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Excès de centralisme et immobilisme des Etats

Toutes les économies du monde sont fortement connectées aux décisions politiques. Cette assertion est tellement acceptée qu'on considère les problèmes politiques comme les principales causes qui accélèrent ou retardent le processus de croissance ou de développement économique. Nul n'ignore que les choix de politiques économiques et sociales ont un énorme impact sur les performances économiques et le bien-être des populations.
Mais les choix économiques découlent avant tout de préférences politiques, parfois d'idéologies et souvent de règles pragmatiques, comme celles longtemps utilisées par la social-démocratie européenne : «Autant de marché que possible et autant d'Etat que nécessaire». Ceci aboutit à une complémentarité exemplaire entre un Etat performant, transparent et stratège et un secteur privé dominant, respectueux des lois et de la dignité humaine.
Globalement, nous avons deux types d'Etat. Ceux qui centralisent trop, privent les entreprises et les institutions publiques de décisions décentralisées éclairées et qui cernent mieux leurs milieux. Par contre, d'autres décentralisent judicieusement en développant des outils pour réussir le processus : plans concertés, programmes à moyen et long termes, repères d'évaluation et de prises de décision correctives. Un Etat décentralisateur a au moins une satisfaction : son système économique peut mieux survivre aux remous politiques, aux crises aux sommets et à tout événement déstabilisateur qui peut surgir. Nous sommes en train de vivre une expérience qui mérite une analyse minutieuse : la situation économique après des élections législatives et les incertitudes qu'elles introduisent.
Pour notre cas
Le calendrier politique national comprend une législative et une présidentielle en cinq ans. Les incertitudes comprennent six à neuf mois avant et après les scrutins. Durant cette période, les administrations, les institutions et les entreprises publiques entrent dans une longue période de léthargie. On expédie les affaires courantes et on gère les projets programmés. Mais les décisions importantes, lourdes de conséquences, les plans opérationnels ambitieux sont «gelés». Tel est le cas des pays où le processus de décision est trop centralisé et trop connecté au champ politique. De nombreux pays en voie de développement sont dans cette configuration. Dans une entreprise ou dans un pays, on centralise lorsqu'on pense que la base est incapable de prendre les bonnes décisions pour des raisons de qualifications ou d'éthique. Cette situation pourrait être provisoirement acceptable le temps de former et d'introduire les mécanismes d'audit, de transparence et autres pour minimiser les malversations ou les incohérences entre les décisions prises.
Nous venons de fêter le cinquantième anniversaire de notre indépendance. Il est difficile d'expliquer pourquoi nous n'avons pas mis en place ces dispositions. Certes, de nombreux pays en voie de développement sont dans cette situation. Il faut se rappeler que ce n'est pas une condition voulue. Les décideurs d'un pays souhaitent tout, sauf la paralysie de leurs institutions. Cet état de fait s'impose de lui-même à toutes les institutions ou les pays qui connaissent de graves problèmes d'organisation. Alors, qu'elles seraient les conséquences probables ? En premier lieu, il faudrait plusieurs études techniques (économétriques) pour estimer approximativement l'impact. Les méthodologies existent (comparaisons de périodes), mais le fait est là ; personne n'a investi suffisamment pour en connaître les conséquences avec une précision modeste. Puisque nous avons au moins deux élections par quinquennat, le pays serait en position d'attente pendant au moins le 1/3 du temps.
Les activités qui risquent de pâtir de ce genre de décision sont nombreuses. Nous pouvons en évoquer un échantillon. Les investissements internationaux s'accommodent mal de l'immobilisme. La patience n'est pas une vertu dans le monde des affaires. Les entreprises internationales intègrent le temps comme une donnée de coût dans les décisions d'investissement. C'est pour cela que les pays rivalisent d'ingéniosité pour accélérer le processus décisionnel. Le renouvellement des équipements des entreprises publiques sont une victime de ce processus. Après les avoir assainis et mis en situation de pouvoir exercer, on les prive de l'oxygène nécessaire à tout bon fonctionnement : décider rapidement afin de ne pas être en décalage par rapport aux marchés et aux stratégies des concurrents. La compétition la plus importante que subissent ces entreprises provient des importations. La plupart des entreprises des pays concurrents ne subissent pas les mêmes affres. La concurrence devient inégale avec des entreprises à environnements plus efficaces. Les administrations qui délivrent des autorisations ou des appuis aux investissements nouveaux ont tendance à ajourner leurs verdicts.
