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Le destin d'Israël : leçon d'histoire (2e partie et fin )
Publié dans El Watan le 10 - 02 - 2009

L'avènement du capitalisme : comme un poisson dans l'eau
Alors que le capitalisme éclôt avec la renaissance européenne, ses effets de pensée se répercutent sur la théologie chrétienne. Les réformateurs protestants (Luther/Calvin) proposent une révision majeure de l'éthique économique. L'argent n'est plus sale, il est permis de le faire travailler. Calvin autorise les pasteurs à pratiquer le prêt à intérêt, c'est un changement radical pour la chrétienté. Au sein de son catholicisme, Thomas d'Aquin ouvre le débat autour du «profil juste et profil injuste». Les prêteurs juifs se trouvent désormais face à une concurrence ouverte et directe, celle des protestants. Conciliante au départ, la violence de la réforme contre les juifs se manifeste d'abord dans les discours explicitement anti judaïques de Luther lui-même. En 1543, il publie une série de pamphlets «contre les juifs et leurs mensonges» qui reprennent les accusations classiques : meurtre rituel, empoisonnement des puits, sorcellerie, usuriers. Il réclame que leurs maisons soient brûlées ainsi que leurs synagogues, le Talmud et leurs livres confisqués et qu'on les condamne aux travaux forcés.
Mais la dynamique capitaliste est lancée. Petit à petit, le monde de l'argent s'instaure. Il est là. son système se sécularise et son éthique se laïcise. L'argent n'a plus d'odeur, et dans le mouvement constitutif de l'Etat/nation, celui-ci n'obéit à aucune nation ni à aucune religion. Et si dans le concept de l'Etat national européen, l'accès au statut de la citoyenneté vacille dans le droit entre la référence du sang, de territoire, ou les deux à la fois, selon les spécificités nationales pour reléguer les juifs dans les services du tertiaire, particulièrement dans les professions libérales (banques, communication, savoir…) pour les exclure de la fonction publique. La gauche est là par son mouvement ouvrier, ses partis socialisants et communisants, pour contester les limites du libéralisme afin de servir indirectement les juifs de la droite et réciproquement les juifs de la droite pour servir ceux de la gauche par une collaboration de classes.
Par une alchimie sociodémocrate qui associe capital/travail, telle que le recommandait à l'origine la Torah : sois riche sans ignorer l'impératif de la protection sociale (la tsédaka). Ainsi, depuis 4000 ans, les juifs se retrouvent enfin dans un monde conforme à leur praxis et un monde ambiant calqué à leur religiosité. Enfin, ils se retrouvent comme des poissons dans l'eau. Ce qui amena Karl Marx, un juif converti au protestantisme, à écrire «sur la question juive 1844» en réponse à Bruno Bauer, le juif est la matrice du capitalisme, l'assimiler ne changerait donc rien à son statut. Il ne peut s'émanciper qu'avec la disparition conjointe du capitalisme et du judaïsme.
Les conditions sont propices donc pour instrumentaliser ce capitalisme dans son idéologie politique vers un credo qui est resté toujours vivace dans la mémoire juive et qui a maintenu sa cohésion communautaire tout au long de ce nomadisme historique : le retour à la terre promise. Les «progroms» russes (destruction) de 1881 à 1906 ou 1906 finissent par convaincre les doctrinaires juifs du XIXe siècle qu'il ne peut y avoir de paix pour les juifs dans le monde sans ce retour. Le premier projet cohérent d'un Etat juif en Palestine est formulé en 1880 par Léo Pinsker, juif russe, dans son «auto-émancipation».
Il soutient en Russie la fondation de l'association Hoveve Sion (les amants de Sion), dont le but est «la résurrection politique, nationale et spirituelle du peuple juif en Palestine. Le sionisme de Théodore Herzl s'instaure, le premier Congrès sioniste mondial est tenu à Bâle en 1897. Il impose par le jeu de la politique de la finance et de l'information au monde chrétien son mea culpa pour un revers à la sacro-sainte alliance judéo-chrétienne. Complexée par son histoire, l'Europe capitaliste devra se repentir de son passé. Le cadeau pour le retour à la terre promise doit compenser cette déculpabilisation tout comme le Liberia devait déculpabiliser les usa à l'égard des esclaves d'Afrique.
