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« La situation de la presse africaine est désastreuse »
Cheriff M. Sy. Vice-président du Forum des éditeurs africains (TAEF) et organisateur du 3e FILEP
Publié dans El Watan le 05 - 12 - 2009

L'idée de la création du TAEF (The Africains Editors Forum), une organisation qui regroupe aujourd'hui près de 400 éditeurs exerçant à travers le continent, remonte à l'année 2003. Celle-ci a germé au cours d'une réunion qui s'était tenue à Johannesburg, en Afrique du Sud, au cours de laquelle des professionnels des médias ont plaidé en faveur de la création d'une organisation qui rassemblerait tous les éditeurs du continent. Le projet n'a pas tardé à se concrétiser puisque la signature de l'acte de naissance du TAEF a eu lieu en octobre 2005. En l'absence du président du TAEF à Ouagadougou, le numéro deux de l'organisation, Cheriff M. Sy, a bien voulu faire le point, pour El Watan, sur la situation de la presse en Afrique. A préciser que M. Cheriff M. Sy est également le principal organisateur du 3e Festival international de la liberté d'expression et de la presse qui s'est tenu du 4 au 8 novembre dernier à Ouagadougou.
Ouagadougou (Burkina Faso) : De notre envoyé spécial
Quels sont les objectifs assignés au TAEF ?
Avant de commencer, j'aimerai tout d'abord vous dire que, pour nous, le vocable « éditeurs » signifie toute personne ayant une responsabilité dans la presse écrite ou dans un média audiovisuel. Sachez qu'il n'est pas obligatoire d'être un patron de presse pour adhérer au TAEF. Cette jeune organisation se fixe pour ambition de promouvoir et de défendre la liberté d'expression et de la presse. Nous œuvrons également en faveur du développement des médias. Plus généralement, notre combat contribue à la mise en place en Afrique d'un environnement économique, juridique et politique favorables au développement des médias et à l'exercice du journalisme. Le TAEF s'est un peu construit sur le modèle de l'Union africaine. Le continent est divisé en cinq régions. Il s'agit de l'Afrique du nord, de l'Afrique de l'Ouest, l'Afrique de l'Est, de l'Afrique orientale et de l'Afrique australe. Celles-ci sont représentées au sein du TAEF. Pour le moment, les forums qui activent vraiment sur le terrain sont ceux représentant l'Afrique australe et l'Afrique de l'Ouest. Ceci dit, toutes les régions du continent sont représentées au cours des réunions du TAEF sauf celle de l'Afrique du Nord.
Pourquoi cette désaffection ?
Sincèrement je ne sais pas ! Quoiqu'il en soit, sachez que de notre coté nous avons entrepris toutes les démarches nécessaires pour faire en sorte à ce que nos confrères d'Afrique du Nord soient parmi nous à l'occasion de la tenue du 3e FILEP (Festival international de la liberté d'expression et de la presse) dont les travaux se sont ouverts jeudi 5 novembre à Ouagadougou. C'est, en effet, en marge de cet événement que s'est tenue une réunion du TAEF. Nous aurions aimé que l'Afrique du Nord soit représentée à ce rendez-vous continental. Je n'ai ménagé pourtant, aucun effort pour faire venir tout le monde. J'ai pris attache personnellement avec mes amis et confrères algériens, marocains et tunisiens que je rencontre habituellement dans d'autres forums. Hélas, il n'y a pas eu de retour d'écoute. Toutefois, les éditeurs du continent espèrent quand même que nos confrères d'Afrique du Nord s'attelleront bientôt à la construction du forum qui représentera l'Afrique du Nord au sein du TAEF.
Qu'est-ce qui a motivé la création du TAEF ? N'y a-t-il pas déjà suffisamment d'organisations en Afrique ?
La création du TAEF résulte d'un constat alarmant. Les libertés de la presse et d'expression sont mises à mal en Afrique. Il est urgent de remédier à cette situation. Lors de nos réunions préliminaires nous avons constaté aussi que les journalistes africains ne se connaissaient pas vraiment entre eux et qu'il n'y avait pas suffisamment de liens de solidarité entre eux. L'idée à travers le TAEF est justement de combler ces lacunes afin de rendre l'action des professionnels des médias encore plus efficace et plus percutante. Nous avons tous à y gagner. Nous avons la même ambition pour notre métier et pour l'Afrique. Les journalistes doivent savoir que nous pouvons être plus forts si nous sommes unis et convaincus que notre action peut contribuer à la démocratisation de nos pays et permettre le développement du continent. En étant unis, les Etats seront obligés de tenir compte de notre organisation et de nos propositions. Brisons les frontières. Ce que les Etats n'arrivent pas à faire, nous, nous le ferons. C'est la seule manière de parvenir à constituer une organisation continentale forte et écoutée.
Le TAEF a-t-il déjà mené des actions concrètes sur le terrain en faveur des journalistes ?
Il y a quelques mois, en Gambie, cinq journaux ont vu leurs responsables respectifs jugés de manière expéditive et jetés en prison comme des malfrats. La raison ? Ils ont simplement diffusé un communiqué de la présidente du Syndicat de la presse gambienne (Gambian Union Press) qui dresse un état des lieux de la liberté dans le pays. La présidente de la Gambian Union Press a dû, quant à elle, s'exiler parce qu'on voulait la tuer. Quand le TAEF a pris connaissance de ce fait gravissime, il a fait fuir de Gambie deux éditeurs qui n'avaient pas encore été mis en prison et qui étaient aussi dans le collimateur du pouvoir gambien. Face à la dégradation de la situation, les membres du TAEF ont également pris la décision de solliciter le président de l'Afrique du Sud. M. Zuma a accepté, sans problème, de rencontrer et d'écouter les témoignages des éditeurs poursuivis en Gambie. Autant dire qu'il a été vraiment choqué par ce qu'il a entendu. Face à la précarité de la situation des journalistes africains, le président sud africain nous a recommandé de mieux nous organiser pour défendre nos droits, de constituer un noyau de personnalités africaines connues pour leur engagement en faveur de la liberté d'expression et de la presse et de faire du lobbying pour provoquer le changement. Pour revenir au cas gambien, sachez que près de 15 jours après notre intervention et grâce aux pressions exercées de toutes parts, les journalistes emprisonnés ont fini par être libérés.
Y a-t-il eu d'autres cas d'atteintes contre la liberté de la presse ?
Oui. Tout à fait. Il y a beaucoup d'autres exemples similaires où l'action du TAEF a été déterminante. Nous sommes intervenus de nombreuses fois pour aider des éditeurs menacés à quitter leurs pays respectifs et à trouver du travail dans les pays d'accueil. Maintenant, vous mesurez sans doute l'importance d'une organisation comme le TAEF. En menant de telles actions, il est certain qu'elle aura à long terme un impact positif sur les processus démocratiques des pays africains. Au plan des objectifs, sachez que depuis trois ans, nous avons aussi entrepris des démarches auprès de l'Union africaine (UA) pour avoir le statut d'observateur. Nous militons, en outre, pour que l'UA considère – surtout dans les mécanismes du NEPAD – les médias comme le baromètre de la démocratie dans nos pays. C'est fondamental. C'est un plaidoyer pour lequel nous nous battons de toutes nos forces.
Quelle est la situation de la liberté de la presse en Afrique aujourd'hui ? Les choses sont-elles si mauvaises que cela ?
Oui ! Le cas gambien prouve que la situation est effectivement des plus dramatiques aujourd'hui. Il y a des dérives dangereuses partout en Afrique. Il est triste de constater qu'en 18 ans seulement, il y a eu 144 journalistes assassinés dans l'exercice de leur fonction. C'est d'ailleurs l'objet du 3e FILEP dont l'intitulé est : De Windhoek 1991 à Ouagadougou 2009, bilan et perspectives de la liberté de la presse. Le plus lourd tribut a été payé par les journalistes algériens. La situation est des plus catastrophiques. Il est vrai que la réalité diffère d'un pays à l'autre. Toutefois, globalement l'exercice de notre profession devient extrêmement difficile. L'acharnement contre les journalistes et les médias se poursuit bien que nous remplissons une mission de service public. Nous sommes plus ciblés que les politiciens. Forcément cette évolution est inquiétante à plus d'un titre. Ce qui fait le plus de mal dans tout ça, c'est la remise en cause dans certains pays des processus démocratiques engagés au prix de mille sacrifices. Je ne terminerai pas sans attirer l'attention sur les souffrances endurées par nos confrères érythréens. L'Erythrée est une prison à ciel ouvert pour les journalistes. Actuellement, 44 d'entre eux croupissent dans des prisons. Ne les oublions pas car ils espèrent que nous leur venions en aide. C'est là, justement, qu'une organisation comme le TAEF prend tout son sens. En dépit de tout cela, il demeure quand même un espoir. Malgré les difficultés et les menaces, les confrères africains prouvent par leur engagement quotidien qu'ils n'ont pas peur. Ils font ce métier au détriment de leur famille et au péril de leur vie. Je suis persuadé que leur combat finira par payer un jour.
Bio Express
Cheriff M. Sy, 44 ans, est directeur de la publication de l'hebdomadaire Bendré. Responsable également de la Société des éditeurs de presse du Burkina Faso, une structure qui regroupe l'essentiel des médias écrits burkinabés. M. Cheriff trouve que l'aide publique allouée à la presse en Afrique est dérisoire et sans effet réel. Pour lui, la situation doit changer autant au Burkina Faso que dans la majorité des pays africains.


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