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L'art de raconter Constantine à travers les romans
Publié dans El Watan le 03 - 01 - 2009

–Commençons d'abord, voulez-vous, par une brève présentation de votre ouvrage et l'idée de porter une partie de votre thèse de doctorat dans un livre.
– Nedjma Benachour : l'ouvrage est extrait d'une thèse de doctorat d'Etat, donc c'est une recherche assez exhaustive sur la représentation littéraire de Constantine. La thèse est intitulée Constantine : une ville en écritures, dans le récit de voyage, le témoignage, le roman, a été soutenue en 2002. Au départ, c'est le jury qui m'a conseillé de publier ce travail de recherche car j'ai eu la chance et l'opportunité de consulter des ouvrages importants et rares. Une opportunité que j'ai voulu partager avec les lecteurs. En fait, je devais aborder le récit de voyage, mais j'ai finalement choisi de commencer par les romanciers parce qu'ils étaient les plus connus des citoyens.
J'ai tenu, en avertissant, tout au début du livre pour ne pas être en porte-à-faux avec les textes les plus récents qui avaient pour ancrage Constantine, parus après 2002 et qui sont de plus en plus nombreux. Je citerai, entre autres, les romans Fascination et Hôtel Saint-Georges de Rachid Boudjedra, mais aussi les œuvres de Nadjia Abeer, Salim Bachi et autres. Je tenais surtout à respecter ce que j'ai fait dans ma recherche.
– Vous dites que chaque écrivain imagine sa ville selon ses représentations propres qui émanent, pour une grande part, de son histoire personnelle, est-ce cela qui vous a poussé à faire une exploration des lieux les plus proches de ces écrivains ?
– Oui et l'exemple le plus pertinent c'est peut-être Kateb Yacine qui est né à Constantine, alors que beaucoup de critiques pensent qu'il est né dans le constantinois. En fait, Kateb est né dans une maison dans le quartier de La Casbah, mais son grand-père l'a enregistré à l'état civil du Condé Smendou (actuel Zighoud Youcef). Kateb a gardé un lien très fort avec sa ville natale. Le lieu est très important par rapport au vécu et aux mémoires qu'on garde. Kateb a vécu dans un quartier très particulier de la ville où se trouve le café Nedjma et les fondouks de la ville. Des lieux qu'il décrit clairement dans son roman Nedjma. Pour Malek Haddad, on pense beaucoup au quartier de Bab El Kantara, au faubourg Lamy où il y avait la maison familiale, mais aussi le quartier de Sidi Djeliss où son père enseignait. Des endroits qui apparaissent dans la narration.
Pour Roland Doukhan, qui est un Juif natif de la ville, c'est le quartier du Charaâ qu'on retrouve le plus. Quand on lit son roman Berechit, on reconnaît aussi la rue de France, la rue Nationale mais surtout la synagogue et le lycée d'Aumale où il a fait ses études avec Malek Haddad
– Justement, outre une lecture approfondie des œuvres des écrivains bien connus, vous avez eu le mérite de faire découvrir un auteur méconnu qui est aussi un enfant juif de la ville, il s'agit de Roland Doukhan à travers son roman Berechit.
– En fait, beaucoup de gens de lettres ne connaissaient pas Roland Doukhan. C'était une surprise pour moi de découvrir par hasard son roman Berechit dans une petite librairie de la ville. Roland Doukhan était un dentiste qui écrivait beaucoup avant de décider de publier son roman Berechit dans les années 1990. Il était très lié avec Malek Haddad et avait presque le même âge que lui.
Il a quitté la ville avant l'indépendance pour faire des études en France. Revenu en 1963 à Constantine, il a été accueilli par la famille de Malek Haddad. La relation entre les deux hommes a été très particulière. D'ailleurs, le personnage de Simon Guedj dans Le quai aux fleurs ne répond plus de Malek Haddad est en partie inspiré par Roland Doukhan. Parallèlement, dans Berechit, le personnage de Kaddour s'inspire largement de Malek Haddad, même dans le portrait.
Il y est décrit comme un rouquin qui aimait écrire et qui avait toujours la cigarette au bec, et tout le monde sait que Malek Haddad était un grand fumeur. On est en plein dans ce qui est intime aux deux écrivains par rapport à la ville et ce qu'ils ont vécu ensemble au lycée d'Aumale.
– C'est aussi la ville qui semble créer cette passerelle d'interculturalité.
