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«La télévision doit s'ouvrir sur la société»
Publié dans El Watan le 27 - 11 - 2008

«Il se peut que cela ait une relation avec le grand-père de mon père, cadi à Béjaïa, qui possédait des terres dans la région. Mais rien n'est sûr», constate-t-il prévenant. Déjà, on décèle chez lui un trait de caractère et une honnêteté intellectuelle qui nous fixent sur sa personnalité. Ceux qui le connaissent le décrivent comme un universitaire passionné et éclectique, et un historien chercheur résolu. En fait, tout le prédestinait à devenir un enseignant jaloux de ses principes, dont les vocations n'ont cessé d'aiguiser son insatiable appétit pour la curiosité, la recherche et le désir d'en savoir toujours plus. Regard clair et sans âge, ce médersien accompli énonce les mots avec douceur et patience sans laisser place aux silences. Il est né le 17 juillet 1929 à Sidi Aïch, chef-lieu de la grande commune des Beni Oughlis, où son père Mohamed, cadi suppléant, s'était établi pour y officier. Mais les Ihadaden sont originaires de la fière Toudja. Et comme leur nom l'indique, ils étaient forgerons. Quand son père a été nommé cadi notaire à Taher, la famille l'y suivit. S'il a entamé ses études à Sidi Aïch, Zoheir les poursuivit à Taher et son enfance était partagée entre ces contrées et Toudja, le fief familial. Lorsque la guerre a éclaté en 1939, Zoheir est privé de se présenter au nouveau diplôme d'études primaires, le sésame pour accéder au lycée. «En 1942, mon père m'a amené à Béjaïa, précisément à l'école Amour Abdelkader, sise à Bab Elouz. Mais le débarquement allié fausse tous les calculs, puisque tous les établissements sont réquisitionnés.» La famille retourne à Toudja où Zoheir décroche haut la main le certificat d'études, même s'il dut rester après en chômage technique. Pas pour longtemps, car son père le prit avec lui pour préparer le concours d'entrée à la médersa de Constantine. «C'est auprès de mon père que j'ai pu assimiler les premiers éléments de grammaire et de littérature arabes. A Taher et pour combler le vide, j'en ai profité pour apprendre les 60 chapitres du Coran aller-retour.»
Médersien à Constantine
En 1946, Zoheir est admis à la médersa où il effectue quatre années d'études. En 1950, il est admis au concours pour intégrer l'institut d'études supérieures islamiques d'Alger, près de Ketchaoua. Après deux années, il en sort diplômé avec un titre qui équivaut au bac. En 1952, il prépare la propédeutique à la Faculté d'Alger et s'inscrit à la licence d'arabe. «J'était intéressé par la philo et l'histoire. Mais comme la philo comportait le latin que je ne maîtrisais pas, j'ai dû faire l'impasse pour devoir me consacrer à l'histoire et à la géographie. Quand les profs ont vu mon parcours, ils m'ont déconseillé. J'en suis sorti déçu. C'est comme ça que j'ai bifurqué pour faire les quatre certificats d'arabe.» En octobre 1955, Zoheir demande à enseigner. Il est nommé au collège de Miliana, où il reste une année, tout en étant inscrit au CAPES pour obtenir sa titularisation. Mais pour cause de guerre, il en a été privé. Les gendarmes l'arrêtent en juin 1956 à Miliana et lui signifient l'interdiction de séjour dans le département d'Alger. Ils l'embarquent manu militari dans le train en partance d'Oran, qu'il ne connaissait pas. Arrivé là-bas, il est de nouveau arrêté. Il décide alors de prendre le bateau pour la France, où son frère Abdelhafid (premier ingénieur algérien en énergie nucléaire et qui mourut au maquis) l'accueillit. «J'ai essayé de reprendre contact avec le FLN, mais j'ai trouvé beaucoup de difficultés. Le MNA était puissant et le Front déchiré par les divisions. Comme je n'avais rien à y faire, j'ai décidé de contacter un camarade de promotion, Tidjani El Hachemi, installé au Maroc, où il avait beaucoup d'amis au sein de l'Istiklal, qui me procura un passeport vierge que l'ambassadeur chérifien à Paris refusa de parapher. A Tunis, où je me suis rendu, j'ai vécu une autre crise entre les