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Barack Obama et l'illusion d'une nouvelle Amérique « islamophile »
Publié dans El Watan le 14 - 06 - 2009

Le 4 juin, depuis le Caire, Barack Obama s'est adressé aux « musulmans » leur promettant que « l'Amérique ne sera jamais en guerre contre l'Islam ». Il a rejeté la thèse du « conflit des civilisations » et au bonheur de ses auditeurs habitués à entendre diaboliser leur religion, il a émaillé son discours de citations coraniques.
Il a réaffirmé son soutien à la constitution d'un Etat palestinien et a pressé Israël d'arrêter la colonisation de la Cisjordanie. Ce sont là quelques importants points du discours prononcé par le président américain dans la capitale égyptienne. Par son appel à une coopération amicale entre l'Amérique et le « monde islamique », par sa reconnaissance des souffrances des Palestiniens, ce discours est en rupture avec la rhétorique habituelle de la Maison-Blanche. Hélas, c'est en réalité son unique nouveauté. Barack Obama a rejeté la thèse du « conflit des civilisations », mais prôner le « dialogue des civilisations » ne renvoie-t-il pas aussi à cette vision étriquée de l'humanité, qui la divise en aires culturelles étanches ? Le président américain n'est-il pas prisonnier de la doctrine de Samuel Huntington lorsqu'implicitement, dans l'intitulé même de son discours, il pose que la principale identité des 57 Etats du « monde islamique » est une identité religieuse ? Ne suppose-t-il pas ainsi, comme ces néo-conservateurs au service de l'hégémonie US, que la compréhension de l'islam est un préalable nécessaire — et suffisant ? — à la compréhension des « musulmans » ? Barack Obama n'a vraisemblablement pas réfléchi à la réalité du « monde islamique » auquel il s'est si brillamment adressé : existe-il vraiment ou est-il la création d'idéologues qui avaient besoin de trouver à l'Amérique un « nouvel ennemi stratégique » après la dislocation du bloc de l'Est ? Car la question se pose : qu'est-ce que le « monde islamique » ? Sont-ce les royaumes du Golfe dont certains font partie des Etats les plus nantis de la planète, ou la Somalie et le Tchad, épuisés par les guerres et les famines ? Est-ce la Turquie au régime parlementaire ou le Qatar au système politique tribal autocratique ? Est-ce l'Algérie où les islamistes participent au gouvernement ou bien la Libye où on les fait pendre dans leurs cellules ?
Les musulmans : des « êtres foncièrement religieux » ?
En s'adressant à un milliard et demi de musulmans en leur qualité de « croyants » et non de citoyens, le président américain a ressuscité un vieux préjugé « occidental ». Comme en des siècles obscurs, les « mahométans » seraient essentiellement des êtres « religieux », et, dans leurs pays, la religion est le principal moteur de la vie sociale ; il suffit d'évoquer la grandeur de leur foi, de s'étendre sur leurs lauriers passés pour conquérir leurs cœurs et leurs terres. C'est ce même préjugé qui avait fait écrire à Napoléon Bonaparte, dans une lettre à un notable égyptien, le cheikh Al Messiri : « J'espère que le moment ne tardera pas où je pourrai réunir tous les hommes sages et instruits du pays et établir un régime uniforme, fondé sur les principes de l'Alcoran, qui sont les seuls vrais et qui peuvent seuls faire le bonheur des hommes. » C'est également ce préjugé qui fait de l'expression du « respect de l'Islam » une constante du discours officiel américain, de Dwight D. Eisenhower et à Barack Obama. Considérer le monde islamique comme une entité unique par delà ses différences politiques, économiques et linguistiques n'est pas seulement une erreur théorique. C'est aussi, tacitement, donner raison aux courants intégristes qui affirment l'existence d'une seule nation de « l'océan à l'Océan » aujourd'hui agressée par les « impies judéo-chrétiens ». C'est donner une nouvelle légitimité aux dirigeants islamistes et reconnaître en eux les authentiques représentants de leurs « coreligionnaires ». L'Amérique ne sera jamais en guerre contre l'Islam, a promis le président américain comme pour s'excuser de ce que son prédécesseur ait allumé le feu d'une « guerre de religions » moderne. Mais les campagnes de George W. Bush en Afghanistan et en Irak étaient-elles des « campagnes contre les musulmans », comme aiment à le répéter les islamistes ? Il est permis d'en douter. Les Etats-Unis ont renversé les Talibans avec le concours de l'« Alliance du Nord », une milice islamiste. Ils ont installé à leur place le régime de Hamid Karzaï, un adepte de l'application de la chariaa tout « modéré » qu'il soit. Ils ont remplacé le régime laïcisant de Saddam Hussein par un autre, presque théocratique. La liste des alliés « musulmans » de l'Amérique bushienne comportait un Etat comme l'Arabie Saoudite qui défend aux femmes de conduire les voitures et un autre, comme la Tunisie, qui autorise l'avortement libre et gratuit ; des Etats qui reconnaissent les mouvements islamistes comme la Jordanie et d'autres qui, comme l'Egypte, les interdisent. George W. Bush avait, selon toute vraisemblance, de solides convictions islamophobes mais ses mises en garde contre la « menace islamique » semblaient destinées principalement à la consommation intérieure. Elles étaient censées aligner les électeurs derrière une Maison-Blanche occupée à la défense militaire des intérêts du capitalisme américain déclinant. Chaque fois qu'il s'était agi de rassurer les « musulmans », l'ancien président des Etats-Unis avait rappelé l'« humanisme de l'Islam » en des termes que ne renieraient pas son successeur. Se souvient-on qu'en 2003, lors d'une visite en Indonésie, il avait affirmé que l'islam était l'« une des plus prestigieuses religions » de l'humanité. Se souvient-on qu'en 2007, au centre islamique de Boston, il avait rappelé l'« apport des musulmans à la civilisation universelle » ? Qu'a dit Barack Obama au Caire de si différent ?
