En tête des quelque 2000 blogs politiques hébergés par la plate-forme unblog.fr, Algérie Politique (www.ffs1963.unblog.fr), ouvert en mai 2007, enregistre entre 4000 et 5000 visites par jour et plus de 23 000 commentaires. Son créateur, El Mohtarem, qui souhaite conserver son anonymat, s'exprime sur la nouvelle loi sur la cybercriminalité. L'Assemblée populaire nationale a adopté, en juin dernier, à l'unanimité, une loi contre la cybercriminalité. Elle sera bientôt proposée au vote du Sénat. Que vous fait-elle craindre pour les bloggeurs algériens ? Après avoir verrouillé les champs politique et médiatique en usant des dispositifs de l'état d'urgence, le pouvoir veut maintenant verrouiller la Toile le seul espace d'expression libre qui reste aux Algériens au nom de la lutte antiterroriste. Si pour l'heure le pouvoir algérien laisse les gens s'exprimer via Internet, c'est parce qu'il est conscient que les internautes ne constituent pas une menace à son existence. Par contre, le jour où nos internautes feront de cette technologie un moyen de mobilisation citoyenne, le pouvoir mettra en place, en toute urgence, ses logiciels de « lutte contre la cybercriminalité ». En avril dernier, un jeune Algérois a été condamné à 18 mois de prison ferme pour avoir publié un commentaire dans le forum d'un site internet d'obédience islamiste. Son avocat s'est interrogé lors de l'audience : « Si les services de sécurité sont capables d'identifier l'auteur du commentaire, pourquoi sont-ils incapables de fermer les sites des groupes terroristes ? » C'est un fait que j'ai porté à la connaissance de RSF. Un rapide état des lieux du blogging en Algérie ? Au Maghreb ? Avec un blog, un citoyen peut donner son avis sur toutes les questions d'actualité. Un bloggeur est, avant tout, un journaliste citoyen. Contrairement au journaliste professionnel qui est soumis à une ligne éditoriale « imposée » par son patron, le bloggeur n'est soumis qu'à l'éthique et à la déontologie. Il peut commenter un événement en toute liberté et diffuser des informations que la presse ne « peut » pas publier pour des raisons d'autocensure ou des raisons commerciales. La blogosphère algérienne n'est pas encore dynamique en l'absence de la culture de débat contradictoire, résultat du musellement de la société depuis l'indépendance. La faiblesse de la blogosphère s'explique également par la médiocrité du réseau Internet.
