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simple amuseur populiste ?
Publié dans El Watan le 28 - 02 - 2013

Avec l'avènement de Giuseppe Pierro Grillo, le bouffon populiste qui a investi la scène politique italienne en se classant en troisième position lors des dernières élections et en se positionnant en tant qu'arbitre entre les deux grosses tendances traditionnelles (gauche-droite), on mesure le poids de l'image dans nos sociétés modernes.
Car la nouvelle star politique italienne est avant tout un homme du spectacle et les Italiens qui en sont férus, trop enclins aux apparences, en sont servis en accordant leurs suffrages à cet auteur de théâtre, de cinéma ou de télévision provocateur, agitateur d'idées, dont le blog d'opinions politiques et sociales est parmi les plus visités en Italie.
Beppe a senti que le fait politique, tel qu'il est pratiqué par les temps qui courent, est plus que porteur. C'est pourquoi il s'est empressé d'investir les lieux en créant son mouvement politique, qui talonne les vieux dinosaures.
Diplômé en comptabilité, Beppe se découvrit comique presque par hasard, en improvisant un monologue lors d'un casting. Deux semaines plus tard, il apparut pour la première fois à la télévision, découvert et lancé par Pippo Baudo dans l'émission de variétés Secondo Voi, diffusée en 1977 et 1978.
Suite à un accident de voiture qui coûta la vie à trois personnes qui étaient avec lui, il fut condamné, en 1980, pour homicide involontaire à 15 mois de prison.A sa sortie, il reprend ses activités artistiques et le succès ne tarde pas à arriver grâce à des émissions comme Telado lo America (1981), en quatre épisodes ou Il Brasile (1984) dans lesquels il racontait son expérience personnelle liée à sa visite aux Etats-Unis et au Brésil, avec des anecdotes et des répliques en rapport avec la culture, le style de vie et la beauté de ces lieux. Sa popularité allait crescendo avec une autre émission basée sur ses propres expériences personnelles.
Mais à quoi est dû l'engouement du public pour cet acteur atypique, qui utilise la dérision et l'humour pour dépeindre des situations parfois tragiques ? Ces apparitions commencèrent à se caractériser par un contenu satirique croissant, exprimé sous une forme toujours plus directe et corrosive. Ses attaques étaient tellement directes que le public, ravi, en demandait plus.
Vous avez dit comique ?
Ainsi, en 1987, pendant une émission de variétés du samedi (Fantastico), il attaqua par de lourdes allusions le Parti socialiste italien et son président, Bettino Craxi, qu'il fut éloigné tout simplement de la chaîne publique ! Son ardeur et sa détermination ne furent pas affectées, puisque Beppe travailla dans trois grands films de Comencini, Risi et Laudadio, tout en collaborant régulièrement avec l'hebdomadaire Internazionale. Le 1er septembre 1985 il fit paraître, avec le concours d'autres citoyens, une page dans La Republica, dans laquelle il faisait un appel explicite à celui qui était alors gouverneur de la Banque d'Italie, afin qu'il démissionne suite au scandale sur l'OPA Antonvenneta.
Un populiste engagé
En 2005, l'édition européenne de l'hebdomadaire Time l'élit parmi les héros européens de l'année pour ses efforts et son courage dans le domaine de l'information publique. Cet homme extravagant, que ses adversaires surnomment «le clown», est né le 21 juillet 1948 dans une famille modeste de Gênes. Ses détracteurs vont jusqu'à le qualifier de «bouffon politique».
Lui s'en fiche éperdument, multipliant les shows dont le public raffole. «Le monde politique, qui nous a toujours traités comme le petit peuple, nous explique comment sortir d'une crise qu'il a lui même provoquée. Berlusconi, Bersani, Monti se retrouvent à se rejeter les responsabilités de faits causés par leurs gouvernements. Cette fois, un signal fort et clair doit partir, les Italiens ne veulent pas être roulés dans la farine et tournés en ridicule. Le prochain gouvernement doit être formé de personnes et non pas de politiques.
