«Le Parlement a accepté à l'unanimité la démission de 11 députés du bloc d'Al Wefaq», le principal groupe de l'opposition chiite le mieux représenté au sein de la Chambre qui compte 40 élus au total. L'agence a ajouté que le Parlement avait décidé de reporter son vote sur la démission des sept autres députés d'Al-Wefaq, principal animateur d'un mouvement de protestation réclamant la fin du régime monarchique des Al Khalifa. Ce développement survient deux semaines après que les forces de sécurité bahreïnies eurent délogé les protestataires, en majorité des chiites, de la place de la Perle à Manama, épicentre de la contestation, où ils ont campé pendant un mois. Les 11 députés démissionnaires perdent ainsi leur immunité parlementaire, ce qui pourrait les exposer à d'éventuelles poursuites judiciaires. Le bloc d'Al Wefaq a suspendu sa participation au Parlement le 15 février pour protester contre la violence policière dans des villages chiites où deux manifestants ont été tués. Les 18 députés d'Al Wefaq ont ensuite présenté leur démission en bloc le 27 février, alors que le bilan des victimes de la violence policière a atteint 7 tués. Au moins 15 chiites bahreïnis ont été tués en un mois de protestations, selon un bilan d'Al Wefaq. Le même jour, Cela dit, le ministre de l'Intérieur bahreini, cheikh Rached Ben Abdellah Al Khalifa, a déclaré, hier devant le Parlement, que les récentes protestations à Bahreïn ont fait 24 morts, dont quatre policiers. Ajoutant que les manifestants ont agi selon des tactiques propres au Hezbollah. «Quatre policiers ont été tués, ainsi que sept civils innocents parmi les citoyens et les résidents ainsi que 13 parmi ceux qui ont participé aux troubles et aux actes de violence», a déclaré cheikh Rached Ben Abdallah Al Khalifa. Il a indiqué que 391 agents des forces de l'ordre ont été blessés ainsi que 56 civils innocents, dont des résidents étrangers. Cheikh Rached a estimé que la manière dont le sit-in de la place de la Perle à Manama a été organisé présentait des similitudes avec les méthodes du Hezbollah, le parti chiite libanais soutenu par la Syrie et l'Iran. «La façon dont les barricades avaient été dressées, l'occupation des hôpitaux, le siège des bureaux de la télévision et de bâtiments publics et la création de cellules s'occupant de l'organisation des manifestants sur le terrain, de l'approvisionnement, de l'information révèlent des tactiques de style Hezbollah», a-t-il déclaré. «Une enquête est en cours et elle va révéler la nature des contacts (entre manifestants et Hezbollah) et d'autre chose», a assuré cheikh Rached. Le gouvernement de Bahreïn a déjà dénoncé le soutien apporté par le Hezbollah et les autorités iraniennes au mouvement de protestation. Bahreïn, petit royaume arabe du Golfe gouverné par une dynastie sunnite, a connu de la mi-février à la mi-mars des manifestations sans précédent pour des réformes politiques qui ont été essentiellement animées par les chiites, majoritaires parmi la population autochtone. Les forces de l'ordre ont mis fin à ces protestations après l'envoi à Bahreïn d'unités d'une force commune du Conseil de coopération du Golfe, appelée «Bouclier de la péninsule». Le CCG comprend, outre Bahreïn, l'Arabie Saoudite, les Emirats arabes unis, le Qatar, Oman et le Koweït.