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« Des gens sans visage, c'est inacceptable »
André Gerin. Député-maire de Vénissieux à propos du port du voile intégral
Publié dans El Watan le 29 - 06 - 2009

C'est dans sa ville de Vénissieux (dans la banlieue est de Lyon) dont il a passé les commandes à Michèle Picard le 27 juin, après 24 ans de gestion continue, que le député communiste du Rhône, André Gérin, à l'origine de la proposition de commission d'enquête parlementaire sur le port du voile intégral — laquelle a débouché sur une mission d'information parlementaire — nous a reçus.
Qu'est-ce qui vous a conduit à proposer une commission d'enquête sur le port du voile intégral ?
C'est tout ce qu'on nous dit sur la région lyonnaise, sur la région parisienne, lilloise, j'ai eu même quelques échos ponctuels de communes rurales, puis il y a ce qui se passe dans la vie quotidienne. récemment, un problème s'est posé dans une école où une directrice ne savait pas à qui elle allait remettre un enfant, elle avait en face d'elle un « fantôme ». On a des petits conflits, pratiquement toutes les semaines à l'état civil pour les cartes d'identité, les passeports, les cérémonies civiles de mariage où des femmes refusent de se découvrir le visage. Il y a une dérive depuis plusieurs années, dans un livre que j'ai écrit il y a deux ans sur les ghettos de la République, suite aux émeutes de 2005, j'ai abordé cette question. Il fallait dans un premier temps obliger les responsables politiques de notre pays à sortir de leur indifférence et de leur aveuglement. La commission d'enquête que j'ai proposée a cet objectif. J'ai voulu une commission d'enquête républicaine, sans a priori partisan, et quand j'ai sollicité les parlementaires de l'Assemblée nationale, 57 m'ont rejoint, aujourd'hui, nous sommes 84.
Ce sont majoritairement les députés de droite qui ont soutenu votre démarche...
Ils ont répondu à une initiative d'un député communiste. C'est original ! Parmi les 57 députés, il n'y a pas beaucoup de députés connus, mais des députés de base. Premièrement, toutes les tendances sont représentées, et pour moi, cette démarche était importante, c'est ce qui a fait d'ailleurs l'électrochoc médiatique la semaine dernière. Deuxièmement, il faut un état des lieux, non pas pour établir des chiffres, mais pour dire ce qui se passe dans les services d'état civil des mairies, à l'hôpital avec les médecins hommes, et pourquoi. En troisième lieu, il s'agit d'ouvrir un débat auquel on associera les acteurs de terrain qui sont en première ligne, les associations féminines, les représentants cultuels. Tout a confirmé, depuis une semaine, que ces « prisons ambulantes » (femmes intégralement voilées, ndlr) n'ont rien à voir avec le coran et l'islam, et derrière cet état de fait, il y a une entrée des fondamentalistes et des intégristes qui font croire que le voile intégral est une prescription religieuse, cela pour instrumentaliser l'islam à des fins politiques et autres. Ce qui m'intéresse dans la commission d'enquête, c'est de faire en sorte que les musulmans qui veulent un islam tolérant, un islam des lumières soient partie prenante des discussions, voire des préconisations que la mission d'information parlementaire sera amenée à faire. Il faut que les musulmans soucieux de la laïcité et de la République sortent de leur silence, parce que c'est une majorité, il faut faire reculer l'emprise des fondamentalistes et des intégristes.
Avez-vous eu des contacts avec des représentants de la communauté musulmane ?
Depuis l'affaire, Bouziane (Abdelkader Bouziane, imam à Vénissieux, avait déclaré à un journal local en 2004 qu'il était polygame, que « battre sa femme (en cas d'adultère) est autorisé par le Coran », « ne pas la frapper sans raison (...) ni n'importe où mais frapper fort (...) afin qu'elle ne recommence plus », propos qui avaient suscité un très fort émoi et qui avaient valu à son auteur une mesure d'expulsion, annulée par la suite, ndlr). Jamais je n'ai eu d'aussi nombreux contacts constructifs et positifs avec la communauté musulmane dans ma ville. Cette commission d'enquête devrait aider à répondre à un malaise qui existe dans la société française, y compris chez les musulmans par rapport à cette situation.
Vous avez été entendu, puisque le président Sarkozy s'est prononcé sur la question et le principe d'une commission d'enquête a été arrêté...
