C'est dit, Abdelaziz Belkhadem vient d'expliquer que «Si Dieu le veut», qui est théoriquement apolitique, l'autre Abdelaziz, le Bouteflika, sera le candidat du FLN pour 2014. Au-delà du fait qu'il a lancé cette déclaration d'amour parce qu'il est en mauvaise posture et pense qu'en s'accrochant à la jambe droite du Président, celui-ci va le protéger, l'adoubement du FLN équivaut en Algérie à un vote massif, quelle que soit la volonté populaire. Quand il dit que Bouteflika aura son quatrième mandat, cette grosse machine à imprimer des bulletins de vote pré-enregistrés qu'est le FLN connaît la procédure. Si l'on fait bien ses calculs, l'actuel Président, s'il est en vie, sera donc au pouvoir jusqu'en 2019, dépassant les tristes records mondiaux de longévité au pouvoir. Ce qui est marquant, par contre, est cette extraordinaire vision de l'avenir ; pour Belkhadem, qui aura 74 ans en 2019, il n'y a aucun problème à ce que le Président d'un des plus jeunes pays au monde ait 82 ans au moment où il exercera encore ses fonctions. Belkhadem a-t-il des enfants ? Oui. Les regarde-t-il ? Non. Mais après les tractations de coulisses, les complots du sérail et les passages en force, tout compte fait, l'actuel Président n'aura finalement qu'un seul adversaire en 2014, son propre frère. Comme dans les histoires médiévales où les membres des familles régnantes se disputent le trône, il y a un troisième frère. Pourquoi ne pas le pousser lui aussi à briguer le poste de Président ? On aura ainsi trois candidats du même ADN, ce qui pour les dossiers de candidature, où la fiche familiale est nécessaire, sera beaucoup plus simple. Ce sera peut-être là et uniquement là que l'on pourrait rire de cette grande farce. Quand la campagne sera officiellement lancée, on pourra entendre les consignes de vote et lire les affiches et les tags sur les murs : «Votez Bouteflika.» Oui, OK, mais lequel ?