– Vous savez, la magie de la littérature est qu'elle n'a pas de frontières, et cette passerelle d'interculturalité créée par la ville on la retrouve dans plusieurs autres ouvrages. Si vous lisez les notes de Flaubert, vous allez découvrir un homme qui est tombé amoureux fou de la ville lorsqu'il l'a visitée en 1856 au moment où il écrivait Salammbô. A peine a-t-il fait le voyage à Constantine qu'il est subjugué par la ville au point qu'il a décidé de reprendre la rédaction de Salammbô pour y mettre ce qu'il a observé à Constantine. Cette ville-carrefour a toujours inspiré les grands de la littérature universelle et algérienne. Parmi ces romanciers, Tahar Ouattar est plus connu surtout pour avoir développé tout un roman autour des ponts de Constantine.
– Parmi les écrivains qui ont été fascinés par la ville, vous évoquez aussi les noms de Maximilienne Heller et Nedim Gürsel.
– Maximilienne Heller que j'ai mise en note est aussi une fille de Constantine. Son livre La détresse des revanches est l'un des premiers romans du début du siècle, dont l'ancrage est Constantine, mais il est impossible de le consulter, car la seule copie se trouve actuellement au niveau de la Bibliothèque de Paris. Pour Nedim Gürsel, qui est aussi un Juif de la ville, je le cite dans les témoignages C'est un voyageur qui a laissé ses impressions dans des nouvelles.
– Vous parlez de la lisibilité d'une ville qui est devenue un objet d'imagibilité pour plusieurs écrivains, comment expliquez-vous cela ?
– Je suis partie de la description de Kevin Lynch, un célèbre urbaniste américain, qui dit qu'on visite une ville comme on lit un livre. Il y a des villes qui sont tellement profondes par leur richesse culturelle, leur histoire, leur topographie et l'architecture de leurs quartiers qu'on met du temps pour les comprendre. Il y a ainsi des villes qui, par leur lisibilité, provoquent une imagibilité très grande. Une lisibilité qui donne aussi plusieurs images. Constantine est de ces villes qui ont une forte imagibilité, mais celle de Malek Haddad n'est pas celle de Kateb Yacine.
– Comment expliquer qu'après les années 1970 et 1980 et la décennie noire la ville exerce toujours une influence sur plusieurs écrivains ?
– Je crois que la ville de Constantine arrive en force dans les romans, notamment durant les vingt dernières années, comme pour Nadjia Abeer, Salim Bachi, Noureddine Saâdi et autres. Comme le dit Malek Haddad dans son poème Une clé pour Constantine «on ne quitte jamais Constantine, elle colle à la peau». Edhahma ou la ville écrasante qui colle à Boudjedra dans ses œuvres, a la puissante capacité de susciter la créativité. C'est une espèce de fascination à laquelle on ne peut échapper.
– A travers l'analyse de toutes ces œuvres qui puisent dans la ville, vous parlez d'un nouveau genre littéraire, est-ce le roman constantinois ?
– C'est la question que je me suis posée en réalisant ce travail. Je me suis dit comment appeler tous ces romans de Rachid Boudjedra, Tahar Ouattar, Nadjia Abeer, Djamel Ali Khodja, Malek Haddad, Kateb Yacine, Noureddine Saâdi, Ahlem Mosteganemi, soit des auteurs qui sont natifs de Constantine ou qui ont un lien très fort avec la ville, et pourquoi ne pas rassembler toutes ces œuvres sous l'appellation de roman constantinois ? L'idée vient d'être développée car il y a plein de choses magnifiques qui ont été écrites sur Constantine, que ce soit des romans, des nouvelles, des poèmes, des notes de voyages et des témoignages. Je trouve surtout que les témoignages de Malek Bennabi demeurent une œuvre magnifique.
– Comptez-vous publier un jour les deux autres parties de votre thèse ?
– J'espère d'abord avoir apporté, en toute modestie, une contribution scientifique à travers cette première publication. Je ne peux pas m'arrêter ainsi et le prochain livre est déjà prêt Ce sera Constantine et ses voyageurs. Pour les voyageurs je parlerai surtout des récits de Thomas Shaw, Léon l'africain, Guy de Maupassant et autres Gustave Flaubert, Gautier et Dumas. Des œuvres fantastiques écrites entre le XVIe et le XIXe siècle, qui nous révèlent des choses magnifiques sur une ville unique au monde.


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