L'explication est généralement toute simple. Si les responsables prennent des décisions appropriées, ils n'ont droit à aucune gratitude et aucune récompense matérielle ou morale. Mais au moindre écart, erreur d'appréciation ou de jugement la personne devient visible, vulnérable et a droit à un châtiment rapide. Il est donc logique qu'on évite d'apparaître comme distinct, différent et utile. Le comportement est rationnel pour une stratégie de carrière mais pas pour la dynamique économique.
Quelles alternatives sont disponibles ?
De nombreux observateurs considèrent que les constats, les critiques sont beaucoup plus faciles à faire plutôt qu'à imaginer des mesures correctives. C'est dans la nature des choses. Mais lorsque les constats relèvent d'un diagnostic approfondi, les pistes de solutions se clarifient. Il y a tout de même une différence entre les diagnostics qui révèlent des causes et ceux qui se limitent aux symptômes. Tout est question de métier. Un Etat qui centralise trop durant de nombreuses années recèle des carences profondes en termes de nature, de composition et d'organisation. Par ailleurs, les pistes de solution sont toujours compliquées à mettre en œuvre. Elles exigent des conditions parfois drastiques et souvent plus compliquées à exécuter. Le propre d'un analyste est de les identifier. Pour ce qui nous concerne, les conditions ont trait à la nature du champ politique, aux interactions entre la sphère politique et le domaine économique, de même que la place du décideur technique dans le cadre du fonctionnement économique global. Encore qu'en Algérie les plans de relance contiennent de nombreux projets qui continuent d'être exécutés ; ce qui donne l'impression que les choses avancent normalement. Ce pourrait être le cas pour les projets qui ne connaissent pas de difficultés majeures ; autant dire une faible proportion. Mais le mal est là et les trois axes principaux qui permettent d'y remédier sont connus des spécialistes :
-1. Au stade de développement actuel, notre pays ne peut pas se permettre le luxe de faire l'économie d'un plan stratégique. Nous avons besoin de vision, d'éclairages et de repères qui permettent aux acteurs économiques d'activer sous un minimum de contraintes politiques ;
-2. Instaurer une tradition de nomination et de promotion en fonction de critères et de repères de performance préétablis. Ces pratiques concourent à rendre plus visibles les priorités, les attributions et les pouvoirs des principaux agents économiques ;
-3. Mettre en place les mécanismes qui isolent un tant soi peu la sphère économique des remous politiques. Une déconnexion totale serait un leurre. Mais nous avons des exemples d'économie de marché qui ont pu réduire la dépendance.
Tout au long des années soixante, l'Italie connaissait les turbulences économiques les plus graves de l'OCDE : un gouvernement tous les dix-huit mois, les brigades rouges, des remous sociaux très graves. Mais l'économie était l'une des plus performantes au monde avec une croissance moyenne de plus de 5%. Les analystes s'étaient penchés sur la question de l'interconnexion entre les développements politiques et les performances économiques. Lorsque le pouvoir politique est stable et les orientations stratégiques claires, une forte connexion peut être bénéfique au pays (Chine). Dès lors que les politiques publiques sont instables et le champ économique leur est fortement lié, des sous-performances et même des situations de paralysie s'instaurent.
Si on ne peut pas introduire des mutations profondes en termes de sociologie politique, alors il faut travailler beaucoup plus sur le champ de la déconnexion. On retombe alors sur les conditions ci-dessus : stratégie, gestion par programmes et objectifs, transparence et rétribution selon des critères mesurables. En l'absence de ces dispositions, une forte corrélation couplée d'instabilité sera synonyme de piètre performance. Et au futur, il faut que nous nous concertions sur comment éviter une telle situation.


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