Les suites sont connues. Pour répondre favorablement aux visées sionistes en Palestine, des tractations du résident britannique en Egypte, Mac-Mahon avec le chérif Husseïn de La Mecque sont engagées dans le but de manipuler la «révolte arabe» sous prétexte de libérer les arabes de l'hégémonie ottomane, tout en se réservant la mainmise sur la Palestine. Cette insurrection qui révèle avec évidence un soupçon de compromission chrétienne. Ce soupçon sera confirmé par son fils. L'émir Fayçal (roi d'Irak) qui signa à Versailles en 1919 un accord avec Chaïm Weizman (dirigeant du mouvement sioniste et futur premier président de l'Etat d'Israël) pour la mise en œuvre de la déclaration Balfour en échange de la promesse d'un Etat arabe sur toute la région. Des dénonciations de Lénine dans sa révolution bolchevique du pacte secret anglo-français de Sykes-Péko, la déclaration de Balfou de 1917 est là pour inaugurer le futur Etat d'Israël.
L'Angleterre étant la locomotive du capitalisme mondial de cette époque, elle se trouve attribuer le rôle de parrain du sionisme. Comme le capitalisme est agressif et violent par essence, l'enfantement sioniste de l'Etat d'Israël ne pouvant se réaliser que dans la violence faisant fi d'une part, aux mutations historiques, alors que cet enfantement se fonde sur des mythes théologiques, en violation, d'autre part des principes théologiques hébraïques eux-mêmes, à savoir «le peuple hébreux ne peut être heureux si les autres ne le sont pas. Peuple élu, ses richesses n'ont de sens que si elles contribuent à la richesse de tous les autres. Toute richesse doit être partagée avec le reste du monde.»
L'Angleterre ayant perdu son leadership mondial au bénéfice des usa, la «Shoah» (il y avait 9 millions de juifs en Europe en 1933, les 2/3 ont été exterminés par le nazisme allemand) est venue entre-temps sceller définitivement la sacro-sainte alliance judéo-chrétienne par le jeu d'influence des lobbies juifs noyautant les institutions des Etats quel que soit leur bord politique. Elle est venue aussi accélérer le processus d'instauration de l'Etat d'Israël. Partition en 1947 de la Palestine, guerre de 1948 etc. Le génocide de Ghaza n'est qu'un épisode de plus d'un feuilleton qui ne finira pas de nous choquer, tant que les usa, le premier Etat terroriste du monde comme le qualifie un autre juif humaniste Noam Chomski : «Dominer le monde ou sauver la planète ?», demeure le parrain de l'Etat d'Israël par l'alliance des intérêts stratégiques. Mais jusqu'à quand ?
Leçons d'histoire
Que peut nous permettre cette traversée du désert du peuple juif de conclure comme leçons de l'histoire qui contrastent aujourd'hui avec l'image de sa propre histoire et qui hypothèquent son devenir ?
– 1) Durant la traversée de 4000 ans d'histoire, on ne peut nier le fait qu'il n'y ait pas eu un peuple au monde qui ait vécu la détresse comme l'a subie le peuple juif certes ; mais justement avec ce long cheminement, il a eu à constater dans son nomadisme que tout est éphémère. Rien ne dure. Que l'histoire est changement. Où sont les puissances d'antan ? Les Pharaons, les Babyloniens, les Perses, l'empire romain, l'empire musulman, l'empire austro-espagnol, l'empire ottoman, les empires coloniaux ? Fonder sa suprématie sur la conquête agressive en se couvrant derrière la super puissance du monde actuel, narguant l'humanité entière, croyant que cette suprématie va s'éterniser, c'est aller à l'encontre du sens de l'histoire.
– 2) Et quelle violence ! Celle de reproduire la même qui a donné lieu à l'holocauste : le nazisme. On reste perplexe et sans compréhension devant le fait de voir la victime d'hier s'armer de la haine sanguinaire de son propre bourreau en adoptant les thèses racistes employées pour une épuration ethnique de l'Arabe, sans scrupule et sans limite. Contre qui ? Contre celui qui l'a hébergé de tout temps, contre le monde musulman qui a constitué pour le peuple juif le seul îlot de paix où il pouvait trouver refuge quand ses alliés d'aujourd'hui le persécutaient à mort hier. Quel reniement et quelle éthique ! C'est ça «l'hospitalité de la Torah.
