Ghaza: l'UNRWA demande une enquête sur les meurtres de son personnel    Oran: nécessité de renforcer l'arsenal juridique lié à la protection du patrimoine culturel immatériel    Agrément du nouvel ambassadeur d'Algérie au Koweït    Judo/Mondiaux 2024 Individuels: l'Algérie participe avec quatre athlètes    Le conseiller diplomatique de la Première ministre italienne en visite au CNRST    Accidents de la route: 38 morts et 1690 blessés en une semaine    Plus de 500 porteurs de projets formés et accompagnés par le CNFE en 2024    BID: l'Algérie abritera les assemblées annuelles 2025    Attaf reçu à Doha par le Premier ministre et ministre des Affaires étrangères du Qatar    Merad préside la cérémonie de sortie de la 16e promotion de médecins-lieutenants et de la 47e promotion d'agents de la Protection civile    Etats-Unis : des centaines d'étudiants de l'université de San Francisco se solidarisent avec Ghaza    Ghaza : le bilan de l'agression sioniste s'élève à 34.535 martyrs    "L'investissement dans le cinéma et le soutien des initiatives ", parmi les axes principaux de la nouvelle loi sur le cinéma en Algérie    Le ministre zambien de l'Education reçu à l'Université d'Alger 1    «Objectif atteint en terminant parmi les quatre meilleurs»    L'USMA campe sur ses positions et boycotte Berkane    Championnat d'Afrique de volley : L'ASWB vainqueur face au Litto Team du Cameroun    Aoun lance la deuxième opération d'exportation d'insuline vers l'Arabie saoudite    Attaf met en avant les efforts de l'Algérie en matière de sécurité énergétique    Exemples de leurs faits et gestes d'amour !    Session de formation au profit des cadres du Bureau des affaires des pèlerins algériens    Des médecins mauritaniens assistent à des opérations de transplantation rénale au CHU de Batna    Plus de 200 colons israéliens profanent la mosquée Al-Aqsa au 7e jour de la Pâque    Un responsable israélien appelle Biden à empêcher l'émission d'un mandat d'arrêt contre des dirigeants, dont Netanyahu    Les expositions variées séduisent les visiteurs    Le dossier de classement sur la liste de l'Unesco en préparation    Le paradoxe de l'artiste, c'est donner le meilleur de soi-même tout en croyant ne rien savoir donner    Batna: portes ouvertes sur le service national    Le président de la République reçoit l'ambassadeur du Portugal à Alger    «Le haut commandement attache un grand intérêt au moral des personnels»    «Faire avorter les plans et menaces qui guettent l'Algérie sur les plans interne et externe»    Le président de la République décide d'attribuer à certains magistrats à la retraite le titre de «Magistrat honoraire»    Vingt nouveaux établissements scolaires    Coupe de la CAF : RS Berkane continue dans sa provocation, l'USMA se retire    Festival du film méditerranéen : "une occasion rêvée de fidéliser le public au cinéma"    Ligue 1 Mobilis : le MCO bat le CRB et respire pour le maintien    Megaprojet de ferme d'Adrar : « elmal ou Etfer3ine »    ALORS, MESSIEURS LES DIRIGEANTS OCCIDENTAUX : NE POUVEZ-VOUS TOUJOURS PAS VOIR LES SIGNES ANNONCIATEURS DUN GENOCIDE A GAZA ?    Témoignage. Printemps Amazigh. Avril 80        Le Président Tebboune va-t-il briguer un second mandat ?    L'imagination au pouvoir.    Le diktat des autodidactes    Prise de Position : Solidarité avec l'entraîneur Belmadi malgré l'échec    Ils revendiquent la régularisation de la Pension complémentaire de retraite: Sit-in des mutualistes de la Sonatrach devant le siège Aval    Coupe d'afrique des nations - Equipe Nationale : L'Angola en ligne de mire    Suite à la rumeur faisant état de 5 décès pour manque d'oxygène: L'EHU dément et installe une cellule de crise    Pôle urbain Ahmed Zabana: Ouverture prochaine d'une classe pour enfants trisomiques    







Merci d'avoir signalé!
Cette image sera automatiquement bloquée après qu'elle soit signalée par plusieurs personnes.



Les femmes sont infériorisées par la Loi
Le recadrage de Wassyla Tamzali. Essayiste et auteure de Une femme en colère, Lettre d'Alger aux Européens désabusés (2009)
Publié dans El Watan le 04 - 12 - 2009

