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« L'hôpital Mustapha Pacha et la Protection civile du port doivent être déclassés »
Mohamed Naboussi Farsi. Chef de département au Centre national de recherche appliquée en génie parasismique
Publié dans El Watan le 10 - 07 - 2009

Que deviendraient les sièges de la présidence de la République, de la chefferie du gouvernement, de l'APN, du Sénat, de la direction générale de la Protection civile et de la DGSN en cas de nouveau séisme ? L'Etat vient de commander une étude de vulnérabilité. Alors que le rapport alarmant de 1997 faisant état de l'urgence de déclasser l'hôpital Mustapha Pacha et l'unité de la Protection civile du port, qui ne résisteraient pas à un nouveau séisme, n'est toujours pas pris en considération. Mohamed Naboussi Farsi, chef de département au Centre national de recherche appliquée en génie parasismique, s'en alarme (CGS) : les sites stratégiques d'Alger ne pourraient pas faire face à un tremblement de terre de la même puissance que celui de Boumerdès.
En 2006, nous parlions déjà du déclassement de l'hôpital Mustapha Pacha d'Alger qui ne résisterait plus à un fort séisme. Qu'a-t-on fait depuis ?
L'hôpital avait attiré notre attention depuis le séisme d'El Asnam en 1980. A cette époque, en imaginant un scénario en cas de séisme, nous avions buté sur le problème d'accès à l'hôpital, site stratégique en cas de tremblement de terre. Cette problématique était posée dans le cas où l'hôpital tiendrait le coup et ne céderait pas à la secousse. Mais l'étude approfondie que nous avions effectuée en 1990 - dont les résultats ont été connus en 1997 - menée par le CGS avait montré que 80% des salles ne résisteraient pas à un séisme de même magnitude que celui de Boumerdès en 2003. Les réaménagements effectués depuis des années n'ont pas été faits dans l'idée de garantir une tenue antisismique. Nous avions donc constaté qu'il était important de déclasser la majorité des services et que cet hôpital ne pouvait plus être un bâtiment stratégique.
Quels sont les autres bâtiments stratégiques appelés à être déclassés ?
L'étude a également porté sur d'autres bâtiments stratégiques, appelés à fonctionner normalement et de manière continue en cas de catastrophe. L'étude a montré que le central téléphonique Aïssat Idir d'Alger, le noyau de la capitale en matière de communications, peut résister et peut même être sauvé si quelques renforcements sont opérés. En revanche, le siège de la Protection civile basée au port d'Alger, premier intervenant sur le terrain, ne répond pas aux normes et ne résistera pas à un autre tremblement de terre. Le siège de la wilaya d'Alger pourrait également être sauvé avec quelques renforcements nécessaires. Les Chèques postaux de la place des Martyrs et le Centre de calcul de Ben Aknoun nécessitent également quelques renforcements mais ne sont pas en danger. L'hôpital Mustapha Pacha et la Protection civile ne doivent plus servir en principe à leur mission stratégique. Leurs espaces pourraient être récupérés pour une autre activité moins importante en cas de catastrophe. Il est donc nécessaire de transférer les malades ailleurs, à l'exception de quelques services, à l'exemple du Centre Pierre et Marie Curie (CPMC) qui avait fait l'objet de calculs parasismiques dans les années 1980.
Le rapport sur ces résultats alarmants a-t-il été remis aux autorités ?
Oui, le rapport a été remis à qui de droit. Toutes les tutelles concernées sont au courant. Mais depuis, rien n'a été fait, malheureusement. Sauver les bâtiments stratégiques est une démarche indispensable et les autorités en sont parfaitement conscientes. A tel point que l'Etat (ministère de l'Habitat et de l'Urbanisme) vient de commander au CGS une deuxième tranche d'étude portant sur la présidence de la République, le Palais du gouvernement, le Sénat, l'APN et la DGSN. Il s'agit de bâtiments qui assureront la sécurité publique en cas de catastrophe. La convention a été signée récemment.
Avez-vous entamé l'étude ?
La première phase de l'étude est difficile. Elle consiste à faire un travail de documentation minutieux et de recherche d'éventuels plans de ces bâtiments. Nous avons pratiquement entamé nos recherches. Mais en l'absence de toutes ces pièces, nous serons dans l'obligation d'effectuer des relevés sur place, ce qui prendrait beaucoup de temps.
Pourquoi vous intéressez-vous seulement à Alger alors que toute la région du Nord présente un risque ?
