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Abdelkader Bensaïdane, dit Si Omar, torturé par les paras de Massu
Publié dans El Watan le 08 - 11 - 2009

Il était mon cadet de plusieurs années. C'est son frère aîné, Mohammed, qui était mon camarade de classe, dans la célèbre école Olivier. Militant de la première heure au cours de la guerre de Libération nationale – dont le peuple algérien vient de célébrer le 55e anniversaire de son déclenchement-, il est arrêté et affreusement torturé au cours de la Bataille d'Alger, engagée par les paras du général Massu à la suite de la grève des 8 jours, décidée par le FLN, à l'occasion de la tenue de l'Assemblée générale de l'ONU, le 28 janvier 1957.
Une terrible répression s'est abattue sur les Algérois, au terme de laquelle on dénombra plus de 4000 «disparus» ! Le témoignage qui suit est extrait, pour l'essentiel, de mon livre Vivre, c'est croire.
«Le premier jour, la grève était totale ; très rapidement, elle sera cependant brisée, mais à quel prix ! Les grévistes embarqués manu militari et déchargés comme du bétail sur leur lieu de travail, des milliers d'arrestations, Maurice Audin, Ben M'hidi, Ali Boumendjel assassinés, le militant communiste François Yveton, déjà condamné à mort, guillotiné…
Le groupe des médecins activant au sein de la section sanitaire d'Alger du FLN fut arrêté et enfermé pendant 10 jours, dans une espèce d'abri de guerre, en pleine campagne, en dehors d'Alger, sous la surveillance d'un para, à la mitraillette constamment tournée vers nous.
Puis ce fut le transfert au Centre de transit de Beni Messous destiné, en principe, à un hébergement de courte durée – une semaine tout au plus – des très nombreuses victimes de la répression. Ces dernières, entassées dans des camions, étaient journellement déversées au centre, comme de vulgaires marchandises.
Contrairement à la plupart des internés, qui furent rapidement dispatchés sur les différents camps de détention du pays, les 9 médecins que nous étions passâmes 4 mois pleins à Beni Messous, où les conditions d'hygiène étaient des plus déplorables.
Ce séjour prolongé -inexplicable- au Centre de transit, nous a permis de voir «passer» un nombre impressionnant de victimes des paras de Massu. C'est ainsi qu'arrivèrent un jour, Abdelkader Bensaïdane, Mohammed Chenaf, Tahar Oussedik, un boxeur dont j'ai oublié le nom et tant d'autres.
Chenaf et Oussedik étaient dans un état lamentable. Suspendus par les membres supérieurs pendant plusieurs jours, ils mirent longtemps à récupérer leurs fonctions.
Le boxeur qui avait, paraît-il, une «gauche ravageuse», eut droit à un traitement de faveur de la part des paras : un couteau planté dans le dos de ladite main, la rendant inutilisable pour toujours ! Quant à Si Omar, objet du présent témoignage, il eut droit à une torture d'un autre genre : militant à Belcourt, talentueux footballeur, il passa par un lieu qu'il connaissait donc bien, le stade municipal (du 20 Août 1955), Là, il eut droit à un mode de torture inconnu par nous : du sel, versé sur des incisions de la chair, toutes fraîches, pratiquées à vif avec une lame Gillette !
A l'indépendance, Si Omar a œuvré pour le pays au sein d'une grande commission régionale chargée de l'étude des dossiers des victimes de la guerre de libération.
Le destin l'épargna durant les pénibles épreuves qu'il connut pendant la guerre de libération. Mais la maladie eut raison de sa forte carrure de sportif. Que Dieu ait son âme. A Si Omar et à tous ceux qui ont tant ou tout donné pour que notre pays vive dans la liberté et la dignité, j'exprime, en ce jour commémoratif du 1er Novembre 1954, mon profond respect, et à leurs familles, ma plus grande sympathie. .
Post-scriptum
Mon témoignage, déjà un peu long, pourrait se limiter à ce qui précède. Mais en ce jour commémoratif du 1er Novembre 1954, je me sens vivement et douloureusement interpellé par nos martyrs et par tous ceux qui ont donné le meilleur d'eux-mêmes pour la patrie.
Nous tous, nos responsables à tous les niveaux en premier lieu, avons-nous fait tout ce qu'il fallait pour que les énormes sacrifices consentis par notre peuple pour sa libération ne soient pas vains ? L'énorme fuite des cerveaux, les émeutes qui secouent régulièrement le pays, les dizaines des tristement célèbres «harraga» – que la mer engloutit souvent -m'autorisent à reprendre les propos tenus par une des plus illustres personnalités de l'Algérie contemporaine, propos tirés de mon dernier livre Algérie, résistance et épopée. C'est un dialogue imaginé entre deux immenses personnalités aujourd'hui disparues, mais que l'histoire a immortalisées, il s'agit de Ahmed Messali Hadj et de Ferhat Abbas.
Ferhat Abbas : «J'ai toujours été un homme épris de liberté, de démocratie et de légalisme, dans un Etat de droit.»
Durant mon long combat contre le régime colonial, j'ai fait appel, des décenies durant, au cœur et à la raison des gouvernements français, pour les amener à admettre qu'il était dans l'intérêt de la France et des Français d'Algérie eux-mêmes de reconnaître aux musulmans les mêmes droits qu'eux. En vain.
C'est dans le même esprit que je me tourne aujourd'hui vers les responsables de l'Etat algérien. Je les adjure de mettre enfin un terme aux indicibles souffrances de leurs compatriotes, faits de la même chair qu'eux et adorant le même Dieu.
Les 1er et 8 Mai 1945, les Algériens ont crié : «Basta !» face au colonialisme oppresseur. Le 5 octobre 1988, la jeunesse algérienne a également lancé un déchirant et pathétique : «Basta» à la «hogra», dont les seuls responsables étaient, cette fois, leurs frères au pouvoir depuis 1962. En vain !
Je m'adresse de nouveau aux maîtres de ce pays, avec toute la force de mes convictions humanistes et toute la charge émotionnelle de la foi religieuse d'un musulman s'adressant à ses coreligionnaires, pour leur dire : «De grâce, un peu de commisération et de compassion pour vos frères de sang et de religion !»
Est-il difficile, en terre d'Islam, de pratiquer une politique humaniste, où la justice, la dignité, les libertés démocratiques, la tolérance, ne seraient pas de vains mots, des vœux pieux ? Nos dirigants politiques, à tous les niveaux, peuvent-ils trouver le sommeil, la conscience tranquille, alors que leur peuple vit une situation dramatique… ?


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