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Une réécriture poétique de l'histoire de l'Algérie
Rencontre Kateb Yacine 2009 au palais de la culture
Publié dans El Watan le 29 - 10 - 2009

Kateb Yacine avait soutenu, de son vivant, les auteurs victimes du stalinisme.
Kateb Yacine était-il stalinien ? « Non », répond Benamar Mediène, universitaire et critique d'art, lors d'une conférence sur « les amitiés électives et les camarades de combat » du romancier, hier à la bibliothèque du Palais de la culture Moufdi Zakaria, lors des premières rencontres Kateb Yacine 2009, organisées par la compagnie Gosto théâtre. « Il était subjugué par la force du personnage de Staline qui arrivait à gérer seul l'URSS, mais il n'était pas stalinien », a-t-il expliqué. Il a rappelé que Kateb Yacine avait soutenu des auteurs victimes du stalinisme tels que Boris Pasternak, prix Nobel de littérature en 1958. Moscou avait cruellement réagi après l'attribution du prix en accusant le romancier d'être « un agent de l'Occident capitaliste et antipatriotique » et en l'obligeant à renoncer à la distinction. Joseph Staline, qui avait dirigé l'URSS pendant presque vingt ans jusqu'en 1953, avait persécuté les intellectuels, instauré des censures multiples et envoyé tous les opposants au goulag.
Aucun Parti
Benamar Mediène a rappelé aussi que l'auteur de Nedjma avait de l'admiration pour l'homme politique Maximilien de Robespierre, qui était favorable à l'instauration de la République après la révolution française, et de Saint-Just, l'un des leaders de la période de « la Terreur » durant la même révolution française. « Attaché à l'idéologie communiste, poète humaniste et internationaliste, Kateb Yacine n'a adhéré à aucun parti », a noté le conférencier. Benamar Mediène, qui a écrit une biographie du romancier, Kateb Yacine, le cœur entre les dents, a évoqué, avec une flopée d'anecdotes, toutes les personnes qui ont eu, à un moment ou un autre, de l'influence sur le parcours artistique de l'écrivain. A commencer par Zoulikha Kateb, sa cousine et son grand amour, sa mère, Yasmine, « poète et chanteuse du huis clos », son grand-père, Si Mohamed El Ghazali, bach adel (juriste), et son père, un oukil... « Une famille de notables mais ruinée et déclassée », a-t-il relevé. Le jeune Kateb abandonne ses études. « Alors d'où vient toute cette culture ? Par quel miracle a-t-il pu mettre en rythme les verbes dans le sens poétique ? », s'est interrogé le biographe.
Selon lui, le juge André Walter, qui avait ouvert sa bibliothèque au jeune Kateb, a énormément contribué à la formation littéraire et artistique de l'auteur de Soliloques. Il y a découvert toutes les œuvres de Proust, Lamartine et d'autres encore. André Walter avait aidé Kateb Yacine à obtenir une bourse d'études à Paris, ville découverte en 1947. Année où Kateb Yacine rencontrait Jacqueline Arnaud qui allait devenir sa compagne et où il prononçait, à 18 ans, un discours à la salle des Sociétés savantes sur l'Emir Abdelkader. « Il était peiné par le fait qu'on écrive dans l'affiche : ‘discours prononcé par un jeune musulman ». Il ne comprenait pas pourquoi on écrivait pas « jeune Algérien » ou « jeune poète », a indiqué Benamar Mediène qui a rappelé que l'artiste-peintre Baya était également à Paris à la même période. A 17 ans, Baya avait connu les grands de l'art de l'époque, tels que l'Espagnol Picasso. Kateb Yacine faisait connaissance plus tard avec le plasticien M'hamed Issiakhem et le romancier Malek Haddad. « Malek Haddad, le compagnon de toujours, avait beaucoup aidé la famille de Kateb à Constantine. Si Tahar Bellounisi avait appuyé le jeune poète et lui avait permis de bien découvrir la ville », a noté le conférencier.
Albert Camus
Il a évoqué toutes les difficultés qu'a eu l'auteur de L'homme aux sandales de caoutchouc pour lancer un véritable théâtre populaire en Algérie après l'indépendance. « On l'avait envoyé à Tenira, au sud de Sidi Bel Abbes, pour le faire. On lui refusait les salles. Cela l'avait beaucoup marqué. Il avait alors décidé de repartir. Il rêvait de monter une grande tragédie de six à sept heures et la faire jouer dans un stade », a-t-il souligné. Mohamed Lakhdar Maougal, universitaire, s'est interrogé lors des débats sur le rapport entre Kateb Yacine et Albert Camus. « Ils se sont rencontrés mais leur relation est insaisissable. Mais, Camus a beaucoup aidé Kateb à publier ses textes dans la revue Combat », a précisé Benamar Mediène soulignant que l'auteur de La Peste était présent lors d'une lecture publique de la célèbre pièce de Kateb Le cadavre encerclé. Selon Mohamed Lakhdar Maougal, Kateb Yacine était un intellectuel iconoclaste en ce sens qu'il a réécrit l'histoire de l'Algérie loin de la discipline historique « mais dans la poésie, le rêve et le délire ». « Cette façon d'écrire fait que pratiquement il devient un auteur inclassable. C'est ce qui a rendu son texte hermétique. Des gens se sont plaints, à tort d'ailleurs, du fait qu'ils n'arrivaient pas à comprendre ce qu'il voulait dire. Il crée une turbulence qui fait que quelqu'un qui pense avoir compris Kateb Yacine se fourvoie totalement en reproduisant un discours qui n'est pas celui de l'auteur mais celui de sa propre lecture », a observé l'universitaire.
D'après lui, l'auteur de Le Cercle des représailles n'était pas identitaire. « Dire que la littérature de Yacine est identitaire est totalement faux. Pourquoi ? Parce que c'est quelqu'un qui, en convoquant ne serait-ce que la figure ancestrale, affirme l'enracinement. Si on affirme l'enracinement, on n'est pas en quête d'identité. C'est l'évidence », a remarqué Mohammed Lakhdar Maougal. Il a regretté le fait que la maison d'édition française Le Seuil refuse de céder les droits sur Kateb Yacine. « Il est curieux que Le Seuil lâche prise sur les œuvres de Mohammed Dib, réédités par l'ENAG, alors qu'il ne le fait pas sur les livres de Kateb Yacine. Cela signifie qu'ils veulent s'approprier Kateb Yacine en tant que figure de proue de l'intellectuel francophone », a-t-il expliqué. Ziani Cherif Ayad, dramaturge et directeur de la compagnie Gosto, a estimé qu'il ne faut pas mythifier un auteur, car cela équivaut à un second enterrement. « Réétudier son œuvre et la rendre plus vivante est le meilleur hommage qu'on peut lui rendre. Il faut transmettre la réflexion de ceux qui ont travaillé sur son œuvre et de ceux qui l'ont connu aux jeunes pour qu'eux aussi se réapproprient ces œuvres avec l'éclairage et le regard d'aujourd'hui », a-t-il dit. Ziani Cherif Ayad travaille depuis plus plusieurs années sur les œuvres de Kateb Yacine. Il a, à titre d'exemple, adapté au théâtre le roman Nedjma.


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