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Voyageur éclairé, explorateur infatigable«
Seddik Taouti. Voyageur, sociologue, écrivain, explorateur
Publié dans El Watan le 23 - 04 - 2009


Qui s'instruit sans agir, laboure sans semer. »
Proverbe arabe
C'était un singulier personnage, bardé de certitudes, curieux des êtres et des choses qui a consacré toute sa vie au service d'autrui. « Il a vécu sous terre, sur terre et dans les airs. »
Cette métaphore, malicieusement lâchée par son fils Mustapha Kamal, résume parfaitement tout le parcours passionnant et exceptionnel de Seddik Taouti militant, commis de l'Etat, sociologue, explorateur, dont le nom restera à jamais attaché à la découverte des exilés algériens du bout du monde, arrière-petits-fils de déportés de Nouvelle-Calédonie. « C'est à Seddik Taouti que les Algériens de Nouvelle-Calédonie doivent d'être connus de l'Algérie, c'est encore à lui que l'on doit d'avoir retrouvé pour certains déjà nos familles algériennes. C'est à lui que nous devons d'avoir retrouvé le lieu de naissance de nos pères, grands-pères ou arrières-grands-pères. Aujourd'hui, grâce à lui, nous avons retrouvé nos racines, nous savons d'où nous venons », relève-t-on dans le témoignage pathétique de Aïfa Taïeb, maire de Bourail, l'une des principales villes de Nouvelle-Calédonie, qui n'hésite pas à qualifier notre explorateur de « Christophe Colomb » algérien qui a permis la réhabilitation des familles écartelées, délaissées, de renouer avec leur identité et leur religion. Une religion qui n'est pas toujours pratiquée de la meilleure manière qui soit. L'un des « Calédoniens » venus en Algérie a montré son inquiétude quant aux déviations subies qui mettent les fidèles dans une position de repli. A Bourail, soutient-il, l'imam qui préside aux destinées de la mosquée qui porte le nom de Hadj Taouti, « est un hindou qui prône le rite wahabite peu éclairé et peu tolérant. Aucun effort n'est fait pour remédier à cette situation », s'est-il plaint. Les proches de Seddik rapportent que toute sa vie a été un combat. Autant l'homme était discret et humble, autant ses œuvres étaient grandioses.
Un homme de foi
Le travail qu'il a fait en Afrique subsaharienne est digne d'éloges. Là, il a aidé les jeunes Etats nouvellement indépendants à introduire la langue arabe et à renforcer leur Islam, surtout que la plupart de ces pays sont d'obédience tidjaniste et Seddik, de par ses origines, en était un. Il avait une aura. Il a fait un travail en profondeur dans le continent noir d'une grande portée. Il l'a de nouveau accompli en Nouvelle-Calédonie. En tant qu'explorateur, il a fait une rétrospective de l'histoire de l'Algérie à la recherche de révolutionnaires algériens bannis, comme El Mokrani, cheïkh El Hadad et d'autres. Il a réussi à redonner à leurs descendants « francisés », par le glaive et le mensonge, leur véritable identité ; il a réussi —et la série de notre ami le réalisateur Saïd Oulmi le montre bien—, à renouer les liens avec les familles d'origine. Il fallait voir l'intensité des retrouvailles à Bordj Bou Arréridj, à Medjana ou à Ounougha d'une grande densité émotionnelle. A lui seul, Seddik a joué le rôle de plusieurs institutions. Avec lui, il faut le dire, la falsification de l'histoire a reçu un rude coup. Et puis, pour ceux qui l'oublient, Seddik a été l'un des précurseurs de la finance islamique. Dans ce registre, qui mieux que Hamid Al Ghâbid, ancien chef de gouvernement nigérien et ex-patron de la Banque islamique pour évoquer les mérites de son ami Seddik : « Esprit curieux porté à la recherche, à la réflexion, pragmatique. Il a travaillé sur une thèse de doctorat en orientant ses recherches sur le système bancaire conforme à la charia ». L'interdiction du ‘‘Ribâ'' étant sans appel, il restait à appliquer les techniques de la ‘‘Moudharaba'' et de la ‘‘Mousharraka'' pour les opérations de la banque. Taouti a totalement réussi, car lorsqu'il s'intéresse à un domaine il s'y investit complètement avec passion, détermination et patience ». A l'heure où le capitalisme mafieux et