L'essentiel des commodités et infrastructures dont bénéficient les habitants de cette région se concentre presque exclusivement au niveau de la ville de Sidi Naâmane. Cette situation pénalise tout particulièrement les écoliers, les collégiens, les lycéens, mais aussi les stagiaires de la formation professionnelle qui habitent des mechtas éloignées et qui doivent faire quotidiennement entre sept à vingt kilomètres pour rejoindre leurs établissements respectifs. Au calvaire du manque de moyens de transport vécu au quotidien, vient s'ajouter la quasi absence de commodités dans les différentes structures d'enseignement qui les accueillent. L'exemple qui illustre le mieux cette situation est la section du CFPA d'El Omaria à Sidi Naâmane, laquelle ne jouit même pas de statut d'annexe. Assurant des formations professionnelles pour quelque 146 stagiaires de niveau 1 et 2, cet établissement végète misérablement, sans statut clair depuis 2004, avons-nous appris de son directeur par intérim, Saïd B. « Dans le cadre des nouvelles orientations du secteur de la formation professionnelle visant à rapprocher ce secteur du citoyen, il y a eu, en 2002, la création de cette section » , nous dira-t-il avant d'ajouter : « Nous n'avons pas les pleins pouvoirs pour gérer cet établissement dont les stagiaires sont pourtant motivés. Cette situation a fait aussi que l'action pédagogique dans cet établissement de rattachement soit assurée presque à 100% par des vacataires ou de jeunes enseignants embauchés dans le cadre du filet social. Nous avons à maintes fois demandé des postes budgétaires, du moins les plus nécessaires pour le bon fonctionnement de l'établissement, mais le maître mot pour maintenir la ‘‘machine'' en marche semble être la patience. » Par ailleurs, le climat est très rude en hiver dans cette région et les stagiaires souffrent le martyre du fait du manque de chauffage. Dans ce contexte, il convient aussi de signaler que la région de Sidi Naâmane et d'El Omaria, qui comptent plus de 40 000 habitants, ne sont pas encore raccordées au réseau du gaz naturel. Des familles démunies L'établissement en question manque aussi d'une cantine, alors que la plupart des stagiaires appartiennent à des familles démunies. Ce faisant, la dotation de cet établissement d'une cantine est, selon le directeur intérimaire, une nécessité absolue qu'exige même la situation socio-économique fragile des habitants de cette région du Tell. Selon les propos de notre interlocuteur, la promotion de cet établissement au rang d'une annexe ou, dans un cas idéal, d'un CFPA indépendant, permettra de sortir de cette situation et d'intégrer cette structure de formation au rang qui lui revient de droit au vu les résultats enregistrés. Pour enseigne, l'établissement en question assure plusieurs spécialités : coiffure, prêt-à-porter, soudure et garniture auto, qui constituent l'apanage de Sidi Naâmane au niveau de toute la wilaya de Médéa. Réputé pour son expérience dans le domaine de la garniture auto depuis presque 30 ans, le responsable intérimaire essaye de léguer les bonnes techniques à ses stagiaires. « Il s'agit de la seule section garniture auto dans toute la wilaya de Médéa. Les stagiaires viennent de Berrouaghia, Bouchrahil, Khams Djouamaâ… Nous assurons un régime résidentiel et ces stagiaires sont tous des externes. Ils font pour certains 30 km à l'aller et 30 au retour », explique notre interlocuteur. Les femmes au foyer ne sont pas en reste. Des cours d'alphabétisation, de couture leur sont destinés. Comme quoi, cet établissement joue un rôle important dans le développement local. Dans cette région rurale des plus isolées du Tell, les doigts de fée ne sont pas rares. Une vieille femme, qui n'a jamais bénéficié d'une quelconque formation a, selon les propos de Saïd B, émerveillé tout le monde lors de la dernière Olympiade de la formation professionnelle dans son édition régionale centre, quand elle a exposé une robe qu'elle a confectionnée avec les moyens du bord. Pour l'instant, tant que les promesses existent, de l'espoir persiste pour motiver ces stagiaires qui, grelottant de froid en hiver, le ventre creux toute la journée, continuent quand même de donner vie à cet établissement qui tourne avec des vacataires payés à l'heure, des travailleurs recrutés dans le cadre du filet social et qui perçoivent 3000 DA par mois, en sus des retards des « salaires ». Les ambitieux programmes concernant le développement de la formation professionnelle en Algérie ne semblent pas avoir pris la mesure de la section de Sidi Naâmane.
