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Le second souffle de Tibhirine
Publié dans El Watan le 09 - 09 - 2011

«Est-ce que vous avez vu le film ?» La première question posée aux visiteurs est toujours la même. Avec le succès de Des hommes et des dieux, le frère Jean-Marie Lassausse s'est rapidement taillé un costume de guide touristique. Depuis la sortie du film de Xavier Beauvois, il y a bientôt un an, des curieux se bousculent au portail du monastère quasiment tous les jours. Le nouveau pensionnaire de Tibhirine a arrêté de les compter. D'après lui, ils sont des milliers. Surtout des Algériens et des Français, mais aussi quelques étrangers. «Le week-end dernier, on a reçu la visite du nouvel ambassadeur des Etats-Unis, évoque Jean-Marie. Il était en poste depuis seulement six jours et il est venu à Tibhirine. C'est quand même un signe, non ?»
L'histoire, le frère Jean-Marie l'a racontée des centaines de fois. Assis sur un rondin de bois dans le cimetière du monastère, il déroule le fil des événements avec une voix calme et posée. La vie quotidienne des moines trappistes, leur décision de rester malgré le danger environnant, leur enlèvement dans la nuit du 26 au 27 mars 1996, leur assassinat trouble deux mois plus tard. Face à lui, un soleil matinal éclaire les sept sépultures de ses prédécesseurs. Casquette vissée sur la tête, à l'ombre des cyprès, le frère Jean-Marie égrène leurs prénoms : Christian, Luc, Paul… Il connaît la vie de chacun sur le bout des doigts. Il faut dire que Tibhirine, c'est un peu son histoire à lui aussi. Prêtre à la mission de France, cet ingénieur agronome est arrivé en Algérie en 2000, après douze années passées en Egypte.
Exister
Un an plus tard, l'archevêque d'Alger lui demande de reprendre le monastère de Tibhirine. «J'ai pris trois jours de réflexion, se souvient Jean-Marie. Quand j'ai entendu tous les témoignages positifs des villageois sur les frères, j'ai décidé d'accepter. Je suis arrivé ici en mai 2001.» Depuis, le prêtre-ouvrier au regard bleu clair se rend au monastère quatre à cinq jours par semaine. Epaulé par deux salariés, Youssef et Samir, il entretient les cultures du monastère. La petite équipe cultive de tout : tomates, courgettes, haricots, mais aussi pommes, prunes, cerises… Quand il n'est pas occupé dans ses plantations, Jean-Marie fait désormais le tour du monastère avec les touristes. Le nouveau gardien des lieux est conscient qu'il doit cette recrudescence des visites au long métrage de Xavier Beauvois.
«Moi je dis chapeau. Il a sorti une œuvre intériorisée de la vie des moines alors qu'il n'est pas du tout religieux.» S'il évoque volontiers un film «beau et humain», qui a profondément touché les gens, Jean-Marie semble encore surpris face à un tel triomphe cinématographique. Un brin provocateur, il ne boude pas son plaisir de voir cette histoire encore très taboue remise à l'ordre du jour. «C'est une bonne chose, cela montre que le monastère continue d'exister et qu'il n'appartient pas uniquement au passé.» A première vue, l'effet Des hommes et des dieux serait donc très positif. Il existe pourtant un revers de la médaille. «Quand je suis seul, c'est un peu pesant. Il y a tout le temps du monde et je ne peux plus travailler», confie Jean-Marie. Beaucoup de visiteurs débarquent au monastère sans prévenir.
Véritable enjeu
Malgré sa bonne volonté, la petite équipe n'arrive pas toujours à combiner travail agricole et afflux de visiteurs. «Il y a toute une gestion à maîtriser, constate le prêtre sexagénaire. Accueil, visite, magasin : tout ça, il faut du monde pour s'en occuper !» Pendant six mois, de novembre à mai, la petite équipe du monastère a pu compter sur l'aide précieuse de Jean-Paul. Installé à Tibhirine en permanence, ce retraité français servait de guide bénévole aux visiteurs. L'expérience n'a malheureusement pas pu être prolongée. «Il voulait rester une année, mais pour une raison qui m'échappe, les autorités algériennes ont refusé de prolonger son visa», peste Jean-Marie. Le vide laissé par Jean-Paul va bientôt être comblé. En septembre, un couple de Français, dépêché par la Délégation catholique à la coopération, prendra la relève. Ces personnes seront là pour un an et pourront prolonger leur contrat de deux années supplémentaires. En attendant cette aide bienvenue, le frère Jean-Marie continue de jongler entre prières, visites et tâches agricoles.
Côté matériel, une collecte de fonds est en cours pour restaurer le monastère. L'équipe du film y a d'ailleurs apporté sa participation. Mais les problèmes d'étanchéité et de peinture ne sont pas le principal souci de Jean-Marie. «Le véritable enjeu, c'est d'installer une nouvelle communauté religieuse à Tibhirine», lance-t-il avec un air déterminé. Plusieurs tentatives ont déjà eu lieu depuis l'assassinat des moines. Toutes se sont soldées par un échec, la faute à des complications administratives et à un manque de volontaires. Pour Jean-Marie, pas question de baisser les bras pour autant. «Il faut vivre tourné vers l'avenir et continuer à propager le message pacifique des moines.» Grâce à Des hommes et des dieux, les religieux de Tibhirine et le frère Jean-Marie ont trouvé une caisse de résonance inespérée.


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