effréné décline dangereusement, cela donne à réfléchir ! De Tombouctou à Kuala Lampur, de Cotonou à Nouméa en passant par La Mecque, Seddik a été incontestablement ce voyageur éclairé, cet explorateur infatigable. En Nouvelle-Calédonie, il a été à la découverte des descendants de Aziz et M'hamed Bencheïkh El Hadad de la confrérie Rahmania de Seddouk, de Mokrani et Boumezrag de Medjana et tous les déportés de 1871.Taouti Seddik est né le 5 février 1924 à Laghouat, descendant de la lignée d'El Hadj Abderrahmane El Figuigui El Gharbi, établie dans cette partie régionale du sud du pays. Sa mère, Bedj Fatna, décède alors qu'il n'avait qu'un an. Son père le confie à sa belle-mère Kheïra. En 1926, son père part chercher du travail en France. C'est sa grand-mère, remariée depuis peu avec Ziane Benziregue, qui va l'adopter, l'élever et prendre en charge son éducation et ses études primaires au quartier Dalaâ de Laghouat jusqu'en 1938, où il est admis à un concours à l'école coloniale de l'industrie à Dellys, cursus qui sera couronné par un diplôme en 1940. Seddik s'est très tôt intéressé aux activités scoutes, encouragé par Hadj Aïssa Boubaker, président du Nadi Ouléma, sous la haute direction de l'élite locale composée de Hedroug Mimouni, Abdelkader Djelfaoui, Si Ahmed Benabderahmane. L'émergence du mouvement à Laghouat, dès 1938, porte son empreinte après qu'un groupe de passionnés, dont Seddik, eurent pris contact avec Mohamed Bouras, fondateur des SMA, pour en connaître les conditions d'adhésion et la nature des activités, « souvent paramilitaires. Pionnier du scoutisme à Laghouat, c'est cette vocation qui favorisera l'implication de Seddik dans le mouvement national qui lui vaudra d'être arrêté et emprisonné en 1941 avec neuf autres compagnons », nous dit son fils Mustapha Kamal. Libéré, il a quitté Laghouat fin 1942 pour se retrouver à Kenadsa près de Béchar pour occuper le poste de secrétaire des affaires sahariennes. En août 1942, il célèbre chez le « m'rabet » Si Abderrahmane Laâredj au ksar de la zaouïa, son mariage avec Djilali Halima, fille d'une grande famille bourgeoise de Mostaganem, avec laquelle il assurera une descendance de 3 générations avec 11 enfants, 25 petits-enfants et 11 arrière-petits-enfants.
Infatigable voyageur
En 1947, il est embauché dans la mine de charbon aux Houillères du sud oranais (HSO) où il a servi dans plusieurs postes (gueule noire, porion, chef de poste). Il quitte Kenadsa en 1956, suite aux investigations sur son cousin Bachir, arrêté en avril de la même année, et qui tombera au champ d'honneur quelques jours après. Seddik sur décision du commandement FLN/ALN, est affecté au Maroc où il est tour à tour chef de cellule, chef de groupe responsable de la Nahia IV au sein de l'OCFLN à Khouribga. A l'indépendance, Seddik est cadre au ministère de l'Orientation nationale en juin 1965, il est désigné chef de département administration au secrétariat exécutif au FLN jusqu'au 1968, où il est nommé président de la Cour spéciale de répression des infractions économiques à Alger de juin 1966 jusqu'à décembre 1973, date de dissolution de cette juridiction d'exception. Il assurera par la suite les fonctions de directeur de l'administration générale et celle de directeur de l'éducation agricole puis cadre au ministère des Finances. Seddik est à l'origine de la création de l'ITA de Mostaganem, témoigne son ami de classe Mohamed Abdelaziz, cadre supérieur du secteur. Il obtient en 1974 à Paris un diplôme de l'Ecole pratique des hautes études et en juillet 1978 un doctorat 3e cycle en sociologie. Entre-temps, il est nommé directeur exécutif de la Banque islamique de développement à Djeddah, institution internationale bancaire, dont il est membre fondateur. Il prend sa retraite en 1981. Mais sollicité, il reprend du service en qualité de conseiller puis d'assistant du président de la BID, chargé des missions spéciales auprès de 180 pays où il s'occupera des minorités musulmanes. C'est à ce titre d'ailleurs qu'il sillonnera le monde pour rehausser l'Islam, surtout dans les contrées ou il est brimé.