D'une mission d'information, mais ce n'est pas mal. Ce qui s'est passé au niveau politique montre qu'on ne reviendra pas en arrière. Jusqu'où on pourra aller, je ne sais pas, mais le débat est ouvert, et ce qui est important pour moi d'un point de vue républicain, c'est que la population, au sens large, va pouvoir se dire « enfin on aborde ce sujet, on ne ferme pas les yeux ». La République ne peut pas accepter qu'il y ait des gens sans visage sur la voie publique.
Y a-t-il une communauté qui pose ou qui rencontre des problèmes particuliers à Vénissieux ?
Sur l'ensemble des Vénissians d'origine maghrébine, les familles venant d'Algérie sont les plus nombreuses (plus des 2/3 des immigrés d'oraigine maghrébine), Qu'il y ait des problèmes de délinquance, d'incivilité… c'est évident, mais c'est vrai aussi pour d'autres familles qu'on appellera de souche française. La paupérisation économique, sociale, morale et culturelle touche fortement ces populations. Je ne recherche pas un classement en termes de communautés. Pour ces familles, il s'agit de survie.
Le taux de chômage est-il élevé ?
Pour les jeunes de moins de 25 ans, il est entre 35 et 40%. Au cœur de la ville c'est 17 % de la population qui est concernée, peut-être plus maintenant sur le plateau des Minguettes qui représente 40% de la population de la ville, le taux de chômage est de 25 à 30%.
Vénissieux est-elle une ville difficile ? Sensible ?
Sensible, je n'ai jamais su ce que cela veut dire. Vénissieux est une ville populaire, riche de la diversité de ses habitants.
Que propose la Ville pour faciliter un mieux-vivre ?
La Ville propose des actions et des initiatives qui limitent les dégâts. On essaie de faire en sorte qu'il y ait plus de solidarité entre les gens, de faire reculer les incivilités et le sentiment d'insécurité. J'ai mis en place 13 conseils de quartiers qui fonctionnent depuis 1990. Un important travail est fait dans les quartiers. En 1995, le Front national faisait 29 % de voix, aujourd'hui, il est tombé à moins de 10%. Mais le problème de fond, soit un problème de politique générale, continue à s'aggraver.
Que demandent en priorité les habitants de la ville ?
Des moyens pour vivre. Des logements décents. Du travail et non des petits boulots. Nous, nous limitons les dégâts et en même temps, nous essayons de montrer aux gens et aux jeunes, en particulier, qu'il faut aussi que eux-mêmes mettent la main à la pâte, se mêlent de la chose de la cité et de la chose politique.
Il y a un tissu associatif intéressant ...
Très important. Il y a 500 associations qui sont soutenues par la ville.
Sur la question du voile intégral, comment le problème se pose-t-il ? Avez-vous été interpellé par des habitants de la ville ?
Je suis choqué à titre personnel et la population le vit comme un malaise et une régression.
Pourtant on affirme que c'est un phénomène marginal ...
Vous parlez du microcosme parisien ! Pour moi, il y a une dérive de la société française, un recul de la République, un recul de la laïcité et un recul du combat historique des femmes par rapport à la libération de la femme. Un recul sur la féminité. Des maires ont accepté que dans les piscines des horaires soient aménagés exclusivement pour les femmes. Des élèves de 14-15 ans dans les cours de philosophie, de sciences naturelles, de biologie, contestent ce que dit le professeur. Pour moi, c'est un ensemble et l'affaire Bouziane est reliée à cette situation. Les choses se sont aggravées depuis le 11 septembre. J'ai été profondément touché quand deux jeunes d'un même quartier de Vénissieux se sont retrouvés en 2002 à Guantanamo. Depuis sept ans, je n'ai toujours pas de réponse à ma question : qui bourre le crâne de nos gamins. Avec le port du voile intégral, je fais le lien avec cette situation, mais je ne veux pas faire une affaire contre ces femmes. Ce n'est pas cela le problème. Il s'agit de savoir ce que cela veut dire aujourd'hui républicain, laïc, dans un pays comme la France, s'il y a de la place pour un islam tolérant, capable de se mettre au goût du jour avec l'idée des lumières. Et c'est ce débat là qu'il faut engager, pour faire bouger y compris notre culture judéo-chrétienne et nos racines catholiques parce qu'il y aussi des a priori, il y a même des gens qui se servent des intégristes, des maires qui ont pactisé aux municipales avec les intégristes.


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