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Essai. L'émigration en question : Travailleurs de l'ailleurs
Publié dans El Watan le 22 - 05 - 2010

Son auteure, Violette Daguerre, est libanaise et vit en France depuis plus de 30 ans. Docteur en psychologie sociale et en psychologie clinique, elle préside la Commission arabe des droits humains, une ONG dont le siège est à Paris. Sa trajectoire personnelle comme ses activités lui ont permis d'aborder de près la question de l'immigration à travers un ouvrage remarquable*. Sans négliger les migrants d'autres origines ou régions du monde, l'auteure a néanmoins centré son travail sur la France et les immigrants d'origine arabe.
Selon elle, en ce début de 3e millénaire, un terrien sur trente-cinq est migrant. L'Europe fut, pendant très longtemps, un continent d'émigration de dizaines de millions de ses ressortissants vers les Amériques, l'Australie, la Nouvelle-Zélande, les Antilles, l'Afrique, etc. La tendance s'est ensuite inversée. Mais la mondialisation et la crise économique des pays capitalistes ont entraîné des restrictions draconiennes à l'entrée et aux séjours des étrangers dans ces Etats. Les trajectoires migratoires se sont alors en partie modifiées : plus de 50% d'entre elles ont désormais lieu entre les pays en développement. Les migrations humaines s'expliquent par divers facteurs, notamment par le pillage, durant plusieurs siècles, des pays du tiers-monde par le système colonial, puis le néocolonialisme à partir des années soixante, avec le cycle infernal de l'endettement et l'échange inégal avec les pays développés, encouragés ou assurés par des organismes tels que le FMI, la Banque mondiale ou l'OMC. Les migrants et leurs descendants constituent une perte pour leurs pays d'origine, mais un bénéfice pour les pays d'accueil. C'est ainsi que la France, manquant crucialement de bras, a successivement appelé des centaines de milliers de travailleurs belges, italiens, polonais, espagnols et algériens, pour réussir sa révolution industrielle, entamée au XIXe siècle.
Ces apports ont participé à la reconstruction de ce pays suite aux importantes pertes matérielles et humaines subies durant les deux guerres mondiales et ce, notamment pendant les Trente Glorieuses (1945 à 1975). Les réfugiés politiques en provenance de Russie et d'Europe centrale, surtout juifs, ont eux aussi contribué à la réduction du déficit démographique ainsi qu'à l'essor économique et au rayonnement intellectuel et culturel de la France. De même, la reconstruction de l'Allemagne et sa reprise économique, à partir des années 1950, ont été assurées en partie grâce à l'apport de pas moins de 12 millions de réfugiés et de rapatriés. En Espagne, une étude de 2005, pilotée par le conseiller économique du Premier ministre, et une autre commandée par une banque, ont relevé l'apport non négligeable des immigrés à la croissance de ce pays. Cette contribution des émigrés s'est opérée alors que leurs salaires étaient inférieurs de 30% en moyenne à ceux des Espagnols. Les immigrés en situation irrégulière, souvent surexploités, ne sont pas en reste. Ils participent, eux aussi, à l'augmentation du PIB de la France et des autres pays européens. Une étude, réalisée en 2007, en Grande-Bretagne, indique que la régularisation éventuelle d'un demi-million d'immigrés «clandestins» rapporterait 1,47 milliard d'euros à l'économie, tandis que leur expulsion coûterait 6,9 milliards d'euros aux contribuables !
La montée en puissance des courants xénophobes et populistes en France et en Europe, ainsi que la médiatisation de leurs «idiots utiles», explique l'exploitation récurrente du thème de l'immigration relié de manière tendancieuse à l'insécurité et à l'islamisme. Selon certains chercheurs, l'intégration des immigrés et de leurs enfants est cependant en bonne voie, en dépit des obstacles dressés devant eux. Pour approfondir et accélérer ce processus, il est nécessaire, selon eux, d'améliorer leurs conditions socio-économiques. Ce facteur est fondamental pour l'intégration des populations allogènes. Il faudrait également leur accorder certains droits civiques, notamment le droit du vote local, à l'instar des pays scandinaves et des Pays-Bas. Ces derniers ont accordé ce droit à leurs immigrés, sur la base du principe d'égalité entre tous ceux qui vivent sur leurs territoires et participent à leur vie économique et sociale.
Il s'agit aussi de prendre en compte les cultures d'origine des minorités, tout en valorisant ce qui les rapproche et non ce qui les différencie ou pourrait les opposer aux valeurs et lois des pays d'accueil, comme le préconise le Haut conseil français de l'intégration. Cette démarche contre la xénophobie, notamment musulmanophobe, doit s'accompagner d'une lutte contre les discriminations à l'embauche, à la promotion professionnelle, au logement, aux études, etc., dont les migrants et leurs enfants sont victimes. Ces fléaux constituent d'ailleurs un terreau fertile au communautarisme (à ne pas confondre avec le communautaire) et à l'islamisme dans une approche résolument laïque.
Ces études mettent également en évidence un grand nombre d'indicateurs positifs d'intégration des immigrés originaires du Maghreb et de leurs descendants, de loin les plus nombreux parmi les populations allogènes en France. Les nouvelles générations se sentent nettement moins liées que leurs parents à leurs pays d'origine. Elles relèvent aussi une baisse de l'usage des langues maternelles au sein des familles ; un recul de l'âge du mariage des femmes, âge qui tend à se rapprocher de celui des Françaises de souche ; ainsi qu'une augmentation des taux des mariages mixtes et des unions libres ; du travail des femmes dans tous les domaines ; d'un accès aux professions libérales ; de la baisse importante du taux de natalité, de la polygynie, de l'endogamie communautaire…
– Immigration : problématiques et défis par Violette Daguerre. Editions du Cygne, Paris, 2010.


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