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Disquaires : La profession se raye
Publié dans El Watan le 14 - 12 - 2018

Les disquaires sont en voie de disparition. Ce n'est pas un scoop ! Balayés par la numérisation, les sites d'écoute et de téléchargement de musique, les vendeurs de disques se font de plus en plus rares. Certain ferment boutique, d'autres changent de métier. Souvent, ils se transforment en cafétéria, gargote ou pizzeria !
«J'ai ouvert ma première boutique il y a 25 ans et c'était une activité très lucrative. Aujourd'hui, le marché est en dégradation totale… Sincèrement, je n'arrive pas à croire que nous en sommes là.
J'ai passé toute ma vie dans ce domaine, à la fin j'ai fermé bêtement. Ça m'a fait vraiment mal au cœur.» Ce témoignage est celui d'un disquaire très connu à Alger, qui préfère garder l'anonymat. Pour lui, le métier de disquaire ne sert plus à grand-chose, la clientèle ne réclame plus de CD de musique ni de DVD de film.
D'ailleurs, après plus de vingt ans sur le marché, il a été contraint de baisser le rideau de sa boutique. Les affaires de marchaient plus, le loyer et le personnel coûtaient de plus en plus cher…
Il a fermé il y a à peu près deux mois. «On se retrouve malheureusement contraints de fermer parce qu'on ne rentabilise plus. On couvre à peine le loyer et les salaires. Cette activité n'est plus rentable, surtout depuis la pénurie de boîtes et de CD vierges, avec l'interdiction de l'importation, c'est devenu très difficile», confie le disquaire.
La fermeture, le disquaire y a pensé une année auparavant, mais ne l'a pas fait dans l'espoir que la situation pourrait s'améliorer et que le marché serait reboosté. Ce cas n'est évidemment pas isolé. Face à un marché en totale dégradation, plusieurs de ses confrères ont connu le même sort.
«Sur les cent personnes qui venaient il y a quelques années pour acheter des CD, on n'en voit qu'une vingtaine aujourd'hui qui les réclament toujours. Ce métier est en voie de disparition et n'a pas d'avenir. La plupart des disquaires d'Alger ont fermé et ont changé d'activité.
Nous ne sommes pas les seuls à abandonner notre activité, pas mal d'éditeurs ont aussi fermé ces dernières années», ajoute-il. En effet, il y a quelques semaines, un vendeur de disques à Ben Aknoun a fermé boutique. Des mois plus tôt, un autre à Draria a changé d'activité ; il vend maintenant des jouets. «C'est incroyable ce qui se passe ! Les albums des chanteurs les plus connus qui vendaient des milliers d'exemplaires en quelques jours ne marchent plus de nos jours.
Le dernier album de Allaoua par exemple, ne s'est pas bien vendu dans ma boutique ! Tout le monde l'a écouté oui, mais sur internet. L'album de Khaled, lui, a été piraté. Ça, c'est un simple exemple», raconte le disquaire.
Et de poursuivre : «Avant, quand un nouveau film sortait, surtout d'un bon acteur précis, on vendait une centaine d'exemplaires et plus par jour ; maintenant, on ne peut pas risquer plus de 5 ou 10 exemplaires pour certains films.» Si le marché physique de la musique est en voie de disparition, c'est à cause de l'émergence du marché virtuel. Aujourd'hui, on n'a plus besoin d'acheter un CD pour écouter de la musique.
Internet
Et ça fait un peu «old school» puisqu'il suffit d'aller sur des sites et plateformes pour écouter en streaming ou télécharger autant de titres qu'on désire, sans avoir à payer un sou ! Naziha, 22 ans, étudiante à la faculté des sciences de l'information et de la communication, est addict au téléchargement de musique gratuit. Elle témoigne : «Je ne me vois pas trimballer avec moi dans mon sac un lecteur CD et des CD.
Pourquoi je le ferais si j'ai plus simple pour écouter de la musique ! Gratuitement, je télécharge toutes les musiques que je veux sur mon portable que je garde toujours sur moi avec un power bank en cas de baisse de batterie. Ça me permet d'écouter de la musique quand je veux, à la fac entre les cours, dans les transports… c'est plus pratique !» Yasmine, une jeune employée de 25 ans, a un téléphone portable qui compte plus de 1400 chansons.
Toutes téléchargées gratuitement sur des applications «illégales». «Je ne les aurais pas eu toutes si elles étaient payantes. Les raisons sont nombreuses. La première : nous n'avons pas de plateforme de téléchargement légal en Algérie. La seconde : je ne me vois pas acheter des CD a chaque sortie.
D'autant plus que les CD ne comptent qu'un nombre limité de chansons. Tandis que les téléphones ou flash-disc peuvent en contenir bien davantage», explique-t-elle. «Autre raison : on écoute généralement la musique dans les trajets en voiture. Ces dernières sont de plus en plus souvent munies de lecteur USB ou de bluetooth.
Ce qui nous pousse à télécharger la musique sur nos appareils afin de ne pas nous encombrer avec les CD. Je sais bien qu'en piratant de la musique, les droits d'auteurs sont bafoués mais nous n'avons pas le choix. Si nous avions des logiciels dédiés à cela et si le payement électronique était disponible, nous aurions pu faire des efforts», lance la jeune femme. De leur côté, les disquaires sont conscients qu'internet, la numérisation et le développement du digital sont la nouvelle alternative à leur métier.
