cet idéal insaisissable est aussi une réalité, car elle existe en nous, uniquement en nous mais en étant là, bien présent et ancré. D'ailleurs, il m'est très difficile de dépeindre en paroles ou par écrit ce que je veux exprimer à ce propos. Il y a aussi un film où je trouve les femmes très belles, c'est Viva Laldjerie de Nadir Moknache, belles dans toutes les situations que peuvent vivre les femmes algériennes actuellement.
2- Je pense que la participation de la femme algérienne à la production culturelle et à la vie artistique nationale se situe au même niveau qu'en politique, c'est-à-dire inexistante ou insignifiante. C'est d'autant plus préoccupant que je trouve que la production culturelle et la vie artistique nationale en général sont loin d'être importantes. Alors, la femme dans notre culture et les arts me paraît comme pas grand-chose dans un secteur qui lui-même n'est pas grand-chose. C'est triste, mais c'est ainsi.


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