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Vers un encouragement ou une restriction ?
Publié dans El Watan le 17 - 08 - 2008

L'importance d'un tel texte de loi qui vise à régir les sondages d'opinion s'impose eu égard à «l'impact dangereux» de ce genre d'opérations.
De quoi s'agit-il ? A-t-on peur des chiffres ?
Une poignée de chiffres auront-ils un «impact dangereux»? Pourquoi les chiffres qu'ils soient politiques économiques ou sociaux raniment -ils la polémique et la controverse ?
Pourquoi les interrogations sur la fiabilité des sondages en général et particulièrement politiques se sont elles subitement trouvées relancées ?
Mon seul et unique objectif ici , est de mettre à l'abri l'instrument loin de toutes les passions.
Il en est du respect de l'éthique en matière de sondages d'opinion, et plus précisément de la propension à en manipuler les résultats ou à en forcer l'analyse.
Il s'agit simplement de défendre l'instrument injustement attaqué, que l'on veut coûte que coûte circonscrire.
La publication de résultats d'investigations par voie de sondage a toujours donné lieu à des sorties médiatiques dont le moins que l'on puisse dire est qu'elles relèvent davantage de la protestation, plutôt que de la réflexion sereine qui se proposerait de faire avancer le débat sur l'usage-que nous sommes tous en droit d'attendre-d'instruments de recherche, dont plus personne aujourd'hui ne remet en question l'utilité en matière d'aide à la décision.
Certes, les commentaires politiques dans les médias sont parfois dominés par les orientations des rédactions.
Dans un contexte de forte rivalité électorale et symbolique entre hommes politiques, et chaque média -la télévision comprise tend à soutenir les candidats et les partis de son camp.
Il faut plutôt œuvrer pour que les conditions soient réunies pour qu'enfin un débat serein puisse s'engager, entre l'ensemble des parties prenantes, autour de la pratique des sondages politiques dans notre pays. A ce moment-là nous pourrons poser les véritables questions de fond.
Quelles devraient être les conditions pour amorcer cette nécessaire formalisation de l'exercice professionnel, dans un champ d'activité qui demeure ouvert à toute initiative, même quand elle est imparfaitement outillée pour y intervenir ? De quel poids pèse encore l'appréhension quand il s'agit-pour le citoyen – de répondre à la question du sondeur, et de quelles garanties faudra-t-il s'entourer pour réhabiliter la légitimité de la question aux yeux de tous ceux auxquels elle s'adresse?
Quelles formes de plaidoyer faudra-t-il engager en direction des décideurs et des acteurs politiques pour que le recours aux sondages puisse un jour occuper la place qui doit lui revenir dans une démocratie en construction?
Tout d'abord, il faut savoir que l'expression «opinion publique» sert bien souvent à qualifier un point de vue unanime; il convient cependant de faire remarquer que les Algériens peuvent avoir plusieurs opinions sur une question quelconque, et que chaque question n'intéresse en général qu'une partie de la population.
Même au sein d'un groupe où les membres ont des vues bien arrêtées sur une question, ils ne les expriment pas tous avec la même manière et la même intensité.
Les instituts et les experts en matière de sondage d'opinion font des enquêtes, donnent des résultats, mais ne maîtrisent pas l'usage qui en est fait par la presse (à ce titre M. Zerhouni n'a-t-il pas hésité à commenter un sondage publié par El Watan, lors d'une conférence de presse lorsque les résultats sur le taux de participation l'avaient arrangé !). Il suffit parfois qu'un institut relève un petit avantage de tel candidat par rapport à tel autre, et on interprète qu'il s'agit de manipulation ou tel candidat est vainqueur à coup sûr. Or, une personne sondée exprime une intention à un moment précis, mais elle peut en changer.
Il faut prendre les sondages pour ce qu'ils sont : la photographie d'une réalité à un instant donné, pas la traduction d'une vérité intemporelle.
De même qu'on ne doit pas oublier qu'un sondage comporte toujours une marge d'erreur. Les résultats d'un sondage d'opinion ne sont pas une prévision du résultat électoral. Ils donnent une indication significative de l'état du rapport de forces politiques actuel et n'interdisent aucune évolution future. Les sondages auront dès lors bon dos pour ouvrir la voie à la contestation de la légitimité ou de la fiabilité d'un diagnostic. Surtout quand celui-ci porte sur la perception de la vie politique nationale et de ses acteurs.
Tout comme les sondages politiques, les médias agissent et orientent notre opinion voire notre comportement : sur médiatisation, information-spectacle, matraquage médiatique…
«Plus un média accorde de l'importance à un problème, plus l'opinion publique le juge important. Il en est ainsi du rôle de la T.V qui, par la force des images, impose ce à quoi il faut s'intéresser… en créant la réalité politique et sociale par le biais des choix effectués.» Dans une société caractérisée par l'absence d'une carte politique bien établie et de la culture du sondage d'opinion, il est probable, pour ne pas dire certain, que les opinions soient plus éphémères et plus dynamiques que les attitudes et les valeurs.
