Le siège de l'APC était hier toujours fermé et le P/APC séquestré. Le mouvement de protestation entamé avant-hier par les citoyens du village Matoussa dans la commune de Chaâbet El Ameur, pour réclamer une prise en charge de leurs problèmes, s'est poursuivi hier. Le mouvement s'est élargi et s'est radicalisé. Car après la fermeture du siège de l'APC durant la journée de lundi, les manifestants ont passé la nuit dans l'enceinte de l'APC, et ont pris en otage le P/APC. Ils réclament la présence du premier magistrat de la wilaya. « Nous avons passé la nuit ici, et nous n'allons pas retourner chez nous tant que le wali n'est pas venu », nous a déclaré un manifestant. En fin de soirée d'avant-hier, les manifestants ont ramené des draps et des couvertures pour passer la nuit à la belle étoile. « Nous sommes humiliés, comment voulez-vous que nous rentrons chez nous ? Nous allons encore passer la nuit ici s'il le faut », nous déclarait hier un citoyen. Tôt dans la matinée d'hier, les manifestants ont fermé tous les édifices publics et les établissements scolaires du chef-lieu (lycée, écoles primaires, CEM, la Poste et CNAS). Chaâbet El Ameur était hier une ville très agitée. « Le marasme de notre localité est celui de tous les coins de la commune. Nous vivons des problèmes similaires, nous n'avons qu'un seul lycée et nos enfants souffrent le martyre pour rejoindre leurs écoles », nous a dit un parent d'élève. Des centaines de collégiens et de lycéens, qui avaient déjà manifesté leur colère contre les conditions dans lesquelles ils évoluent, ont rejoint les manifestants pour exprimer leurs doléances, notamment l'absence de restauration et de transport scolaire. Vers 10h, des élèves et des lycéens ont improvisé une marche au niveau du boulevard du 1er Novembre, tout en scandant les slogans tels que « Ulac smah ulac » « On en a marre de la hogra ». Les manifestants ont bloqué la RN68 au niveau du lieudit El Khezna à l'est et la sortie ouest de la localité du côté de la station-service. Les villageois ont fermé la route à l'aide d'une remorque d'un tracteur, de troncs d'arbres et de pneus brûlés. Les automobilistes ont dû rebrousser chemin pour faire le détour. Même la route menant vers Thouzaline a été fermée momentanément à la circulation. Vers 13h, la voie était libérée au niveau de la station- service, à l'arrivée d'un convoi des forces antiémeute. Mais celle-ci a été fermée encore une autre fois par les manifestants. Tandis que la circulation était restée bloquée au niveau d'El Khezna. Les revendications des villageois sont entre autres le revêtement de la route du village, la reconstruction du pont d'Ihavien et le transport scolaire. En fin de journée, hier, le siège de l'APC était toujours fermé et le P/APC séquestré. Aucun haut responsable n'a jugé utile de faire le déplacement pour écouter les citoyens révoltés.
