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Le Paradis et l'Enfer
Publié dans El Watan le 08 - 12 - 2011

Acteurs, lieux, événements, enjeux de mémoire y sont évoqués sobrement. On y trouve des récits d'itinéraires qui suscitent l'émotion, ceux des premiers militants algériens montés sur l'échafaud, Abdelkader Ferradj et Ahmed Zabana, entre autres. Bénéficiant de l'accumulation historiographique, de témoignages et de la recherche la plus récente, remettant en perspective interprétations et représentations, cette synthèse propose au lecteur un regard réfléchi et lui offre une vision originale d'une guerre dont est issu le présent de l'Algérie.
Les Algériens, en général, cultivent un rapport singulier à leur histoire.
C'est à la fois leur paradis et leur enfer. Placés en situation d'infériorité par l'oppression coloniale, ils ont développé, malgré leurs divergences, un système de défense idéologique, face à cette histoire, qu'on retrouve largement dans la diaspora.
Les blessures du passé sont si profondes que, malgré la liberté acquise, elles continuent à mordre et à susciter débats et controverses. Après la nuit de l'oppression, les Algériens ont cherché à renouer les fils cassés de leur mémoire. A la fabrication par le colonisateur d'une légende noire pour dévaloriser l'image des Algériens, le nationalisme a opposé un tableau idyllique et mythique du passé. Son projet était politique. Il s'agissait de libérer intellectuellement les nouvelles générations de l'emprise coloniale. Cette détermination a orienté le récit historique. L'offensive contre l'arrogance française a pris une autre tournure après 1962. Le nouvel Etat a mis l'histoire au service de la construction de sa propre légitimité et lui a assigné, en la monopolisant, la tâche de consolider son pouvoir.
Chacune des directions qui se sont succédé à la tête du pays a cherché à imposer sa marque, autrement dit son discours historique. Faute d'une véritable anamnèse, chaque bataille du passé conserve son pouvoir détonateur. Aussi, l'émergence du métier d'historien en Algérie s'est-elle opérée dans un contexte peu favorable à la recherche historique. Cela apparaît clairement après les événements sanglants d'octobre 1988 qui ont mis fin au système du parti unique.
Une donnée politique nouvelle est également apparue. Dans les milieux populaires, on a réalisé que c'est la relation à l'Etat qui confère aux acteurs politiques la capacité de s'enrichir et de dominer le champ social.
Si l'on y ajoute la ruée des aspirants au pouvoir sur la scène politique, on s'aperçoit que le mythe nationaliste forgé dans la lutte commune contre le colonialisme connaît aujourd'hui une sérieuse érosion.
Les équipes dirigeantes se trouvent disqualifiées, alors que leur discours sur l'histoire n'a pas réussi à trouver le cœur des Algériens. Malgré tous les moyens scolaires et médiatiques mis en œuvre par l'Etat, les tentatives de contrôle des idées des Algériens sur leur histoire ont rencontré la méfiance et le scepticisme. La vitalité de la tradition orale et la résurgence des mémoires individuelles, ou de celles des groupes politiques condamnés jadis au silence se sont révélées plus fortes et plus efficaces.
On le voit bien, ces dernières années, avec l'abondance des publications de mémoires et de témoignages dans lesquels on peut trouver le pire et le meilleur.
Y domine la fierté des Algériens d'avoir eu raison du colonialisme. Des volontaires ayant choisi la voie du risque et du sacrifice, des irréguliers capables de tenir en échec une armée professionnelle aussi expérimentée que celle de la France, telle apparaît, même aux yeux des opposants au pouvoir, la geste de Novembre 1954. A ceux qui ont conduit une guerre inégale, ils sont reconnaissants d'avoir, malgré leurs fautes et leurs limites, réintroduit le pays dans le concert des nations.
C'est au nom du passé révolutionnaire qu'ils exigent que, dans l'aventure victorieuse contre la colonisation, ne soient plus occultés les épisodes sombres et que soient honorées les promesses faites dans le feu du combat.
La revendication démocratique a remis l'histoire au goût du jour.
A la recherche d'un discours rassembleur pour consolider une identité fragile menacée par des forces centrifuges qui font partie de l'héritage historique, les élites dirigeantes n'ont pas encore trouvé le bon chemin.
L'histoire peut les y aider. Si le métier d'historien, encore balbutiant en Algérie, cesse d'être soumis à surveillance comme le prône la Constitution. Si les départements d'histoire dans les universités s'avèrent libres de construire leurs objets. Si la recherche n'est plus enfermée dans des cadres nationaux souvent peu pertinents. Enfin, si on accorde la priorité à l'analyse et à la réflexion sur les questions épistémiques et méthodologiques. La science et la recherche historique y gagneraient en crédibilité. Puisse cet ouvrage, par sa façon d'aborder l'histoire de la guerre, contribuer à favoriser cette évolution. C'est le vœu des historiens anticolonialistes des deux rives de la Méditerranée qui souhaitent coopérer, ensemble, et ne plus voir leur travail hypothéqué par les politiques fluctuantes des Etats.


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