Et pourquoi avoir instauré, le 25 novembre, une journée contre la violence ? Cela semble si évident que ces questions sont peu ou jamais posées.
Le thème de la violence n'est pourtant pas apparu immédiatement dans l'arsenal onusien des luttes et des actions en faveur des femmes. Disons même que c'est le dernier. Ce n'est que le 17 décembre 1999, 24 ans après la Conférence de Mexico, coup d'envoi de la décennie internationale pour les femmes, 20 ans après l'adoption de la convention des Nations unies pour l'élimination de toutes les formes de discrimination à l'encontre des femmes, et 4 ans après la fin de la décennie, conclue par la conférence internationale de Pékin, que les Nations unies ont adopté la résolution 54/134 pour faire du 25 novembre une journée internationale contre la violence à l'égard des femmes. Après avoir épuisé (sans les régler bien évidemment) les questions de l'égalité en droit, de l'égalité des chances économiques, politiques et sociales, celles du droit à la santé – avec la question toujours controversée des droits reproductifs –, la communauté internationale a décidé, enfin !, pourrait-on dire, de dénoncer la violence faite aux femmes. Il faut féliciter les associations féministes dans le monde de ce succès ; ce sont elles qui ont convaincu les diplomates qui traînaient les pieds, toujours frileux d'aborder les questions de fond. Et qu'est-ce que la violence ? Pas aussi clair que cela, même si sur le corps des femmes et des petites filles, elle est parfois d'une évidence insoutenable. Mais quoi encore ? Dès les années 80, les études féministes aux Etats-Unis nous avaient appris que la violence contre les femmes ne sont pas des pathologies isolées et individuelles, mais une constante structurelle de la condition des femmes ; nos sociétés légitiment la violence des hommes sur les femmes et, mieux encore, cette légitimation est souvent appuyée par des femmes elles-mêmes. Cela n'étonnera pas ici. Combien de jeunes, et moins jeunes épousées confiant à mi-voix, dans le secret des cuisines, à leur mère les coups qu'elles ont reçus la nuit, et qu'elles tiennent cachés sous leurs vêtements, ont entendu celles-ci leur dire, « Chut, ne dis rien, il ne faut pas que cela se sache ». Souvent, elles ajoutent « Si ton père le sait, il va le tuer ». Voilà la paix familiale garantie par le silence des femmes battues. Les hommes pourront prendre tranquillement leur café noir du matin.Les femmes battues à la maison sont devenues, avec raison, le sceau de la subordination des femmes dans nos sociétés. Les femmes battues sont le premier maillon visible de ce continuum qui va de la violence acceptée dans nos sociétés comme des traits de culture à la violence condamnée, de la pratique coutumière invisible à la violence insoutenable du viol, de la prostitution, du crime d'honneur, du crime collectif en temps de guerre ou pas. Les premières violences sont symboliques, elles sont insidieuses et acceptées par l'ensemble du corps social, les victimes comprises. D'où leur force dans nos sociétés et leur impact sur le vécu des femmes. Ces violences resteront symboliques jusqu'à la prise de conscience de la victime de la violence, et son refus par les femmes, son expression, transformeront la violence symbolique en violence physique inscrite dans la chair de la victime. C'est parce qu'un être humain refuse d'être sous l'emprise d'une violence symbolique mais réelle qu'il déclenche contre lui une violence physique. C'est ainsi que commencent les petites guerres quotidiennes des femmes. Et pourrait-on dire, plus les femmes prennent conscience de leurs droits et plus elles deviennent un objet de violence. De toutes les violences symboliques qui sont à la source de ce continuum infernal qui caractérise la structure de la violence, la Loi d'une nation est la première, car si la Loi libère, elle peut être aussi une violence symbolique, et la plus déterminante. Ainsi, l'infériorité des femmes inscrite dans la Loi va autoriser toutes les violences. C'est à travers une Loi qu'une nation dit l'ordre du monde et des choses selon elle. C'est elle qui installe ou non au cœur des sociétés le statut d'être libre d'un individu et fait naître l'interdit éthique de porter atteinte à son intégrité et sa dignité. C'est à partir de cette inscription que nous pouvons rejeter fermement et sans demi-mesure tout ce qui, de loin ou de près, nous renverrait à ces débats effarants sur la longueur du bâton que l'on doit utiliser pour « corriger » sa femme, ou sur les manières de ne pas trop « l'amocher ». Ces débats mettent violemment en lumière l'indignité de ceux qui se plient à ces élucubrations. Ces constatations coulent de source tant leur évidence est forte, et cela semble le b.a.-ba de toutes réflexions sur la violence ; sans l'égalité reconnue et acceptée par tous et toutes, les femmes sont infériorisées pas la Loi et de ce fait livrées à la violence sociale. Cette égalité qui n'est toujours pas inscrite dans notre législation. C'est à partir de cette reconnaissance que s'effectuera efficacement un travail de lutte contre la violence contre les femmes. D'ici là, on pourra toujours pousser des cris d'orfraie, de donner des gages de bonne conscience, punir les maris violents, évoquer la morale religieuse, multiplier les abris pour les femmes battues – et il faut le faire, car tout ce qui peut alléger le désarroi, le désespoir des femmes et des enfants battus doit être entrepris –, cela n'arrêtera pas ce phénomène. Il faut prendre le mal à sa racine, et reconnaître solennellement que les femmes sont des citoyennes comme les autres, que leur témoignage est aussi valable que celui des hommes, qu'elles héritent de la même chose, car elles ont la même place dans la famille, et qu'elles apportent autant que l'homme au bien-être de cette famille, que la polygamie est une indignité, qu'elles peuvent souscrire une police d'assurances vie sans l'autorisation de leur mari, etc. C'est à travers cette construction de l'égalité de tous que l'on peut commencer à parler de respect dans une société. La violence conjugale et la violence sexuelle, qui sont une et même violence, continueront de marquer de plus en plus notre société avec pour résultat de pousser encore plus loin la folle et suicidaire entreprise de ségrégation sexuelle qui est à l'œuvre dans notre pays. Les signes de cette entreprise sont divers, mais le plus emblématique est la pratique de voiler les femmes en commençant par les petites filles. La pratique grandissante de voiler les femmes dans notre pays (64% des femmes et 53 des adolescentes, selon le rapport du Collectif Maghreb égalité de février 2009) est une illustration de cette escalade. Le voile est de plus en plus choisi par les femmes, les jeunes et les autres, sur les lieux de travail à l'université, dans les maisons comme un rempart contre la violence sexiste. Ce voile qui ne protège pas les femmes mais qui ne sert qu'à voiler nos esprits. Il est tant de tirer les sonnettes d'alarme avant que ne retentisse le tocsin.

Cliquez ici pour lire l'article depuis sa source.