Le président américain aux Palestiniens : « Encore des concessions »
Le président américain a eu pour le peuple palestinien des mots généreux qu'aucun politicien américain - à l'exception notable de Jimmy Carter - n'avait jamais eus pour lui. Mais que lui a-t-il concrètement offert ? Le journaliste égyptien Mohamed Hassanine Haykal a résumé la situation en ces mots : « A nous les Arabes, il a déclamé un poème d'amour. Aux Israéliens, il a clairement promis une inébranlable et éternelle amitié » ( Al Chourouk, le Caire, le 8 juin 2009). Le nouveau chef de la Maison-Blanche a critiqué la poursuite de la colonisation des territoires palestiniens et exprimé son soutien à l'idée d'« un Etat palestinien vivant côte-à-côte avec Israël ». Cependant, si ces positions paraissent révolutionnaires, c'est probablement parce que le gouvernement israélien a reculé sur les engagements du gouvernement Olmert, eux-mêmes véritablement mineurs. Il poursuit la colonisation et ne manque pas une occasion pour réaffirmer son opposition à « la solution des deux Etats ». Non seulement le soutien américain à la création d'une entité palestinienne n'est pas nouveau (George W. Bush l'a exprimé pour la première fois en 2001), mais la nature de cette entité reste vague dans le discours de Barack Obama. S'agit-il d'un Etat souverain ou d'un réseau de bantoustans, dont les espaces aérien et maritime seraient contrôlés par Israël ? S'agit-il d'un Etat ou, comme le propose Benyamin Netanyahou, d'une nouvelle Andorre — misérable, celle-ci —, qui n'aurait des attributs de la souveraineté qu'un simple drapeau ? Le président américain ne l'a pas précisé. En revanche, le lendemain de son discours au Caire, il demandait aux Arabes depuis l'Allemagne de faire des « concessions douloureuses », soulignant, sur un ton plutôt bushien, que « Mahmoud Abbas a progressé (sur cette voie) mais pas encore suffisamment » ! Cette déclaration semblait curieuse, car si l'Autorité palestinienne avait bien accueilli le discours de Barack Obama au Caire, ce n'était pas le cas du gouvernement Netanyahou. Dans un geste de défi à Washington, le ministre de l'Intérieur israélien, Eli Yishai, avait même promis d'« user de ses prérogatives pour étendre les colonies » et s'était engagé à « ne jamais accepter qu'un seul foyer de colonisation soit supprimé ». Mais le réajustement rapide de la position de Barack Obama sur la question palestinienne n'était pas surprenant. Sa compassion pour les Palestiniens avait beau être toute rhétorique, elle avait révolté les officiels israéliens et la droite conservatrice américaine. La clarté avec laquelle il a demandé aux Palestiniens plus de concessions renseigne sur l'étroitesse de sa marge de manœuvre pour contraindre Benyamin Netanyahou à reconnaître les droits nationaux palestiniens. Est-ce que, pour autant, Barack Obama et George W. Bush, « c'est du pareil au même » ? Le président qui a fait fermer le camp de Guantanamo ressemble-t-il à celui qui l'avait fait ouvrir ? Un président qui appelle au respect des libertés religieuses des musulmans est-il comparable à un autre qui a fait de ces derniers les suspects préférentiels de la CIA et du FBI ? Non. Mais la différence entre les deux présidents n'est pas leur amour ou haine des « musulmans ». Elle est dans la volonté de l'un de reconnaître la contribution des alliés de l'Amérique au maintien de son hégémonie et l'obstination de l'autre à les considérer comme des épigones interchangeables. Elle est dans le pragmatisme de Barack Obama tranchant avec les projets illuminés de son prédécesseur, qui entendait démocratiser le « monde musulman » par la force des armes. Le changement de la politique extérieure des Etats-Unis ne s'explique pas seulement par les idées et l'histoire personnelles du président américain car cette politique est le fruit de difficiles arbitrages entre les élites américaines, républicaines et démocrates. Bien avant l'élection de Barack Obama, une partie de ces élites s'étaient montrée critique envers la conduite de l'occupation de l'Irak et de l'Afghanistan et la gestion du dossier du nucléaire iranien. Leurs pressions avaient abouti au limogeage de l'ancien ministre de la Défense, Donald Rumsfeld, et à la publication en novembre 2007 d'un rapport des agences de renseignement attestant l'inexistence d'un programme nucléaire militaire en Iran. Ainsi, sous le règne George W. Bush déjà, la révision de sa politique extérieure était devenue, pour la plus grande puissance mondiale, une nécessité de survie. Et si elle l'était devenue c'est parce que les résistances des peuples, en Amérique latine et au Moyen-Orient, avaient mis en échec les plans hégémonistes US. Barack Obama, de ce point de vue, est « l'homme de la situation ». Son nom, sa culture et ses origines l'habilitent à accélérer cette révision et à adoucir, pour mieux le faire avaler à la planète, l'éternel expansionnisme yankee.


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