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De quoi le quatrième mandat est-il le nom ?
Publié dans El Watan le 08 - 02 - 2014

La lecture consacrée par la presse algérienne au sujet de la virulente charge portée par le secrétaire général du FLN, Amar Saadani, contre le patron du DRS, le général des corps d'armée Mohamed-Lamine Médiène, dit Toufik, ne résiste pas à l'examen des faits.
Cette narration prétend d'abord que le DRS est «opposé à un quatrième mandat» ! Dans ce récit, la violente attaque de Saadani est décrite tantôt comme l'expression de la «panique» du «clan Bouteflika», tantôt comme une manœuvre de «division et de déstabilisation» des appareils de l'Armée actionnée en vue de forcer le passage au «quatrième mandat».
Si le DRS est réellement contre le projet de «quatrième mandat», comme on le répète à satiété, ni le RND ni l'UGTA, deux appareils bien contrôlés s'il en est par la police politique, n'auraient, qui au nom des «intérêts suprêmes de l'Etat», qui au nom de la défenses des «intérêts de la classe ouvrière», prié le raïs, de surcroît quasi simultanément, de se succéder à lui-même.
Ces deux appareils ont appelé, au même titre que le protégé du DRS, le Premier ministre, Abdelmalek Sellal, au «quatrième mandat» — peu après que Benflis ait officialisé sa candidature à la Présidentielle. Dans le langage codé du régime algérien, le positionnement de l'UGTA et du RND ainsi que celui du premier ministre indique l'orientation de la police politique. C'était le cas lors de la Présidentielle de 2004 au cours de laquelle la police politique avait réussi à vendre la narration de la «neutralité de l'armée».
Attaque
Dans des situations de crise politique, l'ordre séquentiel des «coups» revêt une grande importance. Le timing de l'attaque portée contre le puissant patron du DRS, escamoté à dessein, est très intéressant : il intervient après que la très influente police politique ait donné à ses principaux appareils le feu vert pour lancer la campagne du «quatrième mandat». La question qui surgit à présent est la suivante : pourquoi Bouteflika irait porter, par Saadani interposé, une attaque frontale sans précédent dans les annales du sérail, contre le redoutable chef du DRS, alors que ce dernier vient tout juste de manifester, par l'intermédiaire du Premier ministre, de l'UGTA et du RND, pour ne rien dire des autres acolytes de l'alliance présidentielle, son soutien au «quatrième mandat» ? Pourquoi prendrait-il un tel risque, sachant pertinemment que c'est la police politique, véritable Etat profond, qui fait et défait les élections dans le système autoritaire algérien ?
Pourquoi Bouteflika, soutenu par le DRS depuis sa cooptation en 1999, ne l'a-t-il pas entrepris en 15 ans de règne et le ferait-il aujourd'hui qu'il est manifestement trop affaibli par les séquelles de son dernier AVC ? Bouteflika avait tenté, au début de son deuxième mandat, de prendre le contrôle sur le redoutable DRS à travers le fameux projet de création d'un «ministère de la sécurité». Il n'y est pas parvenu, en dépit du renfort de certains prétoriens.
Réalité du pouvoir
Pis, l'entreprise présidentielle visant à asseoir le leadership de Bouteflika sur le collège des prétoriens a été décapité avec la chute, en mai 2010, de ses deux tours stratégiques, Zerhouni au ministère de l'Intérieur, et Khelil au ministère de l'Energie. Peut-il le faire maintenant qu'il est, non seulement neutralisé politiquement, mais impotent physiquement ? Sans l'exclure, l'explication consacrée ne me paraît pas très convaincante.
Le piège qui guète l'analyse consiste à déduire du «quatrième mandat» une prétendue «omnipotence du clan présidentiel».
Le même raccourci avait été commis, on s'en souvient, dans l'appréciation du «troisième mandat». La réalité du pouvoir est implacable : la condition de possibilité qui préside à la reconduction de Bouteflika depuis 2004 est bel et bien la prévalence du collège des prétoriens.
