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Paroles de femmes : l'écriture féminine (2e partie et fin)
Publié dans El Watan le 10 - 01 - 2008

Son époux refuse, dans un premier temps, d'obéir à l'injonction de son épouse qui lui dit : «Ou l'on croira que je ne suis pas vierge, ou on pensera que tu es impuissant». Le jeune ingénieur cède devant un tel dilemme et se rend coupable, aux yeux de son épouse, d'un «viol légalisé». Le mariage est voué à l'échec. C'est auprès de Aïcha la conteuse qu'ils réussissent, grâce aux vertus de l'écoute et du dialogue, à avouer tout ce qu'ils ont refoulé depuis l'enfance. Farida n'aime pas son corps depuis que son père l'a souillé de ses attouchements incestueux.
Le jeune ingénieur se rappelle que sa jeune sœur, qui n'est jamais sortie de la maison, est morte des suites d'un avortement : elle aussi a été violée par son père.
La réconciliation des époux ne peut se réaliser que sous la puissante impulsion de ce que B. Didier appelle «l'infini du désir», car l'expression du corps féminin est impérieuse, du fait de ses divers refoulements. C'est Farida qui, longtemps soumise à la morale bourgeoise de sa famille, choisit et impose à son époux l'endroit où elle veut le reconquérir, réaliser «sa» nuit de noces : au bord d'une route, loin de la ville, en pleine nature. L'on peut y voir là une volonté de se réconcilier avec un corps qu'elle a longtemps rejeté parce que ses parents l'ont considéré comme un bien précieux à monnayer pour un bon mariage… Désormais, le point de non-retour est annoncé par la jeune femme : «Farida s'est arrêtée : à son regard, je comprends qu'elle ne reculera plus jamais., constate le jeune ingénieur, à la fois ébahi et subjugué. (p. 149). L'affrontement est inévitable, les deux époux se livrent à un corps à corps qui contraste avec celui de la nuit de noces, la nuit du «viol légalisé». Le jeune ingénieur connaît désormais les limites à ne pas franchir et c'est Farida qui mène le combat, le défiant :
«Farida se bat, elle est plus forte que je ne le croyais, je veux la rejoindre coûte que coûte. (…) Sans faire un pas en arrière, elle défend les dernières pièces de son habillement. (…) Elle se retire d'un bond, entièrement encolérée ! La lumière baisse dans les champs. Du fond de sa rage, elle me ressemble tellement que je m'arrête, je la regarde stupéfait : nue, au bord de la route, je la découvre soudain proche, forte, belle, hautaine, puissante ! Je la regarde, elle me défie.
«Là, dit-elle, au bord de la route ! » (p p 149-150).
Le lieu peut paraître insolite, il n'en est pas moins hautement symbolique et acteur-adjuvant lui-même. Notons l'injonction et le défi de Farida dans le choix du lieu où elle veut que son époux et elle se retrouvent, loin de leur clan, de la convention sociale qui les ont tenus longtemps prisonniers. «Le terrain moissonné», symbole de renouveau, s'allie aux couleurs flamboyantes de l'automne naissant, «frissonnant» de vie, comme le corps de Farida.
Le coucher du soleil accentue les contrastes : le face-à-face commence avec un crépuscule qui «se couche sur le paysage tout plat», comme s'il se retirait dans un lent mouvement d'effacement, tout en éclairant les deux corps d'un jeu de lumière qui mènerait vers la fusion des corps, dans un apaisement de «violine» et de lumière «baissant dans les champs», rendant l'instant unique par la magie des couleurs qui créent, plus qu'une atmosphère de communion, une sorte de correspondances baudelairiennes, aux allures romantiques, créant une forte intensité dramatique.
Lorsque les deux corps «se rejoignent, le soleil se remet à saigner», non plus pour un sacrifice, mais pour célébrer une naissance à soi et à l'autre. L'on voudrait relever l'analyse de Beïda Chikhi qui insiste sur cette façon toute féminine de représenter le corps féminin tout entier, dans sa nudité, vibrant au rythme de la nature qui l'enveloppe :
«Après s'être longtemps dissimulé, le corps se dévoile jusqu'à l'exhibition, exprimant le passage de l'affectif au charnel, la fusion des sens, le désir qui ne demande qu'à être exacerbé. Et, pour retrouver ses liens intimes avec la nature, le ciel, le soleil, la caresse du vent, il s'offre d'abord au regard. Le lecteur est alors invité à redécouvrir le spectacle des traces que laissent dans l'espace les diverses expressions d'un corps qui se découvre. La réhabilitation du corps, dévoilé et en mouvement, dépend alors de sa perception comme spectacle par le regard. C'est au prix de cette réhabilitation que son récit devient possible.»(31)
Cette analyse rejoint, en certains points, celle de B. Didier quand elle évoque l'héroïne Du Ravissement de Lol V. Stein, de M.Duras : «L'espace (où le corps nu) s'inscrit définitivement dans l'imagination du lecteur, c'est le champ de seigle. (…) Espace naturel, (…) espace de plein air, (…) Le champ de seigle “est lisse sans arbre”, lisse (…) vivant : “le seigle bruisse dans le vent du soir autour du corps de cette femme”» : il est le lieu de la jouissance, (accentuée) par une dimension : espace-temps.»(32)
Farida se réconcilie ainsi avec son corps ; elle se le ré approprie aussi, s'émancipant du coup de l'emprise des siens qui l'ont longtemps sacrifiée – selon la logique de la préservation du clan. Pour elle, c'est une renaissance, pour le couple c'est le début d'un parcours nouveau qui s'annonce comme un combat à deux pour se reconstruire et se frayer une place dans leur société, en se plaçant bien au-dessus de la convention sociale dans ce qu'elle a d'archaïque et d'aliénant, libérés de l'abus de pouvoir du père surtout. Ainsi, chez H. Djabali, le père est déchu, de même que les mères qui restent inféodées à la loi du clan et soumises à celle du silence au lieu de défendre leurs filles. Elle fustige aussi celles qui, en vieillissant, deviennent des despotes parce qu'elles ont manqué de révolte. C'est pourquoi elles reproduisent sur leurs filles et/ou leurs belles-filles la tyrannie qu'elles ont acceptée.
Le salut, pour H. Djabali, est dans la colère qui mène à la révolte salvatrice.
Celle-ci doit aboutir à la rupture avec le clan avec tout ce que cela implique comme précarité, exclusion, marginalisation. C'est le cas de Aïcha la conteuse qui a eu la volonté de s'affranchir de sa famille. «Aïcha est tendre parce qu'elle a tous les rêves du monde, toutes les religions du monde.» L'utopie de H. Djabali est la naissance d'un ordre nouveau qui doit passer par la destruction du régime
patriarcal.
– Notes de renvoi
– 31 – B.Chikhi, Désir d'histoire et d'esthétique, op, cit, p 165.
– 32 – B. Didier, L'écriture-femme, op ; cit, p 35.
L'auteur est Maître – assistante en littérature à l'université des lettres et des langues


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