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L'identité haineuse
Publié dans El Watan le 21 - 11 - 2013

Taisez-vous ! Mais taisez-vous !», hurle Alain Finkielkraut à l'adresse du cinéaste Abdel Raouf Dafri, lors de l'émission de Frédéric Tadéï, «Ce soir ou jamais»(1). Hors de lui, le visage en feu, la bouche tordue de haine, se balançant de droite à gauche et d'avant en arrière, quasiment possédé par une rage folle, Alain Finkielkraut paraît prêt à se jeter sur son contradicteur qui vient de résumer le propos de son dernier livre, L'identité malheureuse(2) : «J'aimais bien la France d'avant, mais celle de maintenant, je ne peux plus la supporter, car il y a trop de négros et de bicots».
Raccourci brutal, mais vrai. Et qui n'a rien d'étonnant : profondément réactionnaire, nostalgique de la colonisation – «la France n'a fait que du bien aux Africains. Le projet colonial cherchait à apporter la civilisation aux sauvages», déclare-t-il au journal israélien Haaretz -, viscéralement antimusulman – il défend en 2002 La Rage et L'Orgueil, un pamphlet d'Oriana Fallaci pour qui «les fils d'Allah se multiplient comme des rats» et «passent leur temps avec le derrière en l'air à prier» – , A. Finkielkraut est devenu le chantre de l'islamophobie et de la xénophobie, le défenseur haineux des causes les plus nauséabondes, celles-là mêmes que défend le Front national.
L'identité malheureuse tient le même discours. Mais en termes plus choisis, ou plus hypocrites. Se croyant habile, A. Finkielkraut joue les universitaires et fait mine de n'accuser personne. Apparemment, il se contente de décrire une réalité que chacun ne peut que déplorer. Mieux : presque à chaque page, comme pour légitimer ses propos et impressionner le lecteur, il multiplie les citations des grands auteurs : Kant, Diderot, Pascal, Hume, Hegel, Péguy, Lévy Strauss et bien d'autres sont convoqués à la barre et leurs réflexions, qui n'ont aucun rapport direct avec le sujet, sont assénés au lecteur comme autant de justifications du bien-fondé de sa pensée.
Escroquerie pure et simple. Car il ne s'agit pas de pensée, mais de ces platitudes qui tiennent lieu de «philosophie» au Café du commerce, où se mêlent constats amers et soupirs nostalgiques, comme en émettent souvent les personnes âgées, prisonnières d'un passé idéalisé et critiques aveugles d'un présent systématiquement dévalorisé. «La France a changé, la vie a changé», pleurniche l'auteur. Et le changement, c'est d'abord la crise de l'intégration. Il n'y a qu'à peine 5 millions d'immigrés maghrébins, mais leur nombre dérisoire suffit à tout gâter. Rejoignant dans son arabophobie l'ancien ministre Brice Hortefeux – «Quand il n'y en a qu'un, ça va, c'est quand ils sont nombreux que tout se gâte», A. Finkielkraut estime que «la France est devenue une auberge espagnole… On ne s'y retrouve plus… Quand le cyber-café s'appelle Bled.comet, que la boucherie est halal…, quand (les gens) voient se multiplier les conversions à l'Islam, ils se demandent où ils habitent», «ils se sentent devenir étrangers sur leur propre sol». Comment les Français pourraient-ils se sentir chez eux, se demande A. Finkielkraut, quand ils croisent tant de filles et de femmes voilées, quand ils voient tant de jeunes hommes se comporter comme des tyrans avec leurs sœurs, plus tard avec leur femme ? «La discordance des usages», comme dit notre précieux ridicule, rend l'intégration impossible, les immigrés «ne sont pas coulés dans le même moule, ils n'ont pas la même manière d'habiter ni de comprendre le monde», ils n'ont aucune idée de «la galanterie», bref, ils ne sont pas civilisés !
A. Finkielkraut ne démontre rien évidemment, il n'argumente pas, il affirme, il décrète et, malgré ses titres, – il est agrégé de lettres – il réagit comme n'importe quel raciste de base, aussi stupide que venimeux, il généralise et prend ses éructations de bistrot pour autant de vérités. Il en vient même à oublier le beau langage. Déplorant que l'école «ouverte sur la vie» ait eu «raison du peuple cultivé», scandalisé que tout le monde, immigrés en tête, bien sûr, pratique «le redoublement infantile du sujet (‘‘La France, elle a trop d'étrangers''), il s'indigne qu'une animatrice de télévision chargée de la météo parle d' ‘‘un temps de merde'' et enchaîne lui-même sur le même ton : ‘‘Merde et chiant n'ont plus d'odeur''… On dit son ‘‘ressenti'' sans filtre, sans fioritures… La merde envahit tout, le ciel, la terre, la famille, l'école, le bureau, les transports…». Oui, poursuit-il dans une envolée délirante qui condamne toute modernité, «la muflerie s'installe (partout), les élèves ne se lèvent plus quand le professeur entre en classe…», «les anciennes hiérarchies volent en éclats» et «la démocratie, c'est-à-dire le droit de tous à la parole, produit du conformisme…». A aucun moment de son réquisitoire, A. Finkielkraut ne fait allusion à tous ces jeunes d'origine maghrébine qui ont brillamment réussi comme médecins, avocats, entrepreneurs, économistes, sociologues, artistes, à tous ces travailleurs qui participent à la vie de son pays et, par leurs différences, l'enrichissent. Prisonnier de ses phobies, ce minable les ignore et, de livre en interviews, vomit les mêmes insanités.

-1) France 2, 18 octobre 2013
-2) Editions Stock.


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