Le coordonnateur du programme national de périnatalité et néonatalogie, le professeur Djamel Lebane, a appelé, hier lors du forum hebdomadaire d'El Moudjahid, à l'organisation des « Assises nationales de la naissance » afin d'améliorer la prise en charge de la mère et de l'enfant. Il déplore la désorganisation dans la chaîne des soins au niveau des structures de santé. Pour lui, il est temps de renverser la courbe en termes de mortalité infantile et maternelle pour atteindre les objectifs du millénaire. Les statistiques actuelles sont encore élevées : 25,5% pour la mortalité infantile alors que 700 mères pour 100 000 naissances vivantes décèdent chaque année. « Nous n'avons aucun taux officiel pour la mortalité maternelle, les seules données disponibles sont celles de l'Institut national de santé publique (INSP) », a-t-il indiqué avant de préciser que les femmes présentant des grossesses à haut risque décèdent lors des transferts ou au cours de l'accouchement, suites des hémorragies de délivrance notamment. La nécessité de promouvoir la santé de la mère et de l'enfant pour réduire le taux de mortalité qui est beaucoup plus important en comparaison avec le taux de mortalité dans les pays développés doit constituer, selon lui, une priorité des pouvoirs publics par l'instauration d'un programme national qui prendra en charge tous ces aspects. Revenant sur la mortalité infantile, le Pr Lebane, chef de service de néonatologie à l'hôpital Mustapha Bacha, relève que 80% des décès sont des nouveau-nés à une semaine de vie ou à 24 heures de la naissance. Les causes, a-t-il indiqué, sont généralement l'infection, l'asphyxie lorsque les nouveau-nés sont des prématurés. Ces derniers représentent 10% des naissances et occupent 60% des lits d'où la nécessité d'améliorer leur prise en charge et éviter des problèmes de santé graves invalidants pour ces nouveau-nés appelés à devenir adultes. « Notre objectif est de réduire, d'ici à 2015, le taux de mortalité infantile des deux tiers pour le ramener à 13,6 pour mille. Il nous reste 12 points et ceci est possible. Il suffit d'être plus rigoureux pour atteindre ce chiffre », a-t-il déclaré. Le conférencier a également insisté sur la révision du texte réglementaire concernant la déclaration de naissance pour que cette catégorie de nouveau-nés généralement de petit poids, soit 500 g, puisse être déclarée à la date de naissance. Le Pr Lebane a également salué le rôle des unités « Kangourou » et l'initiative « hôpitaux amis des bébés » dans l'entretien de ce rapport mère-enfant. « De mai 2004 à mai 2009, 550 bébés ont été pris en charge dans le service dans le cadre de l'unité Kangourou et nous n'avons enregistré aucun décès et aucune infection nosocomiale », a-t-il signalé. Le conférencier a insisté, en effet, sur la nécessité de promouvoir les « hôpitaux amis des bébés » en Algérie en vue d'encourager l'allaitement maternel, et par conséquent, les conditions de santé optimales, tant psychiques que corporelles, pour les mères et leurs bébés lors de la naissance et du séjour à la maternité. Car estime-t-il, le meilleur « capital santé » est le meilleur attachement possible. Il est établi que la mise au sein 30mn après l'accouchement permet une « réduction notable » du risque hémorragique lors de la délivrance, a-t-il souligné, en précisant que l'allaitement naturel est une forme de médecine préventive « peu coûteuse » pour la société, mais « très efficace ».
