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Amine Kaïs. Réalisateur, scénariste et producteur algérien : «Mon film est dédié aux deux premiers immigrants algériens, arrivés en Amérique en 1896…»
Publié dans El Watan le 08 - 08 - 2010

– Votre film Affaires d'hommes sera diffusé en exclusivité à la télévision sur Canal+, le 14 août en prime-time «ramadhanesque» lors d'une soirée inédite.
Enfin, les téléspectateurs algériens verront Affaires d'hommes (2008)…
Effectivement, je suis content que le film passe sur Canal+ et que le public algérien va enfin le voir. Je soulignerai que je l'avais bien sûr proposé à l'ENTV il y a de cela cinq mois, mais le directeur de la programmation, au regard «vif» et «professionnel», n'a jamais répondu à ma soumission. Je me demande d'ailleurs s'il l'a visionné ! Mon film est dédié aux deux premiers immigrants algériens, arrivés en Amérique en 1896 et que j'ai découverts au Musée de l'immigration à Ellis Island, dans l'Etat du New Jersey. Que le public maghrébin juge Affaires d'hommes à sa juste valeur.
– C'est le premier film algérien tourné aux USA. Vous ouvrez une «brèche», une voie pionnière…
C'est bien que vous le mentionniez. J'aime les défis et je n'ai pas peur d'ouvrir des portes nouvelles et de me mesurer à mes mentors tels que Jean Pierre Melville, Louis Malle, Martin Scorsese, Abel Ferrara, Boudrov, Mikhailkov, Jafar Panahi, Abbas Kiarostami, Ang Lee et bien d'autres. Tout en travaillant dans un contexte algérien, européen et américain. Je considère néanmoins que je n'en suis qu'à mes débuts ; les sujets ne manquent pas. J'ai écrit six long métrages et 2 séries. Beaucoup me prennent pour un fou ou un prétentieux quand je parle de cinéma mondial ( rires). Je crois fermement qu'il n'y a que les audacieux qui changent le monde ! Lorsqu'on a la possibilité de créer, il est désolant de voir que dans le cinéma algérien contemporain on vole des idées, des scènes de films de références, sans respect pour le créateur, qui s'en trouve copié, plagié et spolié au vu et au su de tout le monde. C'est un métier qui requiert de la crédibilité et de l'intégrité sans aucun doute ! On peut s'inspirer d'autres artistes, mais pas reproduire leurs travaux. Comme le disait le grand Alfred Hitchcock, pour écrire des histoires, «Vaut mieux partir d'un cliché que d'y arriver !» ; que l'on vienne de New York, Paris, Alger, de Kuala Lumpur il n'y a plus d'excuses pour ne pas réussir à écrire des scenarii originaux et produire un bon film.
– Comment s'est déroulé le tournage ?
Difficilement, mais le film est là ! Nous l'avons cousu main avec six techniciens aux multiples casquettes (rires). Ils ont cru au film et donc en moi ! Nous avons travaillé durant six semaines de tournage, en équipe soudée, dans des conditions draconiennes, -13 degrés C, 17 h/ jour, budget limité, mais une excellente ambiance que je garde en souvenir. Aucun ne s'en est plaint. Tout ce qu'on désirait, c'était de faire aboutir le film et de boucler le tournage. La seule variante que l'on maîtrisait en production était le temps.
– Affaires d'hommes, est un thriller à hauteur d'hommes, masculin, «machiste»…
C'est un film qui parle de la violence masculine et du regard féminin, d'une petite fille (Noor dans le film). Le film projette la pulsion des hommes, le conflit des guerres et des sociétés, pour en arriver au conflit des religions et suivi par celui du racisme. C'est un film métaphorique sur le monde musulman et occidental, j'espère qu'il donnera à réfléchir. C'est aussi un constat sur les dommages collatéraux du terrorisme… Le personnage principal a vécu le terrorisme, les dommages collatéraux sont là, ils le poursuivent toute sa vie.
– Aussi bien aux Etats-Unis qu'en Algérie ?
Indépendamment du terrorisme, les USA subissent depuis longtemps le crime transnational et cela a commencé à l'époque de la prohibition ; par la suite, avec les pays d'Amérique Latine en particulier, il y eut les trafics de drogue, les ventes d'armes, etc. Le travail de fond a déjà été établi par l'Etat américain depuis presque 45 ans et leurs cinéastes le traduisent d'une manière remarquable au cinéma : Bonnie & Clyde, Le Faucon maltais, Le troisième homme, Les Anges de la nuit, French Connection, Serpico, Apocalypse Now, Les Incorruptibles, Les Affranchis et pour finir, Traffic de Steven Soderbergh.
