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" En Algérie, on ne tient pas compte de ce que dit l'OMS pour annuler ou non le hadj"
Mohamed Bekkat Berkani. Président du Conseil national de l'Ordre des médecins
Publié dans El Watan le 30 - 10 - 2009

Vaccinations collectives, absence de vaccins dans les pharmacies, choix des médecins accompagnant les pèlerins... A trois jours du hadj, le président du Conseil national de l'Ordre des médecins déplore la négligence du ministère de la Santé quant à la politique de prévention face à la grippe porcine.
En qualité de président du Conseil de l'Ordre des médecins, que pensez-vous du risque qu'encourent les pèlerins ?
En observateur médical, je constate que nos hadjis se rendent dans des milieux à risque sans protection, ce qui pourrait engendrer de gros problèmes de santé. D'autant plus que les pèlerins algériens sont âgés, et que la plupart souffrent de maladies chroniques (cholestérol, diabète…) ou cardiaques. Plus fragilisés, ils sont donc censés se faire vacciner contre la grippe A (H1N1) et aussi contre la grippe saisonnière. Mais ces vaccins ne sont plus disponibles dans les pharmacies. Depuis quelque temps, je ne prescris plus de vaccin contre la grippe saisonnière à mes patients car il est introuvable dans les pharmacies. En tant que président du Conseil de l'Ordre des médecins, je n'arrive pas à comprendre les décisions qui ont été prises concernant ce hadj, qui se tient avant même que l'on réceptionne les vaccins prêts à être utilisés. Même si on les avait reçus, on n'aurait pas eu le temps de vacciner tous les pèlerins, encore moins de tester leur efficacité et leur innocuité. Ce qui est grave aujourd'hui, c'est qu'on oublie ou on ignore que parmi les cas de grippe porcine en Algérie, il y a un malade qui vient d'Arabie saoudite.
Vous êtes en train de nous dire que le ministère de la Santé aurait dû annuler le hadj…
Malheureusement, chez nous, ce n'est pas le ministère de la Santé qui décide d'annuler ou non le pèlerinage, alors que le problème relève bien de ses compétences. La décision est prise par une commission, l'Office national du hadj et de la omra. Et ce dernier a affirmé que le pèlerinage aurait lieu en dépit des recommandations de l'Organisation mondiale de la santé ! Il est étonnant que ce soit par la voie d'une subdivision du ministère des Affaires religieuses que l'on décide que le pèlerinage ait lieu ou non. L'OMS, c'est vrai, est une institution d'observation qui n'émet que des recommandations. Mais dans le cas où elles ne sont pas prises en considération et si une catastrophe survient, les Nations unies peuvent intervenir au nom de ce qu'on appelle le droit d'ingérence humanitaire. De nombreux pays arabes ont suivi ces recommandations et ont interdit le pèlerinage aux personnes de moins de 12 ans et plus de 65 ans, aux femmes enceintes, aux malades chroniques, etc. La Tunisie qui est un pays arabe, musulman et frère, a décidé de prendre la décision extrême, en annulant la omra et le hadj, tout en expliquant à la population qu'il y a danger.
D'après vous, pourquoi les vaccins de la grippe saisonnière ne sont pas disponibles dans les pharmacies, au moment où on en a le plus besoin ?