D'abord, je tiens à vous dire qu'en cas de catastrophe, toutes les décisions importantes se prennent au niveau de la capitale. Il faudrait alors sécuriser Alger avant de penser aux autres régions. N'empêche que d'autres études d'une autre nature sont entamées dans diverses wilayas. A Boumerdès, Tipaza, Blida, des études sont en cours. Nous effectuons une étude d'aléa sismique sur la région d'Oran et d'Arzew. Deuxième ville importante après la capitale avec le plus grand pôle industriel de l'Algérie, elle présente le même risque sismique que la capitale. C'est pour cette raison qu'il faudrait rapidement entamer des études de microzonage, de risque sismique et de vulnérabilité de bâtiments stratégiques dans ces deux villes, comme nous l'avons fait pour Alger. La ville de Constantine fait aussi l'objet, en ce moment, d'une étude de vulnérabilité et d'adaptation antisismique de bâtiments stratégiques (hôpital Ben Badis, siège de wilaya, hôpital El Khroub, etc.). Certaines villes comme Alger, Oran, Constantine, Blida, Annaba, Arzew, Skikda, etc., du fait de plus grandes concentrations d'infrastructures économiques et de population, requièrent une attention particulière pour les protéger, à un niveau acceptable, contre le phénomène sismique qui les menace. Dans ces villes, les études de vulnérabilité et d'évaluation de risque sismique ont pour objectif fondamental l'évaluation des dommages et des pertes qui pourraient se produire en imaginant des scénarios catastrophes avec des séismes probables. Les résultats de ces études sont présentés sous forme de carte qui serviront aux décideurs pour prendre les mesures préventives nécessaires. Deux études de ce type ont été réalisées à Alger en 1998 (CGS) et en 2006 (JICA). Actuellement, deux villes font l'objet de ce type d'étude : Blida et Constantine.
Et qu'en est-il du nouvel aéroport international ?
C'est un bâtiment construit selon les normes, mais en cas de séisme assez fort, il pourrait subir quelques dommages qui entraîneront l'arrêt du trafic pendant quelques jours, peut-être une semaine.
Selon vous, Alger est-elle capable de subir le même choc que celui de 2003 ?
L'ancien tissu urbain est très dense, cela pourrait poser problème en cas de nouveau tremblement de terre, d'autant que toutes les études faites sur la sismicité de la ville d'Alger ont montré que celle-ci est assez élevée. Il faut donc se préparer pour limiter les dommages importants. La population, par exemple, doit en être consciente et devrait peut-être suivre l'exemple de la Turquie, à Istamboul où, dans chaque quartier, un comité est chargé de l'organisation des habitants et dispose d'une maisonnette sécurisée, équipée du matériel nécessaire aux premiers secours en cas de séisme. Les études effectuées depuis 1998 portant sur le risque sismique du tissu urbain de la ville d'Alger montrent que les infrastructures de base peuvent également poser problème. Les ponts, par exemple, doivent faire l'objet d'une étude de vulnérabilité approfondie. En 1998, nous avions déjà effectué une étude sur une trentaine de communes. Avec ce scénario, nous avons pu avoir une image de ce qui doit être fait avant que la catastrophe n'arrive.
De quoi traitent les études de microzonage sismique ?
Les études de microzonage sismique permettent aux autorités et aux agences concernées par le développement urbain de contrôler l'aménagement des zones concernées en tenant compte des aléas géologiques et géotechniques définis par microzones. En combinant les résultats de l'étude de l'aléa sismique avec les conditions locales des sites (notamment géologiques, géotechniques, hydrogéologiques et topographiques), l'étude vise à définir le comportement des sols en délimitant les zones sujettes à différentes manifestations (glissement, tassement, liquéfaction, amplification, apparition de failles en surface, etc.). De manière générale, le mouvement sismique du sol en surface est influencé à la fois par la source (faille), la propagation des ondes à travers la croûte terrestre et les effets dus aux conditions de site. Dans une wilaya, les sites ciblés sont ceux urbanisés : chef-lieu de wilaya et chefs-lieux de daïra. Outre Chlef, Aïn Defla, Alger 1re phase (qui incluait l'hôpital et le port), Mascara, Aïn Témouchent de 1985 à 2003, d'autres sont en cours, à savoir Alger 2e et 3e phases (qui incluent la Présidence, l'APN, le Sénat, la DGSN…), Boumerdès, Blida, Tipaza, Constantine, Tizi Ouzou (Azzazga).
Il est certainement moins coûteux de conforter le bâti actuel que de subir tous les dégâts d'un éventuel séisme ?
Absolument. Car l'important est de sauver les vies humaines. Le D 15 de Réghaïa où 600 habitants ont été sauvés lors du séisme de 2003 en est un exemple. Le bâtiment a résisté à la première secousse. Les habitants ont eu le temps de s'enfuir, et il a cédé à la première réplique. Nous pouvons alors réduire le risque de la catastrophe de 20 à 30%, si nous appliquons plus de rigueur sur la qualité du béton utilisé. L'ampleur du drame de Boumerdès est due en grande partie justement à la mauvaise qualité du béton. Les particuliers ne font pas d'étude et ne se soucient pas plus de la qualité de leur construction. Ils utilisent souvent un très mauvais béton sans qu'ils le sachent. Et l'Etat ne peut pas intervenir dans tous les chantiers particuliers. Un guide de construction antisismique a été élaboré par le CGS où les particuliers peuvent trouver des conseils pratiques afin de limiter les dégâts dans leurs maisons.
Bio express
Mohamed Naboussi Farsi, ingénieur en génie civil à l'Ecole nationale polytechnique d'Alger, a également obtenu un doctorat d'Etat à l'université Joseph Fourier de Grenoble, en France. Ingénieur contrôleur et chef de département au CTC de 1979 à 1987, il est, depuis 1987, chercheur et chef de département au CGS, directeur de recherche en spécialité de génie sismique, président du conseil scientifique du CGS et enseignant associé à l'Ecole nationale supérieure d'architecture (ex-EPAU).


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