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La libération requiert de la planification, du jugement et de la discipline
Publié dans El Watan le 24 - 06 - 2011

-On parle de vous dans les médias comme «l'inspirateur des révolutions arabes», car les méthodes utilisées par les manifestants, particulièrement en Egypte et en Tunisie, auraient été directement influencées par votre livre De la dictature à la démocratie. Qu'en pensez-vous ?
Si mon livre De la dictature à la démocratie a aidé les gens à avoir confiance dans le fait qu'ils pouvaient, par leurs propres efforts, apporter une plus grande liberté à leur société, c'est formidable, et mes dizaines d'années d'études ont alors été un bon investissement. Toutefois, je ne sais avec certitude si c'est vraiment ce qui s'est passé. En tout cas, ce sont les peuples tunisien et égyptien qui se sont libérés tous seuls, je n'y suis pour rien. Ce sont eux qui méritent les honneurs. Reste à voir s'ils seront en mesure d'empêcher que d'autres s'emparent de leurs succès.
-On sait que des révolutionnaires arabes ont été formés dans des camps de stratégies non violentes. Lorsque vous voyez des Egyptiens avec un exemplaire de votre livre, que ressentez-vous ? Est-ce une forme de consécration ?
Je n'ai pas vu de révolutionnaire égyptien avec mon livre De la dictature à la démocratie. Si tel était le cas, cela montre simplement qu'ils peuvent l'avoir lu !
-Vous avez écrit De la dictature à la démocratie en 1993, à destination notamment des guérilleros birmans. Les principes et méthodes que vous invoquez peuvent-ils réellement défaire toute forme de système politique dictatorial, et à toute époque ? Le régime birman n'est pas tout à fait comparable au régime de Hosni Moubarak…
Aucune dictature n'est identique, mais toutes partagent certaines caractéristiques communes, certaines différences. De la dictature à la démocratie a été écrit pour tous les peuples de Birmanie, pas seulement les guérilleros, qui voulaient mettre fin à la dictature militaire qui les oppressait. U Win Tin Maung, un important démocrate birman en exil, m'a demandé d'écrire pour son journal Pyaing Khit, aussi connu sous le nom du Journal New Era. Et parce que je ne connaissais pas la Birmanie en profondeur, j'ai dû écrire sur le sujet de manière générale, et pas seulement sur la dictature militaire en Birmanie spécifique à cette époque. Mes études antérieures sur les dictatures se sont fortement axées sur les systèmes totalitaires, le type le plus extrême de dictatures, en particulier les systèmes nazi et stalinien.
Le fait que mon analyse revête un caractère générique peut expliquer pourquoi le texte a été publié en trente-quatre langues. Dans chaque pays, les gens qui vivent sous le poids de différentes dictatures nous ont dit : «Ce livre a été écrit pour nous.» De la dictature à la démocratie offre un cadre conceptuel qui permet d'élaborer la libération. Mettre le texte sous son oreiller la nuit ne mènera à rien. La mise en œuvre exige beaucoup plus d'efforts que ça pour ceux qui veulent être libres. Elle requiert de la planification stratégique, ce que j'ai appelé «l'autolibération», de la sagesse, du jugement, de la bravoure et de la discipline.
-Le fait que ce sont les peuples tunisien et égyptien, seuls, qui ont réussi à faire tomber leurs régimes pacifiquement vous conforte-t-il dans l'analyse que vous faites des dictatures et de la manière de les renverser ?
Les révolutions non violentes n'ont pas seulement eu lieu en Tunisie et en Egypte, mais aussi partout ailleurs, et sans mes écrits pour les aider. Par exemple, l'autocratie tsariste de l'empire russe est tombée suite à la révolution de février 1917. Les dictatures militaires du Guatemala et du Salvador ont été dissoutes de manière non violente en 1944. Les régimes communistes de Pologne, Lituanie, Allemagne de l'Est, Tchécoslovaquie, etc. ont été anéantis dans les années 1980 et au début des années 1990. Bien sûr, tous ces succès n'ont pas été utilisés à bon escient par la suite, mais ils démontrent la capacité de la lutte non violente à détruire une dictature. Mon analyse du potentiel de la révolution non violente pour parvenir à la libération s'enracine en partie dans cette réalité.