Tous ces films montrent la réalité d'une Amérique diverse, en conflit, en harmonie et en parfaite remise en question ! Ce qui est un pas remarquable pour ce pays et son monde artistique. Aujourd'hui, en Algérie, j'ai envie de comparer notre période actuelle à la période de la Prohibition des années 30/40 où le chaos social règnait : ce sont les nababs qui s'en sortent, ils purgent même leur temps de prison et ressortent pour recommencer. L'Etat est absent, le citoyen est livré à lui-même. Pour assainir, il faut rétablir l'Etat de droit pour tous en donnant l'exemple. Nos artistes s'auto-censurent et démissionnent de toute responsabilité pour témoigner et raconter la vérité. Il reste du chemin à faire…
– Ou bien, c'est le thème de la vengeance, la loi du Talion…
Omar Ben, dans le film, joué merveilleusement par Hamid Amirouche, se venge de la mort de son fils et n'attend pas qu'on lui rende justice. Cette scène est une antithèse du film culte, Le Parrain. Le Parrain est un thème violent, chaque année je le regarde et j'en apprends beaucoup. Ce que j'en retiens, c'est qu'il n'y a ni pouvoir absolu, ni honneur, ni respect et encore moins de dignité dans une vie chaotique faite de tourments, de violences, de douleurs dans une famille (Corleone) appartenant à la pègre. C'est un film qui reste d'actualité et qui m'a beaucoup influencé et aidé pour la réalisation de Affaires d'Hommes. F. F. Coppola est un réalisateur hors du commun et unique en son genre. Il a influencé plusieurs générations de cinéastes.
Le rôle principal dans Affaires d'hommes est campé par Fatah Bensalem.
– C'est la première fois qu'on voit au cinéma un détective américain d'origine maghrébine…
Nous l'avons cherché longtemps, puis réussi à le convaincre. Il aime le cinéma, mais il était hésitant à l'époque, n'ayant aucune expérience d'actorat. Par la suite, nous avons appris à nous faire confiance, Fatah Bensalem a eu le rôle qu'il méritait et a retranscrit le personnage algérien, parfaitement intégré dans la société américaine — new-yorkaise plus précisément. S'il continue et s'il fait plus d'efforts, il peut aller très loin dans le cinéma mondial.
– Le casting est américano-algérien…
J'ai eu grand plaisir à faire travailler des acteurs amateurs américains. Vous en verrez le résultat et quel résultat ! Ils ont été fabuleux ! J'ajoute qu'ici aux USA, Hamid Amirouche (dans le rôle de Omar Ben, dans le film) a été plus que formidable, éloquent et crédible pour sa courte prestation. Hamid Amirouche n'avait jamais fait de cinéma auparavant, c'est seulement le début d'un grand acteur, je le recommande vivement !
– Vous avez écrit, réalisé et produit Affaires d'hommes, c'est plusieurs casquettes…
Je suis auteur-réalisateur indépendant, c'est un métier qui demande beaucoup d'engagement. J'aime garder le contrôle créatif de mes sujets et de mes productions. J'ai une vision du film et je m'organise pour la concrétiser. Je ne le fais certes pas seul, mais je travaille avec des gens qui me font confiance et qui sont là pour canaliser mon énergie, me soulager quand il le faut. Le cinéma est d'abord un travail d'équipe, puis une grande famille.
– Avez-vous un film en chantier, un projet en gestation ?
J'en ai plusieurs, je me réserve le droit d'en parler en temps adéquat. Il est aujourd'hui trop prématuré d'en dévoiler les détails. Cependant, j'ai un projet qui me tient à cœur. C'est le film sur la vie de l'Emir Abdelkader, pour lequel j'ai une vision originale et un lien historique par la même occasion, puisque mes propres aïeux, la famille Benyekhlef, ont fait partie de l'entourage de l'Emir, ainsi que les familles auxquelles je rends hommage, comme Boutaleb, Touhami, Abdelouahab, Hachemi, Meliani, Benali, qui ont prêté allégeance au fils de Muhieddine pour qu'il devienne le Commandeur des croyants. Du reste, le scénario que nous avons écrit est prêt en deux langues. Il est temps que notre image soit peinte en couleur et fasse le tour du monde ! Il est parfois meilleur d'avoir une poignée d'abeilles qu'un sac de mouches…


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