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Ramadhan et sport : Conflit perpétuel
Point de vue
Publié dans El Watan le 02 - 09 - 2009

Chaque année, le problème de la cohabitation du sport de compétition avec le Ramadhan fait l'objet de débats parfois passionnés et de polémiques entre les athlètes jeûneurs et leurs responsables techniques. Il est vrai que ces dernières années, le problème devient de plus en plus sérieux, car d'une part, le nombre de sportifs de confession musulmane augmente, notamment en football dans les clubs professionnels européens, d'autre part, le glissement du Ramadhan vers la saison chaude rend ce dernier relativement pénible.
Il est vrai également que les rares études scientifiques sérieuses qui ont abordé ce thème n'ont pas pu apporter de preuves indiscutables de contre-performances liées au jeûne, mais on ne peut pas nier non plus les perturbations que chaque jeûneur ressent avec les changements brutaux imposés par le Ramadhan. A travers cette contribution, je tenterai une approche physiologique du phénomène d'adaptation aux changements imposés par le Ramadhan, relaterai les résultats que nous avions obtenus sur une étude menée avec M. Brikci au CNMS d'Alger en 1992 et reconduite à Reims par ce dernier en 2004. Je ferai part également de l'expérience que j'ai vécue auprès de nos équipes nationales de football juniors (Coupe du monde de Tokyo 1979) puis seniors (préparation du mondial 1982)
1. Explication physiologique
La performance sportive est la résultante de l'interaction d'un certain nombre de facteurs qui concourent à optimiser le résultat sportif. Le facteur physique caractérisé par l'expression des qualités requises pour la discipline (endurance, vitesse et force-vitesse pour le football par exemple) ; le facteur technico-tactique destiné à optimiser les qualités intrinsèques de l'athlète et à les rentabiliser au profit du collectif ; le facteur psychologique qui permet l'expression de la motivation et la maîtrise de l'attention et de la vigilance ; le facteur environnement qui englobe tous les éléments extérieurs susceptibles d'influencer la performance du sportif (climat, supporters...) L'influence du Ramadhan va porter essentiellement sur les critères physiques et psychologiques. Au plan physiologique, le facteur physique est lié à l'apport énergétique et à la récupération hydrique. Que se passe-t-il durant le mois de Ramadhan pour ces deux éléments ? L'activité musculaire liée à l'effort physique se nourrit d'une énergie provenant essentiellement des glucides et des lipides, accessoirement des protides (ces derniers interviennent surtout dans la réparation tissulaire). Ces apports alimentaires sont disponibles en quantité supérieure pendant le mois de Ramadhan, les musulmans étant connus pour leur attrait vers les repas riches durant cette période.
De plus, les physiologistes du sport connaissent bien le phénomène de surcompensation qui consiste en une surcharge des réserves après un effort épuisant suivi d'un apport riche notamment en glucides. C'est ce phénomène de surcompensation qui explique la charge élevée que les entraîneurs imposent à leurs joueurs 3 ou 4 jours avant la compétition. Le Ramadhan, par l'épuisement des réserves imposé par le jeûne, suivi d'un apport alimentaire riche et varié s'apparente à la charge élevée et provoque donc le même phénomène de surcompensation. Le volet énergétique ne peut par conséquent être incriminé dans une contre-performance éventuelle. Par contre, la récupération hydrique pose un problème lorsqu'on sait l'importance de la réhydratation pendant et immédiatement après l'effort. Il est bien clair qu'un effort intense accompli pendant la journée, particulièrement en saison chaude, risque de poser quelques inquiétudes au plan musculaire, rénal et même cardiaque. L'autre souci lié à la récupération consiste en un sommeil qui est quelque peu perturbé durant le mois de Ramadhan lequel pousse les jeûneurs à veiller et à se lever durant la nuit pour le s'hor. Si l'aspect apport énergétique ne constitue pas un handicap pour le sportif pendant le carême, les deux facteurs de récupération représentés par la réhydratation et le sommeil peuvent par contre être gênants pour le sportif
2. L'aspect psychologique
Le volet psychologique dans le processus de préparation des athlètes est très important, ce qui justifie la présence d'un psychologue spécialisé dans le staff technique des grandes équipes. Ce critère mental est déterminant à la fois pour la motivation du joueur et la maîtrise de sa capacité d'attention et de vigilance utile pour la prévention des traumatismes. Le facteur spirituel du Ramadhan est essentiellement mental. Le joueur convaincu se surpassera pour compenser le déficit physique éventuel et prouver que le jeûne ne constitue aucunement un handicap pour lui. Par contre, le remords lié au non-respect du carême peut provoquer un certain relâchement au niveau de la performance de l'athlète. Cet aspect de la pratique ou non du jeûne est donc intimement lié au mental individuel des joueurs.