partisans du congrès de la Soummam et leurs adversaires, menés par un certain Abdelhaï qui y faisait la loi. Le représentant diplomatique marocain dans ce pays me délivra un laisser-passer pour me rendre au Maroc, où j'étais sous les ordres d'un responsable du FLN (Tayeb Thaâlibi, dit Si Allal), qui m'a emmené à Tétouan, où j'ai intégré l'équipe de Résistance algérienne, dirigée par Ali Haroun. La revue a vécu une année avec une production de 35 numéros. En août 1957, c'est l'émergence d'El Moudjahid avec Réda Malek, Frantz Fanon, Mohamed El Mili, etc.» En octobre, le journal est déplacé à Tunis, mais Zoheir est maintenu à Tétouan, où il est chargé de la réimpression et la diffusion du journal, mission qu'il a accomplie jusqu'à l'indépendance. En 1962 il est nommé maître auxiliaire au lycée El Idrissi d'Alger. En 1963, il participe avec Abdelhamid Bensalem, ancien militant de l'UDMA, professeur, à la création de l'Ecole normale supérieure de Kouba. Comme il était très lié avec Sedik Benyahia, qui était étudiant avec lui à Ben Aknoun, et à la suite de la nomination de celui-ci en qualité de ministre de l'Information et de la Culture, Zoheir est cadre de ce ministère de 1966 à 1971. Il s'occupe de la diffusion et de l'édition. Il crée la revue Promesse en français et Amel en arabe, à l'ombre de la SNED qui venait de voir le jour. En 1971, il suit Benyahia au ministère de l'Enseignement supérieur. «J'étais méfiant vis-à-vis de l'équipe gouvernementale, mais confiant en
Benyahia qui était plus qu'un ami.» «Comme il y avait des problèmes au niveau de l'Institut d'études politiques et l'Ecole supérieure de journalisme,
M. Benyahia m'a nommé en qualité de directeur, mais le recteur de l'époque, M. Touri, peu favorable à ma désignation, a longtemps temporisé avant d'appliquer la décision. Nos rapports sont restés froids. Je me suis attelé à unifier les programmes et à les algérianiser, à aplanir les problèmes et à faire fonctionner les deux établissements sans accroc majeur. En 1976, fatigué, j'ai demandé une bourse pour Paris que j'ai obtenue. Là, j'ai décroché mon doctorat de 3e cycle (1978) puis le doctorat d'Etat (1984). De retour à Alger, je me suis retrempé dans l'enseignement en qualité de professeur jusqu'à la retraite en 1993. En 2000, j'ai lancé une maison d'édition.»
Dans la tradition
Son rapport à la politique ? «Dans mon milieu familial, il y a des intellectuels, dont le plus illustre est l'oncle de mon père Smaïn Ihadaden, compagnon de l'Emir Khaled et qui écrivait dans le journal Ikdam. Il s'est exilé au Maroc, où il est décédé à Meknès. En ce qui me concerne, trois personnes m'ont influencé : mon père, qui me racontait, petit, les conquêtes musulmanes ; la sœur de ma grand-mère, na Djouhra autodidacte mais une véritable encyclopédie qui n'avait pas sa pareille pour nous narrer les contes populaires et enfin mon institutrice, Mme Bonneau. En 1939, elle venait chaque matin nous raconter les épisodes et les batailles de la guerre. A la débandade de la France, elle a pleuré. Cela a suscité en nous une prise de conscience, en pensant à notre pays spolié. Mon frère aîné, Rachid, et mon cousin, Slimane Ouchikha, qui étaient au PPA, m'ont aussi influencé ; je dois le dire.» En 1946, Zoheir est recruté par son camarade de la médersa, Laïb Ahcène, qui l'intègre dans une cellule du PPA, parti qu'il ne quittera plus jusqu'à la fameuse crise. En la matière, il connut les grandes cassures, celle de l'OS. «On a été touchés ! L'activité du parti a été gelée pendant 2 mois. A la médersa, sur les 100 étudiants, 80 étaient PPA. A la reprise, ils n'étaient plus que deux. Bouhadja Mohamed de Collo et moi.» La deuxième brisure qui l'a affecté est celle de la scission du parti en 1953 entre messalistes et centralistes. Lorsqu'on lui dit que l'histoire se fait parfois dans l'exagération, la contradiction des rumeurs, les racontars où l'embellissement du souvenir, Zoheir acquiesce, en précisant «que ceux qui croient faire l'histoire ne font souvent que la signer ou la subir».