«Tout le secteur souffre de ce phénomène et il fallait trouver des solutions avant d'en arriver là. Les films, séries, musiques… sont tous disponibles sur des sites internet gratuits. On ne pense plus au CD, c'est fini.
La technologie c'est bien, mais on sait qu'elle peut aussi être mauvaise. Avant on travaillait parce que le consommateur n'avait pas d'autres issue. Maintenant, on se présente à la boutique pour sonder les nouveaux films, et on va tout de suite les télécharger ou les voir en streaming gratuitement.
Les gens se contentent d'un flash-disc ou d'une carte mémoire», explique le disquaire. Et de souligner que les artistes eux-mêmes ne pensent plus à faire des CD ; ils préfèrent sortir des singles sur YouTube, c'est plus rentable pour eux.
C'est mieux que de faire un CD, débourser de l'argent pour qu'au final il soitpiraté et posté sur internet… Amine Hamrouche des éditions Ostowana et Amino's Studio partage le même avis.
Pour lui, si nous en sommes là, c'est parce que les gens n'ont plus besoin de CD pour écouter de la musique. L'accès illimité à l'internet et à la 3G permet d'écouter de la musique n'importe où et n'importe quand sans avoir à dépenser de l'argent pour un CD.
L'éditeur avance aussi un autre facteur important, les nouveaux matériaux de lecture de musique. «Par exemple, la plupart des nouvelles chaînes stéréo qui se vende maintenant, ne contiennent plus un lecteur CD mais un lecteur USB.
Pareil pour les voitures, beaucoup de marques auto adoptent aujourd'hui les lecteurs USB en encore le bluetooth mais pas de lecteur CD. De même pour les récents ordinateurs, les MacBook par exemple… Ça ne sert à rien que les gens achètent les CD, s'ils ne trouvent pas comment les utilise», soutient-il.
Droits d'auteur ?
Pour Amine Hamrouche, les gens se sont habituer à l'image et ne se contente plus d'écouter. «La musique est disponible facilement dans plusieurs sites, et avec image aussi ! On ne veut plus de CD, je ne vois plus l'intérêt d'en acheter puisqu'on a des sites accessibles où on peut non seulement écouter mais voir les images aussi et sans payer un sou», lance Amine Hamrouche. Et d'ajouter que de l'artiste jusqu'au revendeur, toute la chaîne est affectée par ce phénomène.
Les maisons d'édition ne sont d'ailleurs pas en reste. «Les ventes de CD qui alimentaient avant les caisses des maisons d'édition ne se font plus maintenant, et cela se répercute directement sur l'artiste. Si ce dernier veut sortir un album, les éditeurs ne vont pas accepter.
On ne voit pas l'intérêt à travailler un CD qui ne va pas se vendre et donc ne sera pas rentable. On n'a même pas les disquaires qui vont le vendre !
Même si on le donne aux deux ou trois boutiques de disques qui résistent, il ne va pas se vendre. Cette situation perdure depuis plusieurs années et on se retrouve aujourd'hui à un stade où le CD est devenu encombrant et dérange», témoigne-t-il.
Résistance
Mais si ce phénomène est largement ressenti à Alger, ce n'est pas le cas dans certaines régions où le métier continue d'exister. A Tizi Ouzou ou Bouira, pas mal de petits disquaires résistent à la révolution numérique. Certains tentent même de s'adapter.
«C'est plus qu'un métier, une passion. Je pense que je ne peux pas faire autre chose dans ma vie, mis à part vendre des disques et partager un art aussi prestigieux.» Saïd, la cinquantaine, est propriétaire d'une boutique de disques depuis plus de vingt ans.
Il raconte : «Malheureusement, les personnes qui viennent chercher des disques sont de plus en plus rares de nos jours. Aujourd'hui, une simple manip' sur internet permet d'écouter et télécharger tous les titres que tu veux et gratuitement !» Affecté, financièrement, par ce phénomène, pour subvenir à ses besoins et ceux de sa famille, Saïd n'a d'autre choix que d'essayer de s'adapter.
Epaulé par son fils, un étudiant de 23 ans, qui l'aide de temps à autre, le disquaire s'est tourné vers la numérisation audio, vidéo ou encore les photos. «La boutique n'est pas vraiment un disquaire aujourd'hui.
C'est vrai, je ramène quelques exemplaires des albums de certains artistes connus comme Allaoua, Ait Menguellet, Massa Bouchafa et d'autres album de fête qui marchent bien, mais sinon une grande partie de l'espace est dédié à graver des CD, à la numérisation des anciennes cassettes vidéo et certaines impressions modernes dont mon fils s'occupe», témoigne Saïd. «Les CD, je les garde juste parce que je ne veux pas changer de métier et je n'ai pas d'autre occupation.»
En attendant que des boutiques ferment et que les éditeurs et artistes ne trouvent plus où commercialiser leurs produits, l'alternative digitale, sécurisée et fiable, qui pourra préserver les droits d'auteur et légaliser la consommation musicale sur internet, n'est pas encore disponible.
NB : la rédaction a tenté de joindre l'Office national des droits d'Auteur et droits voisins (ONDA) à plusieurs reprises. Une réponse devait être transmise, mais cela n'a pas été fait.


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