– 3) Aujourd'hui, il apparaît difficile de dissocier le sionisme du judaïsme. les deux éléments ne sont que les deux facettes d'une même pièce. Et quelles que soient les prétentions d'Israël comme étant l'Etat laïque le plus démocratique du Moyen-Orient, ce ne sont en fait que des prétentions formelles. Il demeure fondamentalement un Etat théocratique dont le sionisme est son idéologie politique. Etre juif est synonyme de sionisme. Quel est le juif aujourd'hui qui peut se targuer de pouvoir s'affranchir de l'allégeance à l'Etat d'Israël ? Son processus d'instauration et l'impératif de sa défense ont implanté un réseau d'embrigadement dans la diaspora juive, tel que personne ne peut s'en échapper qu'il le veuille ou non.
La mythologie est là pour rappeler aux juifs qu'ils sont «le peuple élu» et qu'Israël est «la terre promise». Pourtant, le sionisme, en tant qu'expression politique, sert-il en fin de compte ce peuple. A l'évidence, non. Des courants religieux, politiques, des voix libres considèrent que l'Etat d'Israël est une damnation pour le peuple juif. Trancher cette question existentielle reste l'apanage d'une prise de conscience salutaire au sein de ce peuple.
– 4) Le monde change et avec lui ses rapports de force. Si jusque-là, la diaspora juive a réussi à influer sur les politiques des Etats alliés d'Israël à travers ses lobbies financiers, médiatiques, scientifiques, à telle enseigne qu'elle a sacralisé le Shoah dans la perception et l'imaginaire du monde occidental, coupable de ce crime et cela, par le pouvoir des médias que le simple fait de débattre de ce tabou relèverait du négationnisme, passible de condamnation pénale. Cependant, l'instrumentalisation de l'information n'est plus du monopole du lobby juif. Aujourd'hui, la parabole et l'internet sont à la portée des puissants et des humbles. Une simple image d'un carnage est vécue en tant réel par le monde entier. Information et désinformation sont le quotidien du commun des mortels. Hier, le massacre d'une communauté juive dans un coin d'Europe était voué à l'oubli de la mémoire, étant astreinte à un espace réduit et non communiqué aux autres. Par contre, aujourd'hui avec les médias, dont dispose l'humanité, rien ne lui échappe.
Le massacre de
100 000 juifs en Allemagne, les scènes de suicides collectifs auraient été aussi choquantes pour le sentiment humain (les scènes de l'holocauste nazi sont là pour en témoigner) ; mais que reste-t-il dans la mémoire de ces scènes ? Par contre, l'horreur du bombardement de Ghaza avec les corps d'enfants déchiquetés a eu comme effet d'ébranler le sentiment humain du monde entier. Rien ne pourra effacer de la mémoire humaine les traces de cette horreur pour les génération futures.
Les archives médiatiques seront là pour les revivifier. Et les images que montre l'Etat d'Israël sur lui-même ne sont pas reluisantes. Elles ne font qu'attiser les rencœurs et les dégoûts du monde entier à son égard, y compris dans le camp de ses sympathies. Est-ce cette «œuvre» à laquelle aspire le peuple juif ? Un peuple honni, parce qu'il rappelle l'épouvante.
– 5) Il se trouvera des voix qui se diront, assurément à la lecture de cet exposé, voilà un idéaliste, un rêveur qui s'amuse à la projection-fiction, à l'histoire spéculative. Sans doute auront-ils raison. Il se trouvera toujours des tenants du sionisme qui, dans cette projection, tireront les ficelles sur le dos du peuple juif pour se faufiler entre les filets de l'histoire. Mais quelles que soient les capacités d'adaptation ou de résistance, le peuple juif a déjà entaché à jamais sa propre histoire de façon irréversible. Et ça, ce n'est pas de la «science-fiction».
Il a commencé son histoire par le voyage, il la terminera par le voyage. C'est la même conclusion à laquelle a abouti finalement J. Attali, en dépit de son parti pris, en disant du peuple juif : «S'il tente de limiter son identité aux terres acquises (je dirais conquises), il est perdu.»
L'auteur est historien, université d'Oran


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