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Archéologie. L'Algérie à l'époque préhistorique (2e partie et fin)
Publié dans El Watan le 12 - 08 - 2010


Par Abdelhamid Benzerari
L'homme façonne alors des outils rudimentaires faits de galets aménagés et d'éclats. Il produit des pointes et des racloirs retouchés sur une face. Le silex taillé est aussi répandu dans certaines régions du Sahara. Une autre forme d'art apparaît : utilisation et décoration d'œufs d'autruche ou composition de colliers de perles. La finesse de la taille des microlithes géométriques, la variété des formes et des couleurs annoncent la perfection de la qualité des pointes de flèches néolithiques. Ce n'est que par la suite que l'on a pris conscience de la valeur de ces objets ramassés par centaines, notamment dans les gisements sahariens et ornant parfois les vitrines des collectionneurs privés. Ce matériel lithique dont sont friands les amateurs inconscients qui en dépouillant un gisement, privent parfois à jamais la recherche de renseignements précieux.
« Le Tassili, plus grand musée du monde à ciel ouvert »
«Chacun a pu remarquer qu'une bonne chronologie dès qu'elle fait comparaître les évènements, les âges et les œuvres, exprime par elle-même, les plus importantes idées concernant le passé humain» (Alain)
C'est sans conteste l'art des parois gravées ou peintes qui, dans l'Atlas saharien, dans le Hoggar ou sur le plateau du Tassili, atteste par sa richesse et sa variété des qualités artistiques de l'homme du néolithique. Certains spécimens et quelques relevés sont présentés ça et là dans les musées, mais la quasi-totalité des peintures et gravures néolithiques et postnéolithique sont encore en place, dans les abris où elles furent exécutées, en bordure de vallées jadis verdoyantes et giboyeuses. Ces peintures et gravures rupestres ne furent découvertes qu'au début de ce siècle et leur inventaire systématique n'est pas encore établi de façon scientifique. A elles seules, les peintures et les gravures rupestres du Tassili N'Ajjers sont plus nombreuses que toutes celles trouvées à ce jour dans le reste du monde. Elles constituent l'un des plus remarquables témoignages de l'activité humaine pendant le néolithique. Ce vaste plateau et ses profondes vallées, qui ont vu se développer plusieurs civilisations pendant cinq ou six millénaires, sont également le creuset d'un art dont plusieurs courants modernistes se sont inspirés. Il n'est donc pas étonnant que l'Unesco ait inscrit, en 1982, le Tassili N'Ajjers sur la liste du patrimoine mondial culturel et naturel. L'état de conservation d'une quantité aussi importante de vestiges, qui font du Tassili le plus grand musée du monde à ciel ouvert, est inégal et plusieurs atteintes, dues à la fois à des causes naturelles (érosion, ruissellement) mais surtout à des déprédations humaines qui ont été relevées.
L'architecture funéraire
Le panorama des œuvres d'art préhistorique serait incomplet s'il passait sous silence les constructions funéraires. De tous les temps, il est vrai que les sociétés préhistoriques ont voué aux morts un intérêt particulier. Toutefois, jusqu'au néolithique, on ne distingue jamais avec vigueur la cité des morts de celle des vivants. Dans de nombreux gisements, les morts sont enterrés sur le lieu même de l'habitat; dans le meilleur des cas, ils sont enterrés ensemble, mais ces nécropoles sont toujours à proximité, sinon au-dessus du lieu de séjour des vivants. Au gisement de Columnata (Tiaret) où la fouille de la nécropole a révélé l'existence des premiers monuments funéraires connus : ce sont de modestes dalles dressées ou des amoncellements de pierres recouvrant les corps des morts.