Décloisonner l'histoire
Alors quand parviendra-t-on à une histoire décloisonnée, ouverte sur la société ? «Pour la révolution, il me semble qu'il y a beaucoup d'écrits. Il reste aux historiens de passer au tamis les événements avec un esprit critique. Ce qui m'inquiète, c'est cette révision de la Constitution qui attribue désormais l'écriture de l'histoire à l'Etat. Celui-ci doit laisser le libre choix aux historiens, aux spécialistes de faire le travail attendu. Si l'Etat s'en mêle, c'est grave. Trop d'Etat tue l'Etat.» Croit-il en la langue de bois des politiques chevronnés ? Cela se lit dans son regard pénétrant, dans ses yeux bleus… «Dès mon enfance, j'ai toujours compris que je n'étais pas fait pour la politique. Très tôt, j'ai conclu que le colonialisme est un malheur et qu'il fallait le combattre par les armes. Moi, j'étais un militant de base discipliné. La responsabilité, c'est pas mon rayon. De là découle toute mon attitude vis-à-vis de la politique. On n'a pas lutté pour être dans le capitalisme ou le marxisme, mais pour défendre notre attachement à l'Islam. Il faudra essayer de comprendre ce que la civilisation musulmane a apporté à l'humanité dans le domaine économique et social. Le moment est peut-être venu de revisiter Ibn Khaldoun.» La crise mondiale actuelle ne le laisse pas indifférent. «Cela a au moins le mérite de révéler que l'Islam en ce qui concerne le volet financier est la voie la plus indiquée, puisqu'il est contre les spéculations et que ses principes sont justes». L'Algérie de 2008 le chagrine et le fascine à la fois. «Nous avons toujours rêvé de voir une Algérie souveraine, solide, florissante, stable. Malheureusement, les zizanies empêchent cette marche vers l'avant, mais je reste profondément optimiste.» Zoheir avait tâté de la politique en intégrant le parti Ouma de Ben Khedda, au début des années 1990. «Cela a été une belle expérience, hélas gâchée par la suite. Il y avait Kiouane, Benhamida, Kaddache, Gaïd Tahar, Benkhedda et moi. Dès que le parti a été investi par des éléments proches du FIS, nous nous sommes retirés et le parti a implosé.» Le choc des civilisations ? Il n'y croit pas vraiment. «L'Occident a neutralisé le communisme. Il s'est trouvé un nouvel adversaire : l'Islam, ciblé aussi par le sionisme. Mais le mal est aussi en nous, en ces intégristes de tout poil, dont les wahabites qui véhiculent une image violente de notre religion faite de paix et de tolérance.» La télévision ? «Elle donne l'impression de parler à elle-même. Elle devrait s'ouvrir sur la société. Il n'y a pas de honte à imiter les expériences réussies ailleurs. Vous savez, j'ai du mal à comprendre la crise qui secoue le monde, encore moins ce qui se passe en Algérie. Moi, je me déplace souvent à l'intérieur du pays. Je vois des gens besogneux qui travaillent, que le développement est apparent, qu'il n'y a pas de quoi s'alarmer. Pourtant, la presse rapporte le contraire. Je suis envahi par le doute. Peut-être est-ce dû au fait que notre société ne communique pas assez…»
|PARCOURS|
|Ihadaden Zoheir est né le 17 juillet 1929 à Sidi Aïch. Mais sa famille est originaire de Toudja, près de Béjaïa. Son père Mohamed était cadi. Sa famille dut le suivre au gré de ses mutations professionnelles. C'est ainsi que Zoheir passa son enfance entre Toudja, Taher et Sidi Aïch, où il commença ses études primaires. Il les poursuivit à Taher, où il apprit tout le Coran par cœur. Sa scolarité a été perturbée par la Seconde Guerre mondiale, mais cela ne l'empêcha pas d'entrer à la médersa de Constantine, où il décrocha ses diplômes. Il fit ensuite l'Institut supérieur des études islamiques d'Alger et enfin la Faculté des lettres d'Alger. Bon bilingue, il entre dans la vie professionnelle en enseignant à Miliana. Militant du PPA puis du FLN, il est arrêté en 1956. Après des pérégrinations, il est au Maroc, où il contribue avec d'autres à la sortie de Résistance algérienne puis d'El Moudjahid.
Le chercheur a à son actif plusieurs écrits dont notamment Ibn Khaldoun, les Modernes et la Asabiya et L'histoire de la presse indigène en Algérie, des origines jusqu'en 1930, objet de sa thèse de doctorat de 3e cycle, soutenue à Paris.|


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