Des personnes lambda, issues de la société. Choisissons un gouvernement qui se détache du passé, qui soit garant de nous et garanti par nous, qui nous fasse sentir Italiens et Européens», a déclaré Beppe juste après la proclamation des résultats. Il est vrai que Beppe s'est réveillé, mardi, dans un nouveau rôle. «Il n'est plus ce bateleur d'estrades battues par la pluie, le vent et la neige, quand les autres candidats se réchauffaient sous les sunlights des plateaux de télévision», écrit la presse italienne mi-interloquée, mi-ravie qu'un intrus vienne bousculer l'ordre établi. Aujourd'hui, Beppe et son parti comptent dans l'échiquier politique. Son Mouvement 5 étoiles a placé des dizaines de parlementaires. Avec un quart des suffrages exprimés, le mouvement est devenu le premier parti politique italien du Parlement et la troisième force nationale. Ses parlementaires sont jeunes, donc sans expérience, certains ont à peine 25 ans, l'âge minimal requis pour entrer à la Chambre.
Mais cette propulsion, bien qu'elle donne une autre image à la vie politique mouvementée de l'Italie, sème aussi le doute parmi l'intelligentsia : «Quand un pays fait confiance, lors d'élections, à des comiques populistes, c'est que la démocratie est en réel danger. Comme il est anormal que Berlusconi puisse faire un retour en force sur le devant de la scène quand tout le monde connaît ses travers ! Tout comme il est navrant de voir que le seul homme sérieux, à savoir Monti, se fait désavouer ! Eh oui, le pays préfère vivre avec la gangrène que de se faire opérer. Avoir des comiques à la tête de la pyramide décisionnelle, la faute à qui ?», murmure la rue «à ceux qui, démocratiquement, nous mentent ouvertement, annoncent des mesures irréalisables, privilégient l'idéologie au succès des réformes», résume un intellectuel de gauche, qu'on ne peut soupçonner de sympathie pour Berlusconi.
Certains médias n'hésitent pas à faire le parallèle entre ce comique et son compatriote, Coluche, qui utilisent le même créneau antisystème à l'image de Le Pen, Sarkozy ou encore Berlusconi. L'un des chroniqueurs les plus avisés de Corriere de la Serra a un avis tranché sur la question : «Coluche évoquait la question des classes sociales et des disparités : ce n'est pas le cas de Beppe qui surfe sur la démagogie populiste. Pour lui, il n'y a que des corrompus, qu'il suffit de remplacer par des techniciens. Mais il faut reconnaître à Beppe son acharnement et sa persévérance. Ce tribun, qui a su mettre à profit les avantages de l'image et de la télévision, en a tiré des dividendes. Il a su séduire nombre d'Italiens exaspérés par la classe politique, qu'ils soient de droite ou de gauche ! Il a su attirer nombre d'Italiens, notamment les jeunes.» L'ascension de Beppe et ses amis s'est encore accentuée au regard des scandales de corruption dans les partis politiques qui ont éclaté ces derniers mois dans la péninsule. Aussi, de «simple mouvement citoyen», écrit le Point, le Mouvement 5 étoiles est devenu «une véritable force politique»…
Une voix qui compte
Cette force politique va-t-elle faire des compromis avec les ténors ? «Le mouvement ne s'allie avec personne», comme il l'a toujours dit. «Je m'oppose farouchement à toute formation d'une grande coalition droite-gauche. De toute manière, le système est déjà à terre», ironise le nouveau chef de file, qui se fait plus prudent. «Nous ne sommes pas contre tout le monde. Nous allons voir réforme par réforme, loi par loi. S'il y en a des compatibles avec notre programme, nous allons les étudier. Ce n'est pas le moment de parler d'alliances !»
Ancien comptable de 64 ans, tignasse et barbe sel et poivre, ce «politique» d'un nouveau type est désormais la vedette de toutes les télévisions, où il continue à jouer son rôle, mais cette fois avec une certaine suffisance qui renvoie à son éclatante victoire. Il se laisse parfois aller à des confidences, comme celle-ci : «Etant jeune, j'ai fait une pub à la télé, mais ensuite, j'ai compris certaines choses sur la publicité. Quelques années plus tard, j'ai commencé à en vouloir aux hommes politiques parce que les choses allaient mal, mais ensuite, j'ai compris certaines choses sur la politique : qu'elle est contrôlée par l'économie. Il y a quelques années, j'ai débuté un spectacle en y détruisant un ordinateur, mais désormais, j'ai compris un certain nombre de choses sur internet qui, finalement, est notre seule défense…» Sans commentaire.


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