Au mieux, un sondage d'opinion est donc un instantané de plusieurs points de vue d'un segment de la population, à un moment donné. La question que l'on se pose est de savoir si le sondage réalisé par telle boîte ou tel expert reflète la réalité algérienne dans sa structure politique et sociale. Seule la réalisation d'un ou plusieurs autres sondages permettent en effet d'infirmer ou de confirmer ces résultats. Ne demandons pas aux sondages de fournir des chiffres sans aucune marge d'erreur.
Ne leur demandons surtout pas de dire à l'avance ce que seront les résultats des élections – alors que les Algériens ne sont eux-mêmes pas décidés.
Les sondages ne sont pas une science exacte, leurs techniques doivent être sans cesse revisitées pour épouser les évolutions de l'opinion, leur interprétation doit être prudente et modeste.
Les sondages sont des photos, ils n'ont pas de caractère prédictif, ils comportent une marge d'erreur, de plus en plus d'Algériens se décident au dernier moment, l'hésitation, l'indécision, sont plus fort que jamais .
Dans de nombreux sondages, un pourcentage élevé de personnes répondent par «Je ne sais pas», ou encore sont «indécises» ou «ne veulent pas se prononcer».
Il n'est pas rare que 20, 30, voire 40 p. 100 des personnes qui constituent l'échantillon donnent ce genre de réponses.
Si l'information c'est le pouvoir, l'information politique confère bien un pouvoir politique.
La question de savoir si les sondages d'opinion influent de façon importante ou excessive sur le déroulement des campagnes électorales et les choix des électeurs continue de susciter beaucoup de discussions. Traditionnellement, les politologues répondent non à cette question.
Ils expliquent doctement que l'influence des sondages sur le comportement électoral est indémontrable.
Bien que de nombreux universitaires et chercheurs aient eu longtemps des avis partagés quant à l'incidence de la publication des sondages sur les résultats du scrutin, des recherches récentes prouvent que cette publication peut influer sur un scrutin serré, l'incidence la plus marquée se faisant sentir vers la fin de la campagne.
Dans les sociétés à forte consommation de sondages, il est normal que l'électorat intègre cette dernière (information) dans ses calculs.
Ce faisant, les citoyens se déterminent en sachant, plus ou moins précisément, quels sont les rapports de force du moment. Ce vote informé n'est nullement condamnable, à moins de plaider pour une conception quelque peu obscurantiste de la démocratie.
L'attirance et la popularité des sondages d'opinion et les polémiques qu'ils suscitent en plus de sa nouveauté dans le paysage politique algérien semblent tenir à leur capacité de quantifier un élément qui, de par sa nature, n'est pas facilement quantifiable.
Les sondages d'opinion constituent pour les autorités le moyen d'identifier les préoccupations de segments stratégiques de l'électorat (c'est-à-dire différents segments de la population, en fonction de l'âge, du sexe, catégorie socioprofessionnelle, niveau d'instruction, etc.).
La technique de sondage la plus courante et la plus connue consiste à choisir (au hasard) un échantillon représentatif de personnes, de leur poser des questions soigneusement formulées et de rendre leurs réponses.
Les sondages sont maintenant reconnus comme l'un des modes de communication le plus important entre gouvernements et gouvernés.
Les sondages doivent être pour les dirigeants politiques et les décideurs ce que la Bourse constitue pour les analystes financiers. Ils constituent un des meilleurs moyens pour tâter le pouls du public.
Les sondages d'opinion, outre leurs vertus scientifiques pour l'étude des processus électoraux, peuvent jouer un rôle important pour améliorer la gouvernance en permettant aux «sans voix» d'exprimer leur point de vue et de peser l'orientation des politiques publiques. Aussi le droit du public à l'information est-il l'un des droits universels de la personne. Les médias sont investis de cette lourde responsabilité de servir d'intermédiaire entre les citoyens, les décideurs, les producteurs et les créateurs.
«L'information est un besoin vital dans une société de plus en plus complexe et pluraliste, car c'est grâce à elle que les individus peuvent participer démocratiquement à la vie de la collectivité.» Toute mesure d'encouragement de la pratique des sondages sera la bienvenue, en commençant par la publication des résultats par bureau et par commune de toutes les consultations électorales précédentes; au contraire, toute restriction discréditera ses auteurs et portera un frein, voire la mort de cette technique universelle.
En attendant, les sondages d'opinion, en ce qu'ils sont une photographie de l'instant, restent absolument incontournables pour une compréhension, même approximative, des multiples expressions de cet instant. Aucun dénigrement, aussi zélé soit-il, n'y pourra rien.


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