Le mégalithisme
(méga : grand et lithos: pierre)
Le mégalithisme est un phénomène mondial né vers le Ve millénaire. Les communautés néolithiques créant des monuments qui ont deux fonctions : l'une funéraire, l'autre architecturale. Réalisés en ‘partie à l'aide de blocs de pierre de grandes dimensions, dolmens, menhirs, statues-menhirs constituent les plus anciens vestiges monumentaux que l'on connaisse. Bien avant les pyramides, antérieure de près de deux millénaires aux premières pyramides d'Egypte, l'existence des mégalithes est attestée au néolithique sur plusieurs continents : lnde, Japon, dans les Andes, à Madagascar… Trois grandes catégories de mégalithes : les dolmens, sépultures collectives, les menhirs : pierres levées dont la fonction demeure obscure, les statues-menhirs: dalles gravées de représentations de formes humaines (Aïn Abid, Djebel Ouach, dans le Constantinois). Certains menhirs atteignent des dimensions gigantesques, 20 mètres de haut, et peuvent peser plus de 300 tonnes. L'extraction des dalles nécessaires à la construction des dolmens demande un investissement matériel et humain important. Parfois, la carrière d'où sont extraites les dalles est située à plusieurs centaines de mètres du monument édifié. La fouille de ces nécropoles est d'un grand intérêt : elle a permis aux archéologues de retrouver des objets déposés près du mort et dont il y a lieu de croire qu'ils étaient semblables à ceux utilisés dans la vie quotidienne ; c'est ainsi que les belles séries de céramiques, les collections de bijoux exposés dans les vitrines du musée du Bardo et du musée Cirta à Constantine proviennent des grandes nécropoles ou des monuments funéraires protohistoriques: Gastel, Tiddis, Beni Messous, Roknia, Sigus, Bou Nouara …
Dolmens du djebel Sidi-M'Cid (Constantine): en 1849, des dolmens subsistaient et occupaient le lièu haut du djebel Sidi-M'Cid où se dresse actuellement le monument aux morts. D'autres apparaissaient à la base du rocher, au dessus de la Grotte des ours et surtout un peu plus au Nord sur la rive droite de l'oued Rhumel. Ce cimetière préhistorique se développera jusqu'au sommet du plateau de Bekeira.
Dolmens de Bou-Nouara : En allant vers Aïn Abid, sur le flanc et le sommet de la colline rocheuse qui surplombe le village de Bou-Nouara, se dressent ces monuments mégalithiques composés de monolithes disposés en pente. Au bas, longeant la route nationale, se sont installées des carrières qui ont donné un paysage hideux au site; elles ont grignoté, balafré la colline millénaire, porteuse d'un lieu de mémoire. L'image .s'en est entachée et c'est un grand dommage porté à cet endroit prestigieux. D'autres sites mégalithiques se dressent à Tiddis (Constantine ), Roknia (Guelma), Rihane (El Tarf), Sigus entre autres. Les dolmens ne sont pas les seuls monuments funéraires. Outre les tombes en silos ou les allées couvertes, on rencontre en Algérie des formes complexes : les chouchets qui sont des petites tours dont le mur extérieur est construit avec soin, les bazinas, tumulus de pierres à revêtement extérieur; au Sahara, les monuments dits « en trou de serrure» ; enfin les grands monuments complexes comme le tombeau de Tin Hinan à Abalessa (Hoggar). Ce dernier se rattache à une tradition tardive : non pas celle des nécropoles mais celle des grands mausolées royaux d'Afrique du Nord, avec le tombeau royal de Maurétanie (dans les environs d ‘ Alger), la Soumaâ du Kroubs, le Maghlacen (Aurès), les Djeddars (Frenda). l'Algérie inaugure un nouveau moment de son histoire ; les sociétés qui la composent sortent de l'anonymat où elles ont été tenues durant les longs millénaires de la préhistoire, les tribus prennent nom, des chefs politiques apparaissent. C'est alors qu'apparaît la civilisation antique.
Patrimoine à preserver
«L'histoire est une école de morale, de civisme et de patriotisme» (Fénelon)
Des travaux pour la restauration du mausolée de la Soumaâ au Kroubs sont en cours, c'est bien. Mais il ne faut pas oublier aussi ce cimetière de nos ancêtres, cet important site préhistorique de Bou Nouara. Il serait extrêmement utile de le protéger en alertant les opérateurs économiques sur son importance nationale ; en sensibilisant la jeunesse: écoliers, collégiens, lycéens par des visites répétées, guidées par les archéologues et historiens sur le terrain, clôturer l'endroit, l'entretenir, le rendre agréable aux visiteurs, assurer son gardiennage. Faire prendre contact avec la réalité historique : monuments, vestiges, ruines, musées, etc… est une activité capitale et éminemment éducative pour qui sait préparer et conduire. Cela permet de donner plus de vie à la classe, de dispenser une formation esthétique en même temps qu'une formation historique reposant sur des bases concrètes. C'est un gage d'efficacité. «Qu'on a beau faire croître l'effort, varier les méthodes, il n'en résulte jamais qu'une évidence qui est l'impossibilité de séparer l'observateur de la chose observée et l'histoire de l'historien», Paul Valéry. Sous d'autres cieux, les mégalithes de Stonehenge en Grande Bretagne, disposés en cercle formant un cromlech et les menhirs de Carnac en France répartis par rangées constituant des alignements reçoivent chaque année des milliers de touristes de différentes nationalités et sont la fierté des habitants de ces régions.