-Vous affirmez qu'il ne faut pas combattre les régimes dictatoriaux avec leurs propres armes, c'est-à-dire en utilisant la violence. Quels conseils pourriez-vous donner aux peuples syrien et yéménite par exemple, qui, malgré leurs mouvements pacifiques, meurent chaque jour sous le feu des balles de leurs dirigeants ?
Choisir de combattre les dictatures avec ce type d'armes, grâce auxquelles elles ont pu acquérir leur supériorité, donne à ces dictatures un avantage. Il devient alors presque impossible pour ces gens qui luttent pour la liberté de gagner la partie. C'est insensé. Et quand une dictature est l'objet d'attaques, que ce soit par une résistance non violente ou par une non coopération avec le régime, il est naïf de penser qu'elle va gentiment accueillir cette révolution non violente. Il faut s'attendre à faire face à des blessés graves, à des brutalités, et savoir résister. Lorsque la répression est sans pitié, c'est la preuve que la dictature est extrêmement menacée, et que la lutte doit continuer. Et il est alors possible, mais ce n'est pas certain, que l'armée fasse l'objet d'une mutinerie, qui affaiblirait sérieusement le pouvoir de la dictature.
-En Libye, la résistance contre le régime se fait par les armes. Quelles sont vos prédictions quant au sort de cette révolte ?
Le passage à la lutte militaire en Libye s'est vraisemblablement opéré quand un général libyen, qui a fait défection, s'est tourné vers l'opposition et a offert ses soldats et ses armes aux résistants anti-Gueddafi, qui les ont follement acceptés. Le conflit s'est mué en une guerre militaire. Cependant, les rebelles se sont vite rendu compte que seuls, ils ne faisaient pas le poids face aux forces des fidèles pro-Gueddafi. Même aidées des Nations unies et de l'assistance militaire de l'OTAN, les forces militaires antirégime font face à de sérieux problèmes. Elles pourraient mettre fin au conflit en tuant El Gueddafi. Toutefois, il est fort probable que le conflit aboutisse à l'avènement d'un gouvernement autoritaire, fortement influencé par les pays qui ont fourni une aide militaire. A ce moment-là, le peuple libyen ne se sentira pas assez puissant, ni suffisamment solide pour bâtir une démocratie.
-Et maintenant que les régimes tunisien et égyptien sont tombés, que préconisez-vous pour assurer à ces peuples libres que la dictature ne reprenne pas ses droits, et pour les empêcher de cultiver toute forme d'espoir utopique ?
Avec le départ des anciens régimes, les peuples de Tunisie et d'Egypte sont confrontés à cette dure épreuve qu'est la construction d'un nouvel ordre politique démocratique. Ils doivent rester très prudents, afin qu'une nouvelle dictature ne s'empare pas à nouveau du pouvoir, progressivement ou brutalement, que ce soit par un coup d'Etat politique ou militaire. L'anti-coup, de Bruce Jenkins et de moi-même, est un guide pour prévenir et faire avorter les coups d'Etat…
-Vous avez été accusé en 2008 par l'Iran d'être un agent de la CIA. Ne craignez-vous pas des réactions des dirigeants arabes encore au pouvoir, qui pourraient vous accuser d'attiser la révolte populaire par le biais de votre «guide» ?
Cela supposerait que certains des dirigeants autocratiques actuels souhaiteraient conserver leurs positions au détriment des libertés démocratiques et de la justice. Dans ce cas, ils pourraient alors me dénoncer à cause de mes écrits. Si cela arrivait, je leur recommanderais simplement mes écrits, qui sont des alternatives non violentes conçues pour leurs peuples mécontents !


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