Silence de GaÏd-Salah
Pour quel autre patron roule alors le client Saadani – qui a, au demeurant, défendu avec zèle l'introduction de la révision constitutionnelle avant la Présidentielle alors même que Bouteflika s'est opposé de longue date à l'idée de l'élection d'un Président et d'un vice-Président ? La réponse à cette question réside dans les appels incessants lancés par les relais médiatiques du DRS au chef d'état-major, pressant ce dernier à condamner le secrétaire général du FLN. Il est intéressant d'observer que cinq jours après la diatribe de Saadani contre le DRS, le chef d'état-major, habituellement si prompt à dénoncer les critiques adressées à l'armée, observe un silence assourdissant et se défend de déposer plainte contre l'auteur du réquisitoire ad hominem prononcé contre le général de corps d'armée, Mohamed-Lamine Médiène.
Dissensus
Nous sommes à l'évidence en présence d'un troisième acteur. Aussi, le casus belli opposerait moins le Président – au demeurant impotent – au DRS que deux groupes prétoriens entre eux – le «clan présidentiel» n'ayant d'autre choix que de se ranger avec le vainqueur. Si, pour gagner du temps, les principaux groupes prétoriens sont unanimement tombés d'accord pour éviter coûte que coûte la convocation, l'été dernier, d'une élection présidentielle anticipée, ils ne sont manifestement pas parvenus pour autant à dégager un «nouveau consensus» post-Bouteflika, même après que le puissant patron du DRS ait consenti, en guise d'apaisement, à retirer (temporairement ?), en septembre dernier, deux de ces principaux lieutenants, les généraux-majors Bachir Tartag et Mhenna Djebbar. Alors que l'onde de choc de Tiguentourine continue de résonner et que le conflit autour du nouveau partage du pouvoir redouble d'intensité, le «quatrième mandat» s'est imposé in extremis au collège des prétoriens comme la solution par défaut : mieux vaut un ancien consensus, aussi précaire soit-il, qu'un dissensus qui risquerait d'être fatal à la veille d'une élection présidentielle.
Contrôler «l'état profond»
Le deal prétorien conclu sous couvert de «quatrième mandat» s'apparente cependant davantage à une trêve qu'à un modus vivendi. Si les prétoriens sont parvenus, depuis les fondations institutionnelles du régime, à dégager des formules de compromis sur le partage du pouvoir comme de 1962 à 2009 en passant par le putsch de 1965 et la succession de 1979, ceux d'aujourd'hui ne semblent pas (encore) en mesure de le faire.Le groupe prétorien émergent, s'appuyant sur l'onde de choc de Tiguentourine qui a cristallisé des mécontentements enfouis, a réussi à faire reculer le groupe – jusque-là hégémonique – de Médiène en septembre dernier ; il escompte, avec le tir lâché par Saadani, prendre de vitesse le patron du DRS.
Le coup osé – que seule une coalition de prétoriens est désormais en mesure d'entreprendre – est à double détente : il consiste, dans un premier temps, à déloger par surprise l'indéboulonnable Toufik pour prendre, avant l'élection présidentielle, le contrôle sur l'Etat profond que constitue la machine tentaculaire du renseignement ; il ambitionne, dans un deuxième temps, de peser de tout son poids – comme l'avait fait le colonel Boumediène depuis l'état-major général – dans l'élaboration d'un nouveau compromis prétorien – sous façade civile.
L'enjeu réel de cette «nouvelle guerre de clans» n'est ni l'instauration d'un «Etat civil» en lieu et place d'un «Etat-DRS» ni le «refus du DRS d'un quatrième mandat» mais plutôt davantage le partage du pouvoir (et non plus seulement de la rente comme on le répète souvent) entre prétoriens en vue de préparer l'après-Bouteflika.
Délitement institutionnel
Des «3 B» à nos jours, l'histoire du système politique algérien est émaillée d'affrontements et de règlements de comptes entre prétoriens dont l'issue est souvent sanglante. La dernière épreuve remonte à avril 2001 quand une coalition de prétoriens avait déjà demandé, via ses relais médiatiques, le «départ» de Toufik – avec les dégâts collatéraux que l'on connait. Alors que des pompiers pyromanes attisent le feu de la violence intercommunautaire sur les cités millénaires du M'zab, l'affrontement qui déchire le collège prétorien aujourd'hui met à nu le niveau de délitement institutionnel atteint par l'Etat. Ce nouvel épisode du conflit de factions, expression terminale du processus prétorien imposé depuis le régicide politique de Abbane Ramdane, se joue alors que la société, enfermée dans la trappe de la violence et de la corruption, accuse un lourd déficit de capital social -sans lequel il est difficile de construire des alternatives viables au système autoritaire.


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