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Aux confins des plaisirs et de la sensualité
La sexualité dans les premiers temps de l'Hégire
Publié dans El Watan le 17 - 11 - 2009

Bessam A. Saâd, membre du conseil de direction du grand quotidien libanais, Addyar, est un auteur atypique. Il refuse la langue de bois sans pour autant chercher l'outrage dans un domaine qui peut faire « frémir », à savoir la sexualité et les plaisirs sexuels en Islam.
L'auteur est journaliste, né en 1944 à Tripoli, au Liban. Il est licencié en histoire sociale et en islamologie. C'est un esprit modéré et audacieux à la fois. Il est fort bien documenté, peu porté sur les interdits de la nouvelle orthodoxie islamique et se moque de l'autocensure. Et pour finir dans le chapitre des qualités requises, il donne l'impression d'être un peu coquin. Ce qui met un peu de sel sur un sujet déjà salé. Il consacre un livre de plus de 550 pages grand format sur le « nikah » (copulation) avec un titre à faire rougir les adeptes du Kama Soutra, Copuler est ma loi. Ce titre à l'apparence de défi est tiré d'un hadith célèbre : « Copuler est ma loi, celui qui s'en écarte s'écartera de moi ». Ce jugement surprenant s'appuie sur de nombreux versets coraniques dont celui de la Sourat erroum (Les Romains) 30 : 21 « Et parmi Ses signes qu'il a créés pour vous, de vous-mêmes, des épouses afin que vous y trouviez quiétude », ou la Sourat de Younes, « C'est Lui qui fit pour vous la nuit pour y trouver quiétude » (10/67) Pour le commun des mortels, le « nikah » d'où serait tiré le mot « forniquer » est un sujet tabou, murmuré à peine, comme une obscénité nécessaire dans le discours cérémoniel de l'imam qui consacre les liens religieux du mariage. On en use, en principe, par nécessité de procréation au standard « halal » de notre progéniture. Ce point de vue inspiré par la nouvelle idéologie de la secte wahhabite — qui semble avoir puisé son arsenal dans l'inquisition catholique du Moyen âge — est une entorse à l'héritage spirituel du Messager d'Allah car, heureusement, « en Islam, la sexualité fait organiquement partie de la foi. Le ‘‘nikah'' est abordé par tous les professeurs, sommités des écoles de théologie les plus orthodoxes, en tant que ‘‘devoir'' à la seule condition de respecter la loi.
Aussi, sous le couvert de la chariâ, paradoxalement, tout peut être dit et fait : désir, jouissance, éjaculation, variante et contorsions, tous sont étalés, évalués, et ce, sans aucune réticence, à tel point qu'on croirait qu'ils hantent l'esprit des musulmans. Bessam élargit le champ de ses sources sur plusieurs siècles. Il cite abondamment les auteurs classiques et le Coran, les hadith. Il s'appuie sur de très nombreux témoignages de compagnons du Prophète (QSSSL), et notamment ses épouses, en particulier Aïcha. On y découvre une liberté absolue de la parole concernant ce domaine de la vie. Le Messager d'Allah (QSSSL) qui n'a jamais aimé ni encouragé l'abstinence pouvait être interpellé sur le sujet sans fausse pudeur. On retiendra ce témoignage extraordinaire de Ibn Omar qui entendit son père demander au Messager : « Doit-on dormir après avoir éjaculé ? » Le Prophète lui répondit : « Lave-toi le pénis, fais tes ablutions et dors. » Dans la multitude des témoignages sur la Tradition, nous retiendrons celui d'Abdullah Ibn Messaoud qui rapporta ce qui suit : « Un jour, le Messager d'Allah sortit, il rencontra une femme. Elle lui a plu. Il revient et rentra chez Oum Salama, l'une de ses épouses. Il la fit rentrer dans une chambre, il dira à ses compagnons ‘‘qui de vous voit une femme qui lui plaise, qu'il accoure chez l'une de ses épouses, qu'il copule avec elle, car elle est dotée de mêmes choses que l'autre'' ». Le livre de Bassam Saâd est un recueil de textes de toutes les disciplines qui ont traité le sujet ; des scientifiques, des auteurs littéraires et philosophes et même d'authentiques savants ‘‘alamas'' (exégètes de l'Islam) qui ont osé des conseils et des pratiques et ont érigé la sexualité en « science du coït ».
On y trouve d'intéressants détails étonnement modernistes malgré le temps sur une variété de sujets comme la stimulation des désirs chez la femme et chez l'homme, les baisers, l'importance du maquillage et du parfum, l'haleine, les moments propices à la copulation. Et on est franchement surpris de lire (p 228) un texte de l'imam Assayouti qui relate dans son œuvre Nawader Al-Ayk Fi maârifat Annayk (Les Fleurons de la science de la copulation). Il fait parler un imam, imaginaire sans doute, qui s'adresse à son pieux public sur les bienfaits de la copulation en commençant par : « Louanges à Allah qui a orné les bustes des vierges de seins, qui a fait des cuisses de femmes des ceintures pour les hanches des mâles ! O gens, coïtez autant qu'il vous plaît de le faire et jouissez des belles femmes. Consommez votre vie d'hommes en mangeant la bonne chair et en buvant. » Le reste de ce morceau choisi du grand Hafiz Assouyouti nous semble un peu trop osé pour être divulgué ici. L'intérêt de cette littérature libertine n'est pas seulement dans son caractère débridé. C'est un indicateur d'une évolution à l'envers avec les temps heureux des premiers siècles de l'Hégire où l'on ne souffrait d'aucun complexe pour parler librement de choses qui relèvent aujourd'hui de l'impudeur. La répulsion des temps modernes à l'encontre des plaisirs du sexe, impulsée par des sectes trop à droite de la tradition musulmane post-hégirienne a donné lieu à de graves écarts, et notamment une censure et les « oublis » organisés autour de la beauté féminine, des moyens d'attraction, du parfum et des parures et des jeux de l'amour. « De votre monde ici-bas, il m'a été donné d'aimer les femmes et les parfums » (hadith) Et l'auteur de commenter : « L'admiration que portait le Prophète (QSSSL) aux belles femmes était partagée et elles le lui rendaient bien. » L'auteur nous propose une visite guidée dans les harems de l'âge d'or de Baghdad et les secrets des relations voluptueuses entre odalisques et des ennuques aux pratiques machiavéliques, sur les « goûts et préférences des hommes et des femmes », la masturbation ou le cunnilingus. Il nous balade dans le monde de l'esthétique, l'arsenal de la séduction, la polygamie, l'adultère et même l'amour bestial dans ses dimensions réelles ou de fantasme. Ce livre qui est un régal est sans aucun doute risqué à lire. Nos préjugés en prennent un sérieux coup. L'auteur a eu l'honnêteté de le dédier à sa femme Zeina et à ses deux enfants. Ce voyage à travers le temps dans l'univers de la sexualité en terre d'Islam ne laisse pas indifférent. Il pourrait compléter nos réflexions sur nous-mêmes et permettre un regard plus fertile sur le poids des préjugés qui hantent notre psychisme.
Copuler est ma loi Un érotisme arabe Islamique
Bassam A. Saâd Edition l'aube 2007


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