Préface L'article que nous voudrions présenter se veut une description d'une manière exhaustive de la situation actuelle des accidents de la circulation en Algérie et de souligner la nécessité absolue d'une intervention imminente par des mesures draconiennes pour une atténuation sensible de ce fléau qui ne cesse de prendre des proportions alarmantes. C'est dans cette optique que nous tenterons d'aborder successivement les différents aspects de ce fléau social ayant besoin de changements urgents afin de pallier les lourds tributs déjà enregistrés. Aussi, l'objectif principal de cette contribution est de : – Mettre en relief le rôle primordial de l'ensemble des concernés par la sécurité routière (institutions, organismes, citoyens…) à commencer par les conducteurs eux-mêmes ; – appliquer et suivre les recommandations et autres mesures coercitives prises pour une réduction des accidents de la circulation ; – former et informer non seulement dans le domaine technique mais aussi et surtout sur les risques encourus dans la circulation routière et les attitudes sécuritaires. Problématiques A l'instar de l'ensemble des mesures et décisions édictées par l'Etat, en vue d'améliorer le bien-être des citoyens dans les domaines tels que la santé publique, l'habitat, l'éducation nationale, la culture, l'environnement, l'éducation sportive… la prévention routière n'a pas été en reste, et un programme ambitieux pour réduire, un tant soit peu, le nombre d'accidents de la circulation a été mis en place : – Campagnes périodiques de sensibilisation ; – contribution des différents médias aux journées de sensibilisation ; – initiation au code de la conduite au profit des élèves des différentes écoles du pays ; – contribution efficace de la sûreté nationale à ces journées d'initiation ; – distribution de prospectus et brochures relatant la situation des accidents de la circulation dans notre pays ; – surveillance accrue et vigilance des différents corps concernés par la sécurité routière (sûreté nationale, gendarmerie) – rénovation du parc national ; – extension du réseau routier. Cependant, le nombre d'accidents de la route suivi du funèbre et lourd cortège de décès ne cesse d'augmenter. Jugez-en uniquement par ces chiffres des deux dernières années : Malheureusement, ces chiffres nous placent au 4e rang mondial et au 1er rang maghrébin dans la survenue des accidents de la circulation. Alarmant, tel est le constant pour reprendre l'expression utilisée par l'OMS pour décrire cette hécatombe qui enregistre le taux le plus élevé de mortalité. Il est grand temps d'agir vite tant ce «terrorisme de la route» tue encore d'innocentes personnes jeunes et moins jeunes. Ainsi, l'état des lieux fait ressortir les éléments suivants : – Plus de 35% des conducteurs ont moins de 25 ans ; – enseignement théorique et pratique du code la route nettement insuffisant en volume horaire ; – augmentation sans cesse du nombre de véhicules exigés par l'essor économique que connaît notre pays ; – inadéquation du réseau routier par rapport au parc national ; – absence quelquefois du contrôle technique, particulièrement, les véhicules anciens ; – contrefaçon des pièces de rechange des véhicules ; – dysfonctionnement, défectuosité du matériel par manque d'entretien par les usagers des véhicules ; – absence (souvent) de plaques signalétiques ; – absentéisme à la visite médicale de certains chauffeurs, notamment les conducteurs de transport en commun ; – comportement irréfléchi et irresponsable des chauffeurs de transports publics ; – routes non conçues en fonction du volume, du poids et de la vitesse des véhicules ; – absence de contrôle et d'inspection de certains ponts construits durant l'ère coloniale ; – développement économique croissant, exigeant une forte demande de conducteurs surtout P. L. et T. C. Notions d'accident Etymologie Il s'agit d'un terme emprunté au latin «accidents» qui veut dire survenant. Un accident est donc d'abord un événement ou «ce qui vient rompre la marche régulière des choses» (Harzfeld et Darmester 1890) Définition légale L'ordonnance n° 66-183 du 21 juin 1966 reprise par la loi 83-13 du 2 juillet 1983 portant réparation des accidents et des maladies