On l'ignore… Pourtant, les pèlerins doivent obligatoirement se faire vacciner avant leur départ. L'Etat a décidé de mettre en place des vaccinations collectives au niveau du secteur public pour remplacer les doses individuelles vendues à 500 DA. Mais pourquoi ? Le vaccin n'est pas cher. Quand on peut payer 250 000 DA pour le hadj, on peut se permettre un vaccin de 500 DA ! D'autres problèmes se posent aussi : il faut prévoir des journées pour ces vaccinations et cela prend du temps. Il faut aussi commencer d'abord avec les sujets à risque, à savoir les professions les plus exposées — forces de sécurité, Protection civile. Toutes ces contraintes ne permettront pas la vaccination de tous les hadjis et dans les délais escomptés. Si le vaccin était disponible dans les pharmacies, les pèlerins se seraient chargés eux-mêmes de le faire. Pourquoi l'Institut Pasteur ne ramène-t-il pas de vaccins et ne les commercialise-t-il pas dans des pharmacies ? L'Etat doit se décharger de cette tâche et laisser les pharmacies assurer la distribution. Enfin, la vaccination collective pose problème : les experts ont en mémoire la catastrophe de 1976, aux Etats-Unis. Les autorités avaient décidé de vacciner toute la population américaine contre la grippe A, et en premier lieu le président Gérald Ford. Résultat des courses : pour une pandémie finalement modérée, les complications du vaccin étaient telles que la mortalité par vaccination a été supérieure à celle attendue pour la grippe. Je considère que l'Algérie a un devoir de dignité vis-à-vis de ses pèlerins.
Un staff médical accompagne chaque année les pèlerins. Pourquoi le Conseil de l'Ordre n'a-t-il pas été associé à la sélection de l'équipe ?
Le Conseil de l'Ordre des médecins représente la déontologie de la médecine. C'est la raison pour laquelle le ministère de la Santé aurait dû associer cet organisme dans le choix des médecins. Ce qui n'a pas été fait. Pourtant, il aurait été utile et décent de solliciter le Conseil car parmi ces médecins sélectionnés, il est possible que certains d'entre eux ne soient pas inscrits au tableau du Conseil, une obligation. Or, nul ne peut exercer la médecine s'il n'est pas inscrit à ce tableau. Par ailleurs, il n'est pas normal qu'on choisisse uniquement des médecins publics et que l'on écarte les médecins privés, car ceux-là sont aussi compétents que les premiers. La sélection des médecins doit être à la hauteur du pèlerinage. Malheureusement, cela a toujours été le cas, on ne fait appel qu'aux médecins du secteur public. Ce favoritisme est une cooptation de proche en proche. Les conséquences de cette partialité se voient chaque année. Nos pèlerins reviennent dans un état de santé déplorable. Il y a même des malades, comme par exemple des personnes touchées par la maladie d'Alzheimer qui sont partis avec de faux certificats médicaux. La santé des pèlerins doit être la priorité des autorités concernées. Il faut établir en toute transparence, avec tous les acteurs, les limites de la possibilité physique du hadj, en sachant que les personnes qui partent, en particulier de notre pays, sont âgées. Il faudrait établir un roulement de médecins, qu'ils soient choisis partout dans le pays et pas seulement à Alger, et assurer une bonne répartition entre les médecins privés et publics, même s'il y a des tirages au sort qui sont faits. La cooptation, ça ne doit pas avoir lieu.
Que pensez-vous de la politique de prévention menée par le ministère ?
En tant que médecin, je constate que l'Etat algérien n'a pas fait grand-chose en ce qui concerne la prévention, d'autant plus que cela ne demande pas de gros moyens. Par exemple, on aurait pu profiter du mois de Ramadhan, le mois où les Algériens regardent le plus la télévision et écoutent la radio pour lancer une bonne campagne de sensibilisation. Pire encore, je ne trouve de dépliants que dans les aéroports — ce qui veut dire qu'ils sont destinés à ceux qui viennent de l'étranger — et dans des centres de soins, où le malade est déjà malade.
Bio express
Mohamed Bekkat Berkani est président du Conseil national de l'Ordre des médecins. Né le 7 septembre 1947 à Hadjout (wilaya de Tipaza), le docteur Bekkat est diplômé de la faculté de médecine et de pharmacie d'Alger en 1973. Il a occupé le poste de médecin généraliste, installé de 1975 à 1980 en cabinet privé à Chlef. Il a continué ses études de spécialité de phtisio-pneumologie, entre 1980 et 1983, à la faculté de médecine de Paris V. Actuellement, il exerce son métier de médecin spécialiste à Alger, occupe la présidence des Ordres des médecins euro-méditerranéens, et est membre du Haut Conseil de l'Union des médecins arabes.


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