Un apport inestimable
« Moi, qui travaille dans une agence aérienne, j'ai visité à peu près 60 pays de par le monde, mon père en a visité le double. Sa fonction à la BID l'y a encouragé », relève Mustapha, ancien goal emérite du CRB et cadre à Air Algérie. C'est d'ailleurs lors d'une de ses missions au Cambodge que Seddik s'est enquis des déplorables conditions dans lesquelles vivaient perscutés dans ce pays les musulmans de l'ethnie Tcham, dont les représentants sont venus se plaindre aux dirigeants de l'OCI, réunis à Kula Lampur. Seddik, suite à ses investigations, saura que cette ethnie musulmane combodgienne a été decimée. Pol Pot est passé par là. De 700 000, elle a chuté à 190 000. Le meilleur testament qu'El Hadj nous a laissé, au moment où le rôle positif de la colonisation est mis en avant, est d'avoir ébranlé certaines consciences, écrit son ami Nazef. A sa manière, il aura eu l'infini mérite d'avoir interpellé et surtout secoué des consciences. Infatigable, il nous quitte sans omettre de nous délivrer un immense message, celui de ne pas oublier ces Algériens qui ont failli être des reclus de l'Histoire après avoir été exclus par la bêtise humaine. Le présent se dégrade d'abord en histoire et puis en nostalgie. La vieillesse, dit-on, c'est lorsqu'on perd la curiosité et dans ce registre Seddik, qui aimait les grands espaces, n'était pas un vieux. Avec sa mentalité d'éternel jeune, il nous rapporte sans fards que ce qui l'avait singulièrement frappé dans le continent noir. Les Africains vivent l'Islam pleinement avec leur cœur. Il avait raconté cette anecdote, montrant leur profond attachement au Coran : « Il y avait une pratique chez eux : quand un enfant venait au monde, on allait tout de suite chercher le prénom en ouvrant au hasard le Livre Saint. Aussi en est-il de Lamizana, président du Bénin qui tire son prénom de Sourate Errahmane ‘‘On a élevé les cieux et établi la balance'' (El Mizana). Seddik a écrit de nombreux livres mais il aimait répéter : « J'ai fait un peu de bien, c'est mon meilleur ouvrage. » Au premier voyage, on découvre, au second, on s'enrichit, nous enseigne la vieille sagesse populaire targuie. Combien d'homme illustres, auteurs d'œuvres phénoménales sont dans l'oubli ! Ce modeste clin d'œil permet de les rappeler à notre bon souvenir. Mais un travail colossal est à faire pour revisiter l'Histoire et leur donner la place priviligiée qu'ils méritent dans le cœur des hommes...
PARCOURS
Seddik est né le 5 février 1924 à Laghouat. Après des études primaires dans sa ville natale, il part à Dellys, où il décroche un diplôme à l'Ecole coloniale de l'industrie. Il aide son père vendeur de cycles, avant d'aller travailler dans les mines à Kenadsa. Militant dans la Wilaya V, il sera haut fonctionnaire après l'indépendance. Docteur en sociologie, il est fondateur de la Banque islamique de développement basée à Djeddah. Seddik fera plusieurs voyages en Afrique, en Asie du Sud pour s'enquérir des minorités musulmanes en apportant l'aide financière attendue. Parallèlement, il s'est consacré à l'écriture Les crimes économiques, ENAP 1975, Vers un système bancaire conforme à la chariaa, Opu 1986, Les Déportés algériens en Nouvelle-Calédonie, Dar El Ouma 1995 et Les Musulmans du Sud-Est de l'Asie Dar El Ouma 1995. Notamment sa vie est couronnée avec Les Témoins de la mémoire, film de huit épisodes réalisé par Saïd Oulmi. El Hadj Seddik est décédé le 28 novembre 2005, à l'âge de 81 ans


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