professionnelles définit l'accident de trajet comme un accident de travail s'il s'est produit entre l'aller et le retour du trajet effectué par l'assuré pour se rendre à son travail ou en revenir. Risques encourus Chaque année, les routes en Algérie deviennent de plus en plus meurtrières. Les chiffres que nous avons avancés sont, on ne peut plus clair – éloquents pour que la sonnette d'alarme retentisse – et suffisants pour souligner l'importance des risques encours par les utilisateurs de la route. Aussi, il convient d'établir une analyse de l'ensemble des risques par tous les éléments causals : le moyen humain (le conducteur) ; – le moyen matériel (le véhicule) ; – Le milieu extérieur (l'environnement immédiat) – a) L'individu Le comportement du conducteur sur la route est l'un des facteurs les plus importants en matière de sécurité routière, plus particulièrement, lorsque ce dernier est responsable de la sécurité de dizaines de passagers. L'appréciation de ses aptitudes et de son comportement devient primordiale. Il demeure bien entendu que l'état de santé et les aptitudes physiques et mentales jouent un rôle déterminant dans le comportement du conducteur. D'autres facteurs psychologiques, culturels, professionnels influent également sur le comportement de ce dernier. Dans ce contexte, les différentes études menées par les spécialistes en la matière ont mis en exergue l'importance de l'examen médical. En ce sens, l'Organisation mondiale de la santé a élaboré un guide sur les aspects médicaux de l'aptitude à conduire les véhicules automobiles. A l'heure où le monde entier connaît des maladies diverses, certaines dites silencieuses, qui n'apparaissent que lorsque le mal est déjà ancré, contribuent à accroître le risque d'accident durant la conduite du véhicule. Parmi ces pathologies, nous pouvons citer celles qui peuvent provoquer une perte soudaine de conscience, empêcher la perception sensorielle (la vue surtout), compromettre la coordination psychomotrice ou fausser les réactions appropriées aux diverses circonstances. Aussi, il est exigé des conducteurs professionnels, en particulier ceux qui assurent des transports de passagers des conditions médicales plus strictes que pour les conducteurs d'autres catégories. – b) L'état du véhicule L'état général du véhicule, l'équipement et la signalisation tiennent une place prépondérante en matière de sécurité routière : 1) Les divers boutons, manettes et pédales doivent être facilement accessibles, sans pour autant faire des efforts ; 2) Le frein doit être actionné juste au moment de lâcher l'accélérateur ; 3) les cadrans et les tableaux de bord doivent fournir les informations essentielles à la conduite de façon claire et nette ; 4) les essuie-glaces doivent libérer la vitre de l'eau de pluie ; 5) les rétroviseurs bien ajustés ; 6) l'éclairage approprié aux caractéristiques mêmes du véhicule ; 7) la ceinture de sécurité doit fonctionner facilement ; 8) la signalisation du véhicule (dispositifs feux arrières et catadioptres) ; 9) les pneumatiques (vérification) de l'état des pneus c) La route Malgré les efforts consentis en vue d'améliorer le réseau routier par la construction des autoroutes, nos routes demeurent jusqu'à présent les plus meurtrières. Nous donnons ci-après les axes routiers qui enregistrent le taux le plus élevé en matière d'accidents : RN1 – Alger/Tamanrasset RN3- Skikda/ Constantine RN4-Alger/Oran RN5-Alger/Constantine RN6-Mascara/Adrar RN11-Alger/Mostaganem – d) La signalisation S'agissant de la signalisation routière, il est a relever que certaines routes ne comportent pas de plaques signalétiques par endroits. Nous avons également relevé que si une plaque arrive à manquer, les services concernés tardent à la faire remplacer, ce qui laisse supposer un manque d'informations pour le conducteur qui encourt un danger. Par ailleurs, la monotonie sur les longs trajets, notamment du Sud algérien peut être à l'origine de la somnolence chez le conducteur. – e) Les conditions météorologiques Les conditions météorologiques particulièrement en hiver influent de façon négative sur la circulation routière provoquant ainsi des dérapages en cette période de l'année. Même la saison estivale n'échappe pas à ces accidents. Fréquentées par des touristes, notamment par nos concitoyens qui viennent passer leurs vacances d'été, malheureusement certains ne retrouveront plus le chemin du retour. La mort les a ravis. – f) Parc national Une augmentation fulgurante du nombre de véhicules est à constater dans le parc national. En 1996, seuls 2 450 000 véhicules ont été recensés contre 4 650 000 en 2006, ce qui provoque une croissance anarchique du trafic car les réseaux routiers ne sont pas disposés encore à recevoir un chiffre énorme de véhicules. D'autres facteurs non moins importants peuvent influer sur le comportement du conducteur, il s'agit par exemple de : – La toxicomanie, l'alcool, la fatigue et l'âge. Conclusions/Recommandations Seule une politique nationale de prévention routière constitue actuellement le remède pour réduire, un tant soit peu, les accidents de la circulation d'où la nécessité absolue d'élaboration d'outils adaptés et l'intérêt d'un travail collectif. Aussi, les dispositions suivantes pourraient être contributives à la réduction du nombre d'accidents de la circulation : – Installation et généralisation à même les communes des commissions de prévention qui auront pour tâches essentielles de : ¸ Vérifier l'état des routes, de la présence des plaques signalétiques au sein de leurs communes respectives ; ¸ organiser des journées de sensibilisation même au sein des mosquées (le thème n'a pas eu sa place comme il se doit dans ce lieu de culte) ; ¸ collaborer avec les établissements scolaires de la commune pour inculquer les rudiments du code de la route aux futurs conducteurs (élèves) ; ¸ exiger du confort et de l'hygiène dans les transports publics de leurs communes ; ¸ projeter des films et des documentaires relatant les accidents de la circulation afin de sensibiliser les citoyens sur ce fléau social ; – regrouper des propriétaires des transports publics au sein des coopératives ; – créer au sein de la coopérative des transporteurs d'une commission œuvres sociales qui prend en charge les problèmes spécifiques des transporteurs ; – installer au sein de ces coopératives un service de médecine du travail ; – limiter les vitesses pour les transports publics (étrangleur, mouchard…) – installer et généraliser des radars sur les routes à grande vitesse ; – mettre en place des ralentisseurs dans les voies à circulation fréquente ; – installer des feux tricolores dans les carrefours et les rues à grande circulation ; – autoriser le transport en commun aux personnes âgées (plus de 40 ans) ; – mettre en œuvre de formations de recyclage au profit des transporteurs ; – initier des conducteurs de toutes les catégories à des formations de secourisme ; – interdire à tout conducteur de dépasser le nombre d'heures de travail exigé par la législation en vigueur ; – s'assurer que le conducteur a bénéficié du repos hebdomadaire et de son congé annuel (rôle dévolu à la commission de prévention de la commune) ; – exiger des transporteurs de voyageurs de longue distance l'alternance de chauffeurs ; – se débarrasser de tous les anciens véhicules dont l'état est piteux ; – organiser à travers le territoire national des journées sans véhicules ; – généraliser des écoles de conduite de véhicules au profit des élèves à travers les wilayas et daïras ; De par ce modeste travail, je pense avoir donné un avis parmi tant d'autres pour que nos routes ne deviennent plus meurtrières et se rangent dans la catégorie des moins dangereuses. Bibliographie – Textes législatifs et réglementaires de la sécurité sociale CNAS – L'accident du travail et le management de la prévention (Facteurs psychologiques contributifs à l'accident du trajet) (J. Charbonnier) – Classification des accidents du travail – Nomenclature BIT – Recommandations Bit n°161 – Recommandations BIT n°171 – Conditions de travail et mesures de sécurité OIT – Revue de la sécurité n°1969 – Cahiers de santé publique OMS n°12 – El Watan n°5664 – n°5665 – Le Quotidien d'Oran n°4415 – Le management du stress en entreprise (J.L Clairmont) – Hygiène et sécurité – Conditions de travail (R. Audran) – Facteurs humains dans les accidents de la circulation OMS 1979. – L'auteur est : Retraité