L'Algérie est riche en sites historiques qu'il reste à exploiter, mettre en valeur et protéger. Chez nous, le sous-sol de la ville de Constantine est un véritable musée enfoui, qui à chaque fois qu'on creuse, nous dévoile une partie de ses secrets qu'il tenait longuement et jalousement cachés dans la terre. Ce sous-sol, qui a su garder depuis des millénaires ses richesses, ses trésors (carrefour de plusieurs civilisations, d'innombrables groupes ethniques de la préhistoire à nos jours … ), demande à être encore fouillé pour nous dévoiler d'autres secrets : ossements, poteries, verreries, stèles, médailles, bijoux antiques, monnaies anciennes, mosaïques, amphores, statues, mobiliers funéraires… La découverte, en 1945, de sphéroîdes à facettes sur le plateau du Mansourah, permet d'estimer à un million d'années l'occupation du rocher par les australopithèques, dont on aurait retrouvé les outils. C'est beaucoup plus tard, au paléolitique(-45000 ans avant notre ère) que furent aménagés par l'homme du néanderthal des habitations permanentes dans les grottes ,notamment celles du mouflon et de l'ours au pied du versant de Sidi M'Cid. Les grottes constituent un terrain de fouilles favorables pour établir les chronologies de la préhistoire et surtout pour identifier l'homme «des cavernes». Elles ont conservé les principaux témoignages de l'art paléolithique.
Grottes paléolithiques et néolithiques de Sidi M'Cid
La majorité du mobilier archéologique se trouve actuellement au musée Cirta. Les grottes, situées au dessus de l'Aïn El Rhaba,ont été habitées par les hommes préhistoriques attirés en ces lieux par ce remarquable point d'eau : tel est le cas de la Grotte des ours ou Grotte qui gronde (Ghar Sahar) et de la Grotte du mouflon, creusées dans la muraille de Sidi M'Cid, au dessus de l'entrée du second tunnel de la voie ferrée de Skikda. De l'autre côté du ravin se trouve la Grotte des pigeons taillée dans la falaise qui porte le saillant nord de la Casbah. Fouillées par le professeur Debruge, ces cavernes ont présenté, en effet, des restes d'industrie paléolithique moyen(moustérien) et du néolithique (maurétanien). A ces témoins des civilisations des âges de la pierre, étaient associés des ossements de rhinocéros, zèbres, sangliers, cerfs, gazelles, gnous, bubales, mouflons, bufles et ours. Ces animaux vivaient sur les rives du Rhumel au pied du rocher. Il faut signaler, qu'à cette époque des troupeaux d'éléphants de Berbérie vivaient dans la région de Constantine (Boumerzoug,lbn Zied…), de Skikda (Filfila… ). C'est au paléolithique (-45 000 ans avant notre ère) que furent aménagées, par l'homme du néanderthal, des habitations permanentes dans les grottes, notamment celles du mouflon et de l'ours au pied du versant nord de Sidi M'Cid. A l'époque capsienne,( environ -14 000 à 9 000 ans avant notre ère) la Grotte des pigeons, (située sous le boulevard de l'abîme, près de l'ascenceur), aura certainement servi de point de repli aux habitants des Grottes de l'ours et du mouflon. Du néolithique ( environ -10 000 à 2000 ans avant notre ère) ont été retrouvés différents outils, principalement des lames et lamelles en silex finement taillées.
La civilisation mégalithique y a laissé de nombreuses traces : dolmens, monuments. De l'âge des métaux ont été retrouvés, en ‘particulier, un poinçon de bronze et une massette de fer. Pour cela, où sont nos archéologues et historiens pour mettre à jour d'autres découvertes et mener des campagnes de sensibilisation pour préserver ces vestiges préhistoriques, ces dessins rupestres, ces escargotières, ces mausolées, ces stèles libyques, puniques, ces menhirs, ces statues, ces mobiliers funéraires, ces dolmens, ces traces de civilisations numido-phénicienne, bysantines, vandales ? Les vieilles pierres parlent à l'imagination de celui qui sait les contempler.Elles l'émeuvent plus que des récits ou des gravures vite oubliées. A l'école la leçon d'histoire qui est aussi une leçon de morale, de civisme et de patriotisme doit rejoindre la leçon d'observation et en utiliser les procédés. Elle doit différer cependant de la leçon de choses qui se caractérise par la manipulation et l'expérimentation, en faisant appel à la sensibilité de l'enfant, à son imagination, à son goût du merveilleux. Mais la discipline rigoureuse de l'observation lui donne cette assise solide sans laquelle elle ne serait que fantaisie et roman.
(*) Directeur d'écome retraité,
ancien membre de l'Asociation
des amis du Musée CIRTA, Constantine
|Repères:
– Gravures rupestres d'André Berthier.
– Outils préhistoriques : V. Guinet
– Caveaux funéraires: Ch. Belorgey.
– Bibliothèque du musée Cirta Constantine.|


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