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L'Inde veut conjurer le spectre d'une révolte
Publié dans El Watan le 13 - 05 - 2011

New Delhi
de notre correspondante
La philosophie hindouiste repose sur la conviction que l'un des principes de la vie sur Terre est d'accepter les contrastes et les différences. C'est peut-être là que réside le secret de la fragile paix qui règne en Inde, malgré une pauvreté insoutenable qui côtoie une richesse indécente. Ce géant asiatique, qui vante une place parmi les quatre premières puissances économiques du monde avec 2,15% du PIB mondial (seulement douzième par son PIB/habitant), n'a toujours pas résolu les conflits internes qui menacent sa paix et sa stabilité. La situation au Cachemire est toujours explosive. L'insurrection de la majorité musulmane sunnite qui habite ce territoire revendiqué par le Pakistan est réprimée dans le sang, et le fameux «couloir rouge» qui regroupe les neuf Etats du centre où sévit la guérilla maoïste armée, «les naxalites», échappe encore au contrôle de l'armée.
A cela s'ajoute la plaie des affrontements interconfessionnels, fomentés principalement par des partis hindous nationalistes qui s'en prennent aux minorités musulmane (le pogrom de 2002 au Gujarat) et chrétienne. Et si l'économie du pays caracole avec un taux de croissance frôlant les 9%, l'Inde ne saurait cacher sa face hideuse, celle de centaines de millions de personnes qui vivent avec moins d'un euro par jour. Selon les statistiques récentes, plus de 37% de la population indienne vivent en dessous du seuil de pauvreté, alors que presque la moitié des enfants mal nourris dans le monde vivent dans ce pays. Une grande disparité existe entre les richissimes et les plus démunis : 20% de la population contrôlent plus de 70% de la richesse du pays.
Vieil activiste hindou
Selon le magazine économique américain Forbes, l'Inde prétend détenir le plus grand nombre de milliardaires au monde, soixante-neuf. Beaucoup de ses magnats doivent une grande part de leur fortune à l'économie souterraine, à en croire les analystes. Et en l'absence de transparence, les riches deviennent toujours plus riches et les pauvres encore plus pauvres. Pour renverser cette tendance dramatique, un activiste qui se revendique de la pensée de Gandhi a décidé de faire pression sur le gouvernement pour le pousser à engager une lutte implacable contre la corruption. Les badauds rassemblés autour des partisans de Anna Hazare ont baptisé la place Jantar Mantar, près du Parlement à Delhi, «Place Tahrir», en référence à la place du Caire où la population a réussi à chasser Hosni Moubarak du pouvoir.
Entouré de ses compagnons de lutte, Hazare, 73 ans, semble affaibli par la grève de la faim qu'il a menée début avril. Un grand portrait de Gandhi trône derrière lui. Ayant annoncé qu'il poursuivra son combat «jusqu'à la mort», ce vieil activiste hindou, ancien soldat de l'armée, a décidé de mettre sa vie en péril pour ébranler la conscience des dirigeants de son pays. Sur les traces de son maître spirituel, le Mahatma Gandhi, Hazare n'appelle pas à la violence. Persuadé que seule la voie de la «Satyagraha», la résistance pacifique selon Gandhi, pourra changer la destinée de son pays, Hazare a opté pour un moyen pacifique mais extrême. Avec son corps frêle, sa calotte blanche et sa kourta (longue et large chemise) de coton blanc, ses grosses lunettes, il ressemble à Gandhi.
Licences téléphoniques
Fort du soutien de milliers d'Indiens qui ont spontanément rallié son mouvement, Hazare a lancé un clair avertissement au gouvernement : «Le pays a été témoin de scandales à une échelle jamais vue auparavant. L'impatience de toute la nation est justifiée.» Au cinquième jour de sa grève de la faim, l'exécutif de Manmohan Singh a fini par se plier aux revendications de la rue, par crainte que la mort du vieux militant ne déclenche des émeutes dans tout le pays. Une commission composée de dix membres, dont la moitié seulement sera désignée par le gouvernement – le reste sera issu de la société civile comme le voulait Hazare -, proposera avant fin juin un projet de loi au Parlement. Plusieurs scandales de corruption et de détournement de fonds publics ont éclaté ces derniers mois, dans la presse locale, éclaboussant plusieurs dirigeants du parti du Congrès au pouvoir. Même le Premier ministre Manmohan Singh, qui passait pour être «Monsieur propre», n'a pas été épargné.
Accusé d'avoir fermé l'œil sur l'octroi généreux de licences de téléphonie mobile à des entrepreneurs «amis» du ministre des Télécommunications Andimuthu Raja, Singh est tenu responsable de la perte par le Trésor indien de 30 milliards d'euros. WikiLeaks a ajouté son grain de sel à ce déballage public en révélant que Singh aurait soudoyé des députés pour obtenir leur vote de confiance, selon des câbles provenant de l'ambassade des Etats-Unis dans la capitale indienne.
L'armée accusée
Un autre dirigeant du parti du Congrès est accusé d'avoir perçu des pots-de-vin dans le cadre de l'organisation des derniers jeux du Commonwealth tenus à Delhi. Président du comité organisateur des jeux, Suresh Kalmadi a été arrêté il y a deux semaines. L'armée non plus n'échappe pas à ce cancer qui mine les fondements de la société indienne. Il y a un mois, le contrôleur général des comptes de l'Etat a dénoncé l'institution militaire pour détournement des biens de l'Etat. De hauts officiers ont confisqué une superficie énorme de terres publiques, 32 km2, pour bâtir 97 terrains de golf et des clubs privés à la gestion douteuse. Et le limogeage du directeur du bureau central de lutte contre la corruption, PJ Thomas, est venu donner le coup de grâce au parti. Poursuivi dans une affaire de corruption qui remonte à l'époque où il était gouverneur de l'Etat du Kerala, au sud du pays, ce «Monsieur anticorruption» a ôté toute crédibilité au gouvernement.
Cette plaie béante dans le milieu des affaires indiens et même dans la sphère décisionnelle, conjuguée aux lenteurs bureaucratiques et au protectionnisme, a fait fuir plusieurs investisseurs étrangers, faisant chuter de 32% l'investissement direct international en Inde. De 34,6 milliards, il est passé à 23,7 milliards de dollars en 2010 (la Chine affiche 110 milliards d'IDE). Les secteurs qui ont le plus souffert de ce désengagement du capital étranger sont l'immobilier, le bâtiment et l'industrie minière. Selon le dernier classement des pays sur la base de l'indice de perception de la corruption établi par Transparency International, sur 178 nations, l'Inde traîne à la 87e place.


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