L'installation, en Algérie, d'une «Justice numérique» est une responsabilité collective, a appelé, hier lundi, le Procureur général près du tribunal d'Alger, Mohamed Kamal Ben Boudiaf en marge du forum scientifique intitulé ''Le contentieux électronique comme mécanisme pour atteindre l'efficacité judiciaire''. Dans une allocution d'ouverture du Forum scientifique, le Procureur général près du tribunal d'Alger, Mohamed Kamal Ben Boudiaf, a révélé, hier lundi, que le ministère de la Justice avait émis des directives réglementaires claires pour activer les plate-formes électroniques au niveau des conseils et des tribunaux, et avait entamé des essais pratiques dans des affaires civiles. «Il est désormais possible pour les avocats de créer des requêtes électroniquement et de suivre leur enregistrement en temps réel, sans avoir à se déplacer ni à attendre», a fait observer le magistrat du parquet d'Alger. Mohamed Kamal Ben Boudiaf a ajouté que cette mesure, malgré la formation et l'adaptation qu'elle requiert, représente un changement qualitatif dans la philosophie du travail judiciaire, car elle rapproche la justice du citoyen et donne au ministère public et au pouvoir judiciaire un outil supplémentaire pour rationaliser leurs efforts et atteindre l'efficacité. Toujours dans son discours, le Procureur général près la Cour d'Alger a indiqué que «notre sujet du jour, le contentieux électronique comme mécanisme pour atteindre l'efficacité judiciaire, n'est pas qu'un simple slogan de réforme, mais bien une voie intégrée parrainée par le ministère de la Justice dans le cadre d'une vision stratégique visant à réorganiser le système judiciaire conformément aux exigences de l'ère numérique, tout en préservant les valeurs essentielles de la justice, les droits de la défense et les garanties d'un procès équitable», a noté Mohamed Kamal Ben Boudiaf. Il a souligné l'importance de cette rencontre scientifique, qui intervient à un moment où le système judiciaire algérien entre dans une nouvelle phase de modernisation institutionnelle et technologique. Le procureur général a ajouté que le principal défi auquel est confronté le système judiciaire dans le monde moderne est la gestion des délais judiciaires. Plus les procédures sont longues et les formalités administratives complexes, moins le public a confiance dans le système judiciaire, et plus la charge qui pèse sur les juges et les justiciables est lourde. Concluant son intervention, le Procureur général a souligné que la justice numérique n'est pas une option temporaire mais bien l'avenir du travail judiciaire en Algérie, et que son succès est une responsabilité collective qui incombe à chaque acteur du système juridique, des juges et avocats aux experts et greffiers.