3. Constats pratiques
Ayant eu le privilège d'être médecin de nos équipes nationales de football, juniors puis seniors durant les années 1970-80, j'ai vécu deux situations différentes qui nous ont poussé à des attitudes différentes : en juillet 1979, notre équipe nationale de football juniors, sous la direction technique du Yougoslave Rajkov et de Saâdane, a participé à la Coupe du monde de Tokyo en plein mois de Ramadhan. Malgré le souhait de certains joueurs de jeûner, notre sens des responsabilités ne nous permettait pas d'autoriser le jeûne pour des éléments qui étaient appelés à affronter des compétitions de haut niveau tous les deux jours. La répétition rapprochée des matchs ne permettait aucunement une récupération optimale entre deux rencontres. Les joueurs, convaincus auparavant par un imam qui était intervenu à ce sujet à la radio avant le départ, avaient bien compris l'enjeu et les risques d'observer le jeûne lors d'un pareil tournoi. En 1981, lors d'un regroupement à Seraïdi précédent un match qui devait se dérouler à Annaba en plein mois de Ramadhan, quelques joueurs de l'équipe nationale seniors dirigée par le trio d'entraîneurs Maouche, Saâdane, Rogov, ont tenu à jeûner malgré les tentatives de l'entraîneur russe de les en dissuader. Personnellement, je n'adhérais pas au souhait de Rogov (qui m'en avait d'ailleurs fait le reproche) car, d'une part, je n'avais pas d'argument scientifique à faire valoir, d'autre part, les risques étaient moindres s'agissant d'une compétition unique. Je me souviens parfaitement de l'excellente performance des joueurs qui avaient jeûné et avaient manifesté un mental extraordinaire pour prouver à leur entraîneur russe que le Ramadhan ne les gênait pas du tout. Il est vrai également que ces mêmes acteurs avaient mis plus de temps à récupérer, ce qui confirme la difficulté de jeûner lorsque les compétitions sont répétées et rapprochées.
4. Expériences scientifiques
Ne disposant pas de données suffisantes au niveau de la littérature, M. Brikci (aujourd'hui responsable du laboratoire de physiologie de l'université de Reims) et moi-même avons initié une étude expérimentale sur des cyclistes au niveau du Centre national de médecine du sport en 1992. Des tests d'efforts et d'évaluation des principales qualités physiques ont été effectués une semaine avant le Ramadhan (données de référence), à la fin de chaque semaine du Ramadhan et celle qui venait juste après. Les résultats obtenus nous avaient permis de noter une diminution de la performance à la première semaine du carême, une amélioration progressive à partir de la deuxième semaine pour arriver à des scores supérieurs à ceux de référence à la troisième et quatrième semaines du Ramadhan, résultats qui se sont maintenus lors des dernières épreuves de la semaine post Ramadhan. Quelques années plus tard, M. Brikci et son équipe du laboratoire de physiologie de Reims ont abouti aux mêmes résultats sur des étudiants sportifs musulmans de l'institut UFRJST APS. Que faut-il en déduire ? L'évolution des résultats de tests effectués d'une semaine à l'autre du mois de Ramadhan montre bien qu'il s'agit d'un phénomène d'adaptation similaire à celui rencontré lors des séjours en altitude. L'organisme met du temps à s'adapter aux nouvelles contraintes et finit même par tirer profit de la richesse énergétique qui caractérise ce mois sacre, ce qui explique la nette amélioration des scores aux dernières semaines.
Conclusion et recommandations
L'élévation constante du nombre de sportifs de haut niveau de confession musulmane et les exigences de la pratique sportive de compétition qui impose des efforts à la limite de « l'inhumain » doivent interpeller davantage les responsables technico-administratifs, d'une part, et les scientifiques du sport d'autre part. La conviction de plus en plus forte qui habite les joueurs et son impact sur le volet psychologique de la préparation ne permettent pas d'ignorer cet aspect ni de tenter un forcing mental sur les joueurs. Le calendrier de Ramadhan étant connu d'avance, il serait plus logique d'adapter celui des compétitions afin de ne pas gêner la performance d'une part, et respecter l'intégrité physique et mentale des joueurs, d'autre part, particulièrement pour les premières semaines d'adaptation. Ces dernières devraient être utilisées comme journées de récupération active, avec des séances d'entraînement d'adaptation nocturnes qui permettraient le respect de la réhydratation pendant et après l'effort et un retour progressif à la compétition dans les mêmes conditions à la troisième semaine. Notre équipe nationale de football doit rencontrer la Zambie dans un match décisif le 6 septembre, soit au début de la troisième semaine du Ramadhan.
Les joueurs seront en principe en début d'adaptation physiologique aux changements imposés par le mois sacré. Ils devraient être moins gênés que lors des premiers jours. Cependant, quelques précautions devraient être respectées, Saâdane étant suffisamment compétent en la matière pour prendre les mesures nécessaires, il serait à mon sens plus prudent de prévoir quelques séances d'entraînement d'adaptation aux conditions de la compétition ; l'idéal aurait été de programmer une compétition de préparation avant celle officielle, dans les mêmes conditions, celle contre l'Uruguay, bien qu'intéressante, n'étant pas tout à fait identique. Il reste à mon sens que le volet capital pour cette rencontre sera l'approche psychologique de la préparation, la condition physique des professionnels et le choix tactique de Saâdane devant être en principe au niveau requis. La prise en charge psychologique des joueurs devrait être optimale, sans excès et sans trop de pression, notamment de la part de la presse afin de les mettre dans les meilleures conditions possibles de préparation pour cette rencontre qui représente l'espoir d'un renouveau sportif pour notre pays.
Rachid Hanifi : Professeur de médecine du sport


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