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Publication-Il ne fera pas lon feu, de Hamid Grine : « Mordre pour réussir »
Publié dans El Watan le 21 - 10 - 2009

Hamid Grine est entré dans un terrain miné. Ecrire un roman sur un journaliste, et en Algérie, est un risque pluriel. S'ils sont critiques envers les autres, les professionnels de la presse n'aiment pas qu'on remette en cause leur travail. L'enfer ? C'est les autres. C'est connu. Dans Il ne fera pas long feu, paru aux éditions Alpha, Hamid Grine, qui connaît parfaitement les allées et venues du monde des médias et de la communication, raconte l'histoire de Hassoud, un directeur prétentieux d'une petite publication sans intérêt. C'est un personnage qu'on déteste.
Difficile d'avoir de la sympathie pour un homme aussi repoussant. Hassoud croit avoir tous les droits, tous les pouvoirs. Stérile, il harcèle les femmes. C'est une obsession. Enfant, il a assisté à un coït parental qui l'a traumatisé. Marié sans bonheur à Nafissa, il joue le jeu des couples normaux. Le « faire semblant » n'est-il pas un jeu de société ? « Nafissa tirait de cette union un gros avantage. Une liberté dont elle jouissait totalement et des moyens matériels dont elle disposait avec sa belle voiture, ses belles tenues et son bel appartement », écrit le romancier. Frustrée, Nafissa, qui a fait « un beau mariage » selon ses parents, ira chercher l'amour ailleurs. Cela s'appellera « le vernissage », avec Ahmed, un faux artiste peintre. « La femme adultère n'a qu'un bonheur : voir chaque femme avec un amant », note, avec ironie, Hamid Grine. Nafissa et Hassoud sont sur des parallèles. Nafissa n'a aucun remords de tromper son mari, Hassoud n'a aucun scrupule à harceler Assia, sa collaboratrice, et à payer Nassima pour qu'elle avorte. Grand de taille, petite tête et imberbe, Hassoud pense qu'il est un séducteur, peut être même beau. Hautain et insensible, il se prend dans son jeu. Il veut même écraser Lakhdar, son rédacteur en chef, soupçonné de vouloir forcer la porte de son jardin « secret ».
Lakhdar a perdu ses idéaux de jeunesse. Il a accepté de travailler pour une feuille de chou spécialisée en calomnies : « Le prix à payer : s'asseoir sur ses principes. Et, il semble à l'aise dans cette posture, sur ce siège qui colle à la peau ». L'argent, la publicité, l'allégeance n'ont-ils pas remplacé les principes de neutralité, d'indépendance et d'objectivité ? Les chercheurs d'or, qui tentent de remplacer les vrais journalistes, feront-ils de la presse ce qu'ils voudront, eux qui ressemblent à Lakhdar, à Hassoud et à des personnages que Hamid aurait pu inventer sans s'éloigner de la réalité ? Le directeur de L'Espoir consulte Cheikha Zoulikha qui croit prévoir l'avenir dans les vapeurs de ses braseros. Hassoud conduit un 4 X 4, voiture préférée de la « plouquerie » nationale, celle qui arpente les nouveaux boulevards d'Alger et d'ailleurs. Le directeur de L'Espoir adore le cérémonial pour se faire remarquer : « Dès son arrivée au siège du journal, avant même que le 4 x 4 ne s'arrête totalement, un homme en costume noir se précipite pour lui ouvrir la portière. Hassoud descend lentement, d'un geste nonchalant dont la lenteur est calculée . Il lui remet son cartable.
Cet homme n'est payé que pour ce geste... ». Hassoud veut être aristocrate sans en avoir les attributs, intellectuel sans en avoir les qualités, homme sans en avoir l'allure. « Pour le directeur de L'Espoir, rien n'est impossible en Algérie. Il suffit de s'accrocher, de mordre pour réussir. Parti de rien, il s'est rapidement bâti une fortune en recourant à une arme plus vieille que la presse : l'arme du chantage », détaille le romancier. Il le fait à plusieurs reprises comme pour souligner l'insoutenable légèreté de l'être. C'est que Hassoud est un personnage complexe, retors et fatalement instable. Il rêve de devenir ministre. Et quand il le sera, il musellera la presse et fermera tout journal qui aura « un mot de trop sur le régime ». Il interdira aux entreprises publiques de donner la publicité aux grands tirages. Fiction ? Hassoud veut devenir chef d'un empire médiatique à lui tout seul. Son sentiment de puissance n'a pas de limites, sauf une, Si Messaoud, le patron de la Société algérienne de tubes (SAT),l'homme qui a droit de vie et de mort sur lui. Et lorsque le chef de la SAT le « convoque » dans son bureau, il le fait attendre pendant des heures. Dans la salle d'attente, on lui offre du café au goût de pois chiche comme pour lui « rappeler » son rang. « Ces cafés lui rappellent ceux qu'il prenait quand l'Algérie était socialiste », glisse le romancier.
Un socialisme qui a permis aux pauvres d'hier de devenir riches aujourd'hui et de recycler les monopoles ! .Dans l'immense bureau du président de la SAT, Hassoud n'est plus qu'un petit directeur d'un petit journal. Assis sur un petit tabouret face au maître, il est obligé de lever les yeux pour regarder son interlocuteur. Humiliation. « Je veux que votre Une soit barrée par ce titre : « Le chef du gouvernement ne fera pas long feu », ordonne Si Messaoud. Ordre métallique qui changera la couleur de la vie de Hassoud. Celui qui creuse un trou, ne finit-il, par tomber dedans ? « Je ne vise personne. Cela ferait trop pour une personne si je lui réserve tout un roman. C'est un personnage composé », nous explique Hamid Grine, quelque peu étonné par les commentaires qui accompagnent la sortie de son quatrième roman. L'auteur a pris le soin d'avertir au début du livre que l'oeuvre est une fiction : « Toute ressemblance avec une personne qui existe ou ayant existé est fortuite ». Il n'a pas hésité à citer l'humoriste français Coluche qui avait dit un jour « Si la méchanceté suffisait pour faire fortune, il y a beaucoup de journalistes qui seraient célèbres ». Dans une récente vente-dédicace à la Librairie du Tiers monde à Alger, le libraire a vendu 128 exemplaires du roman. « C'est un record. Les journalistes simples ont beaucoup apprécié le roman. Ils sont venus nombreux à la vente-dédicace et m'ont dit que ce que j'ai raconté dans le roman, c'est ce qu'ils vivent chaque jour dans leurs rédactions. Des éditeurs de presse ont également bien accueilli le livre. La presse est un sujet qui interpelle », a ajouté Hamid Grine.
“Il ne fera pas long feu”, roman, 180 pages,éditions Alpha, 2009-


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