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S'intéressent-ils à la lecture ?
Publié dans El Watan le 07 - 05 - 2014

Il est un peu plus de 6h du matin, en ce lundi qui s'annonce d'ores et déjà radieux. Le soleil pointe audacieusement son nez, curieux de retrouver tout ce qu'il a quitté la veille, alors qu'une brise légère, aussi douce que les pétales d'une rose, s'invite à caresser les âmes. Je suis à Blida et j'ai décidé d'emprunter le bus universitaire pour me rendre à Tafourah, à Alger. Mon objectif est bien précis : observer les étudiants et voir s'ils s'occupent, le temps d'un trajet, en lisant. Rien que cela. Simplement. Je prends place à côté d'une étudiante qui vient tout juste de ficher des écouteurs reliés à un IPhone dans ses oreilles. Elle se cale bien dans son siège, baisse les rideaux et ferme les yeux. D'après le son qui filtre, elle écoute de la musique.
Pendant tout le trajet, qui a duré presque une heure, elle n'a rien fait d'autre. Et pendant tout ce trajet, je n'ai pas arrêté d'observer le reste des étudiants. Certains dorment, d'autres discutent, assez bruyamment, faut-il le dire, alors que d'autres encore surfent sur leurs téléphones portables. Cependant, quelques étudiants ont entre les mains des polycopies et des manuels universitaires que certains feuillettent fébrilement, alors que d'autres lisent distraitement. Yakoub est l'un de ceux-là. «Je déteste lire. Si je lis ce manuel, c'est parce que j'y suis obligé. Les livres ne nous apprennent rien d'intéressant. C'est une perte de temps», explique-t-il. Et pour ses loisirs ? «Non plus ! Il n'y a rien d'intéressant dans les romans ou les magazines. Je pense qu'il y a mieux : naviguer sur Internet, par exemple», plaide-t-il.
Mais ne dit-on pas que le savoir que l'on ne complète pas chaque jour diminue ? En effet, selon Jules Renard, «chacune de nos lectures laisse une graine qui germe». Amina, la camarade de Yakoub, avance un autre argument : «Franchement, on ne trouve pas le temps pour lire. Je passe toute la journée dans le COUS (bus universitaire, Ndlr) et à l'université. Quand j'ai un moment pour moi, je préfère décompresser en écoutant de la musique, en regardant la télé ou tout simplement en discutant avec les amis.» Arrivée à Tafourah, je prends un autre COUS en partance vers l'ITFC, Ben Aknoun. Je me mets tout au fond pour discuter avec les étudiants.
«Vous savez, on n'a pas cette culture. Lire, ça s'apprend dès le jeune âge. Quand vous évoluez dans un entourage hostile au livre… ! Quand on était petit, c'était tout à fait normal qu'on nous gave de bonbons, de chocolat et autres friandises, mais jamais de livres. Aujourd'hui, j'essaie de m'intéresser à la lecture, mais ce qui est ancré est difficile à surmonter», indique Yacine, étudiant en sciences politiques, qui avoue que depuis quelque temps il s'intéresse à la lecture, mais pour entamer un livre et l'abandonner au bout de deux ou trois pages.
Et à l'université ?
Une fois à la fac, je me suis dirigée directement à la Bibliothèque. Il est presque midi, et elle bourdonne d'une activité digne d'une ruche. Toutes les places sont prises. Des va-et-vient incessants accentuent l'impression d'être réellement dans un lieu du savoir. Hélas, ce n'est qu'une impression. Si certains étudiants sont là pour emprunter des livres, lire et préparer des exposés, d'autres y sont pour d'autres motifs. «J'attends mon copain. On n'a pas où nous mettre pour pouvoir papoter un peu», explique Samia, sans détour. Quelques tables plus loin, quelques étudiants sont assis autour d'une table. Sur cette dernière… des sandwiches et des canettes de soda. Pourquoi vous ne lisez pas ? C'est pourtant une bibliothèque ! En principe, la fonction essentielle d'une bibliothèque est de favoriser la découverte de livres dont le lecteur ne soupçonnait pas l'existence et qui s'avèrent d'une importance capitale pour lui. «On lit assez en classe, ça nous servira à quoi à la fin ? Et puis, ‘‘Li qra qra bekri'' (Celui qui a étudié, c'était avant, Ndlr). Ce ne sont pas les livres ou les journaux qui nous nourriront une fois notre diplôme obtenu», me répondent-ils.
Déçue, un peu triste quand même, je quitte ces futurs cadres d'Etat, me promettant de ne plus mettre les pieds ici. Je me dirige vers la sortie de la fac, la tête pleine d'interrogations. Et, bonheur, un jeune étudiant est assis dans un coin qu'on remarquerait à peine, plongé dans la lecture d'un gros volume. Il s'agit d'un livre sur le Troisième Reich. «Je suis passionné de lecture. Je ne peux pas m'en passer, c'est ma drogue. Et puis, c'est le seul moyen qui me permet de me cultiver, vu le niveau médiocre de l'enseignement qu'on reçoit», explique Farid, c'est son prénom.
Selon lui, il y a beaucoup d'étudiants qui lisent, mais on ne les voit pas. «On n'a pas d'espaces propices à la lecture. Même dans le bus, les gens parlent à très haute voix, vous empêchant de vous concentrer. Les jardins publics sont devenus les repaires de délinquants de tous bords. Quant aux bibliothèques, elles n'ont de bibliothèque que le nom», regrette-t-il. La lecture retrouvera-t-elle un jour ses lettres de noblesse ? Les étudiants, cette locomotive de la société, comprendront-ils enfin que s'instruire